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À l’ONU, Edgard Leblanc Fils appelle aux réparations et à la restitution de la dette de l’indépendance

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Cette dette [de l’indépendance], dit  le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) Edgard Leblanc Fils, lors de son discours à la 79e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies le 26 septembre 2024, a été une pénalité injuste qui a asphyxié le potentiel économique et social du peuple noir d’Haïti pendant des générations.  Selon M. Leblanc, Haïti ne cherche pas la charité mais la justice, le respect de son droit pour une existence digne et prospère.

Haïti a gagné son indépendance au prix du feu et du sang, reconnaît Edgard Leblanc Fils. La proclamation de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804 aux Gonaïves a été une remise en question de l’ordre politique et économique mondiale du XVIIIe siècle. Cependant, en 1825 sous l’administration de Jean-Pierre Boyer, Haïti a été contrainte de payer une somme faramineuse aux anciens colons en signe de dédommagement. Cette dette qu’on peut également qualifier de rançon coloniale a affecté à tous les niveaux le processus du développement socio-économique d’Haïti. Selon M. Leblanc, la première nation noire indépendante du monde, est aussi la grande victime d’une injustice historique qui a non seulement retardé son développement, a aussi marqué son peuple d’un fardeau dont les répercussions se font encore sentir.

« Cette rançon, imposée sous la menace, a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement dont elle peine toujours à sortir. Cette dette a été une forme de punition pour sa hardiesse à se libérer des chaînes de l’esclavage et hisser l’être haïtien à la dignité de l’Homme », a rappelé l’ancien Sénateur au monde entier en précisant que cette dette « été une pénalité injuste qui a asphyxié le potentiel économique et social du peuple noir d’Haïti pendant des générations ».

D’un autre côté, le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) qui a exigé réparations et restitution de la dette de l’Indépendance à la France a tenu à faire une précision importante. Haïti, dit-il, cette terre qui a offert au monde un symbole de liberté inébranlable et qui a aidé plusieurs nations à se libérer du joug colonial, ne cherche pas la charité, mais la justice, le respect de sa dignité et de son droit à une existence digne et prospère.

Edgard Leblanc Fils défend les migrants haïtiens résidant à Springfield

Lors de son allocution, M. Leblanc a jugé nécessaire de saluer tous les amis d’Haïti qui ont fait preuve de solidarité envers les migrants haïtiens résidant à Springfield, dans l’Ohio, aux États-Unis. « La longue histoire d’amitié et de solidarité réciproque entre nos deux nations, depuis notre participation à la bataille de Savannah en 1779, nous permet de dire avec confiance que le peuple américain rejette toute incitation à la haine contre notre communauté », a martelé l’ancien sénateur sur la tribune des Nations Unies. Selon lui, la participation active des immigrés haïtiens à différents niveaux de la vie des États-Unis est tangible et significative.

Toutefois, le Conseiller-Président estime que « les passions qui émergent naturellement lors d’une campagne électorale ne devraient en aucun cas servir de prétexte à la xénophobie ou au racisme dans un pays tel que les États-Unis, une nation forgée par des immigrants de toutes origines et qui s’est érigée en modèle de démocratie à l’échelle mondiale ».

La crise haïtienne doit être résolue par les haïtiens

À en croire le chef de file de la délégation haïtienne, la résolution des problèmes d’Haïti doit reposer avant tout sur les épaules du peuple haïtien. «  Il est de notre devoir, en tant que nation souveraine, de prendre en main notre destin, de surmonter les divisions et de construire ensemble un avenir de paix et de prospérité», exige-t-il en précisant toutefois que cette responsabilité n’incombe pas seulement aux Haïtiens. « La communauté internationale, les Nations Unies, les puissances étrangères qui ont souvent joué un rôle décisif dans l’histoire d’Haïti ont également une part essentielle dans ce processus de restauration de la paix, de redressement économique, de développement institutionnel et d’établissement d’un Etat de droit », a-t-il ajouté.

Selon Edgard Leblanc Fils, l’échec d’Haïti à se relever n’est pas seulement celui d’une nation. Il traduit, affirme-t-il, un échec collectif, une incapacité mondiale à respecter pleinement les principes de solidarité, de justice et de coopération internationale. « C’est ensemble, avec une responsabilité partagée et un engagement renouvelé, que nous pourrons transformer cette crise en opportunité et tracer une voie durable vers la paix », a fait savoir le Président du CPT.

Crise sécuritaire en Haïti

Si lors de la 47e assemblée de la CARICOM, Edgard Leblanc Fils avait déclaré  qu’il y avait une amélioration en ce qui concerne la situation sécuritaire en Haïti et ce grâce à l’intervention conjointe de la police, de l’armée et des forces kényanes,  lors de son discours à la 79e session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies le 26 septembre 2024, M. Leblanc a laissé entendre le contraire.

« Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise sécuritaire d’une gravité sans précédent. La montée en puissance des gangs armés, la violence généralisée et l’instabilité politique ont plongé la nation dans un état de vulnérabilité extrême. Les citoyens vivent dans la peur, incapables de circuler librement partout sur le territoire national, d’aller travailler ou d’envoyer leurs enfants à l’école, sans risque, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, la capitale. Cette situation affecte tous les aspects de la société haïtienne, fragilise les institutions, paralyse l’économie, mine l’espoir de lendemain meilleur », constate-t-il.

À en  croire M. Leblanc, le rétablissement de la sécurité nationale est une priorité absolue pour les autorités haïtiennes. « Elles sont pleinement engagées à mettre fin à cette spirale de violence et à restaurer l’ordre, afin de garantir à chaque citoyen, à chaque citoyenne le droit fondamental à la sécurité. Elles sont conscientes que la paix et la stabilité sont les fondements indispensables pour permettre à Haïti de se redresser, de rétablir la confiance dans ses institutions et d’assurer le développement socio-économique du peuple», explique-t-il en affirmant que c’est dans cette optique, la décision du Conseil de Sécurité d’autoriser le déploiement de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MSS) à travers la résolution 2699 a été une réponse directe aux appels du peuple haïtien.

Un rappel sur le passage de la MINUSTAH en Haïti

Haïti a accueilli plusieurs missions des Nations Unies au cours des trois dernières décennies, notamment la MINUSTAH. Si certaines de ces missions ont contribué à stabiliser temporairement le pays, elles ont également laissé un héritage lourd de conséquences, explique Edgard Leblanc Fils. Il rappelle que des allégations de violations graves des droits humains, y compris des abus sexuels, ont ébranlé la confiance du peuple haïtien. L’absence de poursuites et de réparations pour les victimes, déclare-t-il, a renforcé un certain sentiment d’impunité, minant ainsi les efforts de reconstruction.

« Il n’est cependant jamais trop tard pour bien agir et pour tirer des leçons du passé. En repensant l’approche, nous avons l’opportunité de redorer le blason des missions internationales en Haïti et de construire un avenir meilleur pour le peuple haïtien. C’est dans cet esprit que nous souhaitons amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission de Soutien à la Sécurité (MSS) en une Mission d’Opération de Maintien de la Paix (OMP) sous mandat de l’Organisation des Nations Unies», a-t-il affirmé.

Si M. Leblanc croit et affirme qu’ «avec le triomphe de la révolution haïtienne de 1804, les droits de l’Homme ont cessé d’être exclusivement ceux de l’Homme blanc, mais sont devenus ceux de tous les Hommes »,  il lui reste à défendre,  les droits de nombreux haïtiens en République Dominicaine qui vivent un calvaire.

Jackson Junior Rinvil

rjacksonjunior@yahoo.fr

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