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À la rencontre de Ar Guens Jean Mary, lauréat du Prix International de l’invention poétique et de la traduction en langue (s) créole (s)

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Responsable culturel au Centre Culturel Maurice Cadet, Ar Guens Jean Mary a remporté, il y a de cela quelques jours, le Prix International de l’invention poétique et de la traduction en langue (s) créole (s) en Martinique. Ce prix, il l’a reçu à l’unanimité, après la délibération du jury grâce à son texte « Wòch se premye pwen m voye deja ». Celui qui écrit par curiosité, urgence et choix des mots, revient sur ce prix et ses débuts en littérature lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News.

Né à Port-au-Prince, Ar Guens Jean Mary a fait ses études primaires au Lycée Fritz Pierre Louis et ses études secondaires au Lycée Antenor Firmin. M. Jean Mary est ce poète qui fait bouger la culture haïtienne.Il a fait la fierté d’Haïti surtout après avoir remporté le prestigieux Prix International de l’invention poétique et de la traduction en langue(s) créole (s) pour son poème intitulé «Wòch se premye pwen deja».

Avec Ar Guens Jean Mary, c’est une poésie qui doit faire du bruit.  Et « Wòch se premye pwen m voye deja » illustre bien cette affirmation. « C’est un poème-fleuve de plus de 40 pages qui prend comme ancrage la Caraïbe pour parler d’Haïti, et de tous ces vents sauvages qui nous viennent d’ailleurs. Les vents du néocolonialisme, les vents de l’injustice sociale, les vents du silence… c’est un livre qui invite le peuple haïtien/ caraïbéen à lancer des pierres sur l’immonde », explique M. Jean Mary au Journal tout en soulignant que ce travail qu’il a effectué dans sa langue maternelle, la manière dont il a cousu les voix de ce pays et de la Caraïbe sur des pages ont su parler aux gens en dehors de sa zone habituelle.

Eu égard à la poésie, l’auteur du texte intitulé « À la poésie blessée par balles» a fait savoir qu’elle est la zone de respiration humaine. « Elle est la manière la plus propre de toucher le réel sans salir la vie et la dignité des hommes. […] Si je l’ai choisie, c’est pour garder un certain équilibre, prendre un recul sur l’histoire et proposer ma vision du monde », ajoute celui qui écrit sur presque tout. Car, dit-il, il aime être à l’écoute de tous les bruits du monde au lieu de tendre l’oreille pour écouter un simple silence. Cependant, M. Jean Mary a une façon bien particulière qu’il définit ainsi « être poète ». « […] Je pense c’est quand on ne voit aucune différence entre ce que tu proposes comme esthétique littéraire et ta propre vie quotidienne ».

Enseignant le français, Ar Guens Jean Mary est également l’auteur de plusieurs textes, en particulier « Le Nil noir de la vallée blanche » (À toi Éditions, Port-au-Prince, 2017), « À la poésie blessée par balles » (Éditions du Pont de l’Europe, Paris, 2019).

Par ailleurs,  M. Jean Mary a eu des débuts un peu difficiles enlittérature. « Tout cela a réellement commencé en classe de rhéto […] car le professeur nous apportait des morceaux de poèmes et autres textes sublimes. Il faut aussi savoir que je n’avais pas accès à une bibliothèque étant petit et même durant l’adolescence. Du coup, c’est l’école qui m’a permis de rencontrer le monde des lettres », déclare celui qui a comme écrivain préféré Sony Labou Tansi.

Le pays s’engouffre dans l’incertitude. L’insécurité roule à vive allure. L’atmosphère politique est tendue et cela ne  le laisse pas indifférent. « En Haïti, le chaos est politiquement organisé, dit Ar Guens Jean Mary, le silence est la plante la mieux cultivée ».

Jackson Junior Rinvil

rjacksonjunior@yahoo.fr

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