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Insécurité en Haïti : quand les dirigeants sont devenus la risée des gangs armés

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Depuis plus de six ans, la question de l’insécurité est une préoccupation nationale. Tout le monde pense que l’État devrait faire quelque chose. Dans les émissions de libre tribune et un peu partout où les citoyens ont l’habitude de réfléchir sur des sujets d’intérêt public, cette préoccupation est récurrente. La prolifération et la montée en puissance des gangs ont clairement prouvé que l’État est dépassé par la situation. Les gangs font la pluie et le beau temps pendant que les citoyens, eux,  ne savent plus à quel saint se vouer. Où est passé le monopole de la violence légitime que doit exercer l’État ? 

De nos jours, l’insécurité est le sujet n°1 en Haïti. Personne n’est épargné par l’humeur des gangs armés qui sèment la panique comme bon leur semble. En effet, les cas de kidnapping enregistrés sur le territoire national  augmentent de jour en jour. C’est la désolation dans tout le pays. Et les psychologues ont commencé, avec raison, à insister sur de graves problèmes de santé mentale pour la majorité des citoyens haïtiens, surtout pour ceux qui vivent dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. 

Au début de cette montée en puissance des activités criminelles des gangs armés, les citoyens avaient l’habitude de se référer aux institutions étatiques. Parfois, certaines de leurs demandes étaient satisfaites. 

De nos jours, les choses ont changé. Entre les gangs armés et les institutions responsables de la sécurité publique, les rôles semblent inversés. Depuis quelque temps, celles-ci ne font qu’afficher des signes de faiblesse. La date mythique de cette nouvelle configuration de la société haïtienne est le 12 mars dernier où le gang « 5 secondes » du village de Dieu a spectaculairement mis en déroute une opération policière visant à les mettre hors d’état de nuire. Ce cuisant échec a sapé le moral des policiers et a traîné dans la boue l’image réelle aussi bien que la force symbolique de l’institution policière en Haïti.

Et depuis lors, les bandits ne font qu’imposer leurs quatre volontés à la société. Ils défient l’État à chaque occasion. Ils se montrent aussi mieux organisés que ce dernier pour réaliser leurs projets criminels. Les citoyens sont sans défense. Toutes les couches sociales composant la société sont, d’une façon ou d’une autre, touchées par ce climat d’insécurité. 

L’aspect le plus préoccupant et le plus ridicule de la question c’est la disposition de l’État pour négocier avec les bandits. Trois jours après l’installation du nouveau Premier Ministre a.i. à la tête de la Primature, qui venait de promettre le rétablissement de la paix dans le pays, le gang de « Gran Ravin » a  fait échouer une opération policière sans rencontrer  la moindre résistance. Drôle de paradoxe. Et  le gang de la Croix-des-Bouquets mène la danse en négociant ses intérêts sur la vie d’une dizaine de personnes qu’il retient en otage. Sans surprise, l’État laisse faire

Compte tenu de cette situation, il n’est pas illogique de dire que l’État haïtien est sur le point de devenir quelque chose de très spécial. En plus du fait qu’il n’est plus capable de proposer des réponses efficaces aux différents problèmes sociaux qui rongent le pays, il se trouve dans une situation où son autorité s’est effondrée, où ses décisions sont discréditées. Ce sont les chefs de gang qui mènent la danse. 

En somme, l’État haïtien n’a plus le monopole de la violence légitime. La mauvaise gestion du pouvoir politique a participé à la création de l’émiettement de sa force. Son autorité est visiblement contestée par des gangs armés qui  s’attribuent le pouvoir de participer à la régulation de la société. Et dans cette situation, c’est le bien-être de la population qui est sacrifié.

Le Président de la République , le Premier Ministre a.i., le Commandant en chef des forces armées d’Haïti et le Directeur général de la police nationale ne représentent que de simples instruments aux yeux des bandits. Ceux-ci les manipulent et les utilisent au détriment du pays.

Michelin Etienne

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