Du moi à la poésie, Kevin PIERRE est tout un univers à explorer
4 min readJeune homme à la peau d’ébène, dreadlocks de 1 mètre 70 environ. Aventurier. Toujours à la recherche de l’extase de la vie. Ainé d’une famille de trois enfants, Kevin PIERRE est né un 23 février, à Port-au-Prince. Du moi à la poésie, Kevin PIERRE est tout un univers à explorer.
Kevin Pierre a passé une partie de son enfance au Cap-Haïtien, la ville natale de ses parents. Il a fait ses études classiques à Port-au-Prince et a suivi des formations sur l’art de la dramaturgie. C’est un talentueux qui a plusieurs cordes à son arc : il est journaliste, comédien et percussionniste hors pair. Flanché sur tout ce qui bouge, à son adolescence, en classe humanitaire, il a développé un super amour pour la poésie, en ayant conscience de l’essence de la poésie. Au début, c’était comme un coup de foudre. Après, lui et la poésie sont devenus inséparables. Ainsi, la lecture est devenue une de ses plus grandes passions.
En tant que journaliste de formation, il a eu une carrière de journaliste-rédacteur, mais sa passion pour la poésie grandit de plus en plus. Ce qui lui a poussé à publier son premier recueil de poème intitulé « Mak Pye Solèy » qui a eu un succès fou, suite aux jugements de ses textes journalistiques par son rédacteur en chef qui lui disait que ses textes sont hyper poétiques.
« Mak Pye solèy est ma vie » dit-il. L’auteur se trouve, on dirait, en face de lui-même, en face de son œuvre qui est aussi une partie de lui. Ce livre, dit-il, lui a permis de rencontrer des gens rares. Des gens comme Carl Jean-Baptiste, de REGRETTÉ MEMOIRE à qui il a rendu un formidable hommage dans son recueil. Ce recueil qui est une aventure, son pèlerinage dans le soleil. Et ce n’est pas tout, il est aussi auteur du livre « ESPRITS VAGABONDS » publié en collaboration avec Barbara d’Antuono à l’édition Barbe Paris. « Esprits vagabonds, n’est pas une douce rêverie mais une invitation à percevoir l’infini. ». Il dit se mettre à nu à travers ce livre. « Dans mes écrits, je ne cherche jamais à faire pleurer. J’écris sur des choses qui me touchent depuis longtemps, des thématiques qui me préoccupent : douleurs, la mort, l’avortement… Ces choses sont enfouies et j’essaie de les mettre au jour, mais d’une façon qui ne soit pas seulement personnelle », affirme-t-il.
Avec notre toute petite compréhension du personnage, nous pouvons dire que c’est quelqu’un d’une sensibilité poétique extraordinaire qui s’enfouit un peu de son égo, du soi, de son individualité, pendant qu’il est en quête d’une conscience collectiviste. Loin de ses subjectivités, loin de tout ce qui peut entraver ses jugements, il écrit ce qu’il ressent. Dans ces propos se basant sur une sorte de diagnostic de la société haïtienne, il lance ces conseils : « Par obligation, l’haïtien vit chaque jour comme étant le dernier. Toutes les conditions sont mises en place pour tourner le dos à cet espace qui nous tient tous par la gorge, mais en dépit de tout, on essaie de tirer la corde. On est tous dos au mur, l’issu de secours est sans doute la dernière chose à quoi penser. Quelle serait donc la meilleure décision à prendre face à ce malheur béant ? Il n’est autre que de lutter, résister et dénoncer. Ekri pou nou Lib-Ere ! »
Cet amoureux de la vie et écrivain exceptionnel est intéressé particulièrement aux études sur le genre, à l’histoire de la mort dans le vaudou, la violence, les inégalités sociales et la mort dans sa simplicité complexe.
Si certains font de la poésie leur métier, un moyen de gagner de l’argent, lui, c’est sa thérapie, celle qui l’aide à se libérer des soucis de la vie. C’est aussi un canal à travers lequel il s’exprime, il partage, il dicte sa position. C’est un moyen de transmission et de traduction de tout ce qui se passe au plus profond de lui et de sa perception des choses.
En fin, Kevin est un écrivain qui est en duel avec le moi dans son idéal poétique, qui cherche à sortir de lui-même pour pouvoir comprendre l’autrui. C’est un poète avec une plume émouvante qui marque à sa manière cette époque littéraire.
Ansky Hilaire
anskyhil22@gmail.com