« La décentralisation sous les décombres : une action anthropique de nos dirigeants politiques, au lendemain du séisme du 14 aout 2021 »
3 min readLe 12 janvier 2010, à la suite du passage d’un tremblement de terre meurtrier de 7.3 de magnitude à l’échelle de Richter, l’éloge de la décentralisation a dominé les discours des officiels. Car le cœur du système dans la macrocéphalie urbaine de la République de Port-au-Prince a été attaqué. Des failles de la globalisation libérale ont été mises à nu. La précarité des villes voire des bourgs est inhérente à la promotion du modèle de l’édification de villes côtières, du même coup rentières. Ce, au besoin du mercantilisme puis du capitalisme naissant.
Un seisme de magnitude de 7.2 à l’échelle de Richter vient de frapper la péninsule du sud (Sud, Nippes, Grande Anse avec de dégâts considérables, avec de pertes en vies humaines et beaucoup de communes presque totalement détruites, des cas de disparus, associés aux détresses sociales subséquentes. De l’avis de spécialistes ce tremblement de terre est beaucoup plus macabre et percutant que celui du 12 janvier 2010, dans l’ouest et le sud ’est.
Si le mot de passe de populistes était de privilégier la promotion de la décentralisation au 12 janvier 2010, aucune réplique ne s’est produite après le tremblement de terre du 14 aout 2021 survenu dans la péninsule du sud. A présent se dissipe tout leurre à la reconstruction et à la décentralisation déjà en agonie .Ce, depuis le coup de force aux collectivités locales, prémédité , avec l’amendement de la Constitution de 1987 et le projet du Référendum en cours .En effet, le nouveau premier ministre post 7 juillet 2021 a adopté l’option de la Centralisation , cette fois –ci .Il a décidé ce qui suit : »pour une meilleure coordination de l’aide, nous avons décidé de centraliser tous les dons qui nous son offerts, à la Direction de la Protection Civile »Entretemps, les autorités locales s’en plaignent sans faire prévaloir les prérogatives des collectivités locales, il est vrai que ce sont des agents intérimaires de l’exécutif. Mais le principe demeure. C’est donc le glas qui sonne à la décentralisation.
Des élus locaux se sont montés au créneau pour se plaindre du retard dans la distribution de l’aide d’urgence, cinq jours après, soit le 18 out 2021.Dépassés par les évènements, ils appellent à l’aide, soit à l’intervention de l’Etat, soit aux organisations internationales en sacrifiant sous le choc, non assumé, leur prérogative dans la gestion des affaires propres et l’autonomie dans les prises de décisions concernant leur collectivité. En effet, la décentralisation est reconnue comme le mode d’organisation administrative et politique du pays avec la promulgation de la constitution haïtienne du 29 mars 1987.Dans cette lignée, les collectivités territoriales à travers les autorités locales peuvent s’occuper de la gestion administrative et de la planification du développement de leur territoire en toute autonomie .Déjà feu le professeur Tony CANTAVE EN 1996 revendiquait un Haut-Commissariat aux collectivités territoriales pour la coordination de ces entités (Elie,2011 :110).Il serait mécontent d’assister dans l’action anthropique de nos dirigeants la mise sous des décombres de la décentralisation. Je profite pour saluer la mémoire du Politburo Tony Cantave, » Politiburo », soit une formule familière que nous savons lui associer de son vivant.
Jean Renol Elie, « quel intérêt pour la décentralisation, après le séisme du 12 janvier 2010 ? », in Cahiers du CEPODE, No2, 2e année, Editions du CEPODE, Port-au-Prince, Mai 2011, pp101-136.-Hancy Pierre, « Aide alimentaire, Environnement et Migration en Haïti, après le séisme du 12 janvier », in Cahiers du CEPODE, No2, 2e année, Editions du CEPODE, Port-au-Prince, Mai 2011, pp 19-57.- Louis Justin Voltaire, Audit social de la mairie des Cayes (2003-2004) :une approche de l’Etat unitaire décentralisé en Haïti, Mémoire de licence, Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti, Port-au-Prince, novembre 2005.Non publie.
Hancy PIERRE, citoyen engagé.