À chaque aviateur de la république son « plan de vol »
3 min readHaïti ne possède aucun avion, mais on y rencontre de nombreux aviateurs, des experts de haut vol, des as du vol, vol plané, vol à vue, vol en solo, vol en piqué…
La piste est dégagée, il y a urgence en la demeure. Le chemin est balisé. Le peuple, à genoux, crie au secours. Mais, hélas, 95% des pilotes d’en face ne le voient pas de cet œil. Leur vocation est personnelle. Ils sont là pour pomper la caisse et remplir leurs poches. La transition s’impose dans le décor et offre l’occasion idéale pour faire le plein. Pas de contrôle, pas d’ULCC1, pas d’UCREF2. Tout baigne dans l’huile. Le vol est assuré.
Cette métaphore nous décrit assez bien la situation actuelle d’Haïti. Tous les acteurs piaffent aux alentours de la table, comme après 2004, mais la chamaille hérite d’un royaume. Ariel Henri est hors-jeu. Les « gangs à cravate », comme toujours, n’avaient prévu aucun programme, aucune base sur lesquels s’appuyer pour doter la nation d’un nouveau guide. L’unanimité est impossible à obtenir autour de quelqu’un. Ce n’est pas une question de pays. Loin de là cette option, chaque parti rêve de la place pour lui seul et son clan.
Se disant maîtres chez eux en guise de refrain, faussement interprété, les hypocrites font appel à l’étranger pour les départager. Aujourd’hui c’est à la Jamaïque avec la Caricom et Associés. Rusé avec un trou dans la manche, chacun possède « son blanc » et souhaite que son protecteur soit assez habile pour lui assurer le fauteuil et la cage à dollars. Ils sont, pour la plupart, des agents dormants au service d’un patron à l’international.
Avec ces aviateurs aux mains prestes, experts en vols à la roulotte ou vols à la tire, il y a toujours urgence en la demeure. Citons pour l’édification du lecteur un seul exemple de leurs pressants besoins. Leurs femmes, maîtresses et enfants, résident déjà à l’extérieur. Par conséquent, mettre la patte sur un pouvoir aussi frivole, également volage, en ces temps de crises, s’avère primordial pour un lendemain chantant.
Or, plusieurs de ces suceuses n’entendent point jouer à la pauvre oubliée en terre étrangère. « Il faut saisir la chance qui passe ». Certaines réclament de leur mari des voitures de luxe pour leurs déplacements. Elles en ont marre de balader dans des cabriolets un peu trop populo à leur goût. Si ce n’est pas dans les sportives décapotables, telles les Audi, les BMW ou les Porsche, ne leur parlez pas de transport. C’est loin d’être leur problème!
D’autres exigent des demeures somptueuses dans des quartiers huppés associés au haut standing et à la richesse innommable, que ce soit aux USA, au Canada ou en Dominicanie. La concurrence est vive entre les dulcinées. Prenons à témoin, le château de 4,5 millions de dollars acheté cash, à « Laval-Sur-Le-Lac », un faubourg princier de Laval, au Québec, par un compatriote qui eut à déclarer avec une certaine désinvolture aux étonnés, que : « ce n’est qu’un p’tit k*k* hareng ». Mettez-vous à la place des autres privilégiées. Elles n’entendent point évoluer dans des bicoques moisies en terre étrangère. La concurrence ne fait pas de cadeau et Haïti en paie le prix.
Donc, voici l’un des non-dits de la dissension entre les partis, les politiciens et les clans depuis des lustres. Ils n’arrivent pas à trouver un compromis. Personne ne veut laisser l’espace à d’autres « dwèt long ». Après moi, c’est le déluge.
Ainsi après chaque « sélection » par l’international, les vaincus soulèvent le drapeau rouge et instaurent le « pays lock » pour démonter le gringo chanceux placé sur le fauteuil. La nation pleure et dégénère. Le peuple, face à une misère répugnante et déshumanisante, ne peut compter que sur lui-même. Il faut, par tous les moyens, empêcher ces aviateurs « de voler ». Sinon, les 133 millions offerts par les É.-U. et les 80 du Canada risquent de se volatiliser dans des turbulences sans parvenir jusqu’au nécessiteux.
Max Dorismond
-NOTE-
1 – ULCC : « Unité de Lutte Contre la Corruption ».
2 – UCREF : L’Unité Centrale des Renseignements Financiers