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La mort tragique du Chef de l’État haïtien, Jovenel Moïse, a provoqué le dysfonctionnement de la présidence. Elle a aussi ouvert la voie à un nouveau départ: celui de faire le bilan de nos activités politiques et de poser de nouveaux jalons. On dirait que nous n’avons a rien appris. Nous répétons les mêmes erreurs. Cap vers l’inconnu.

Une autre chose que le départ de M. Jovenel Moïse a prouvé, c’est le manque de maturité de la classe politique haïtienne, notamment l’opposition, son amateurisme, son avidité, en somme, absence de patriotisme. Elle avait tout promis et elle promet encore comme si elle n’avait pas assez éclaboussé son image. Comme si elle jouissait encore d’un minimum de légitimité populaire. 

Trop hantés par les mesquineries, ces opposants au pouvoir, comme des gamins, ont laissé libre champ à la communauté internationale pour nous imposer sa loi. Du fait que nous ne pouvons pas nous entendre, ni dégager un consensus autour de la conjoncture, ceci étant conjugué à l’absence totale de provision légale, les, dit-on, amis étrangers d’Haïti nous dicte la logique la plus imprévisible. Un exécutif monocéphale sans Président et avec un PM non constitutionnel exposé déjà aux feux des critiques. Ainsi est enterrée la présidence. Une toute première.

Le moins que nous puissions dire, c’est que nous tombons d’emblée dans une sorte d’amalgame. Un gouvernement à l’allure d’un PHTK deuxième version, libre de toute contrainte. Aucune règle de loi pour le cadrer. Aucune institution pour le contrôler. Dans un contexte de si grande confusion, il n’est pas insensé de craindre l’anarchie après avoir vécu l’enfer. Si nos hommes politiques avaient l’habitude de faire des simulacres comme s’ils ne voulaient pas trop s’écarter de la Constitution, cette fois, ils s’en sont très éloignés, voire lui ont tourné le dos pour décider ainsi.

Le feu Président Moïse avait délibérément détruit toutes les institutions régaliennes du pays. Après sa mort, nous prenons la décision de les enterrer. Nous aurions pu en sauver le minimum si nos hommes politiques s’intéressaient vraiment à la patrie. Ce gouvernement est une gifle de plus que reçoit le pays. Cette classe politique est la honte du siècle qui a permis cette imposition en violation flagrante de nos coutumes et de nos lois. On nous embarque dans la réalisation des élections, mais personne ne sait où cette transition, en dehors de tout consensus, nous mènera.

Un retour à l’ordre constitutionnel s’impose. Mais, comment le faire quand les acteurs s’érigent en obstacles et prédateurs d’institutions?  Quand aucun effort n’a été fait pour trouver un consensus autour du problème? Quand nous acceptons le plus facilement du monde cette dictée de mauvais goût du Core group? Le redressement des institutions nécessite la tenue des élections. Mais pour y arriver, il nous faut d’abord un accord politique et une feuille de route bien définie pour tracer notre itinéraire. Haïti est en train de migrer d’un semblant d’État de droit à l’anarchie, d’un semblant d’ordre au désordre.

Dans cette circonstance, est-ce que le Premier Ministre va se doter du pouvoir du Chef de l’État dans l’exercice de ses fonctions? Jouira-t-il de ses prérogatives? Ironique, Jovenel Moïse voulait supprimer ce poste de Premier Ministre dans son projet contesté de nouvelle Constitution et en réalité, c’est le poste de Président qui se trouve éliminé temporairement. 

Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons encore corriger les choses. La tactique du Premier Ministre Henry pose question. Cependant, s’il pense avoir les moyens nécessaires pour rassembler ceux qui ont été mis à la porte, ce serait de bonne guerre. En attendant que le calme revienne, que les institutions soient redressées, que la vie normale reprenne son cours, nous continuerons à croiser les doigts en faisant notre prière pour que notre nouveau dirigeant ne trébuche pas dans cette vallée de ronces qu’il aura à traverser.

Daniel Sévère danielsevere1984@gmail.com

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