Alors que l’ONU nomme une nouvelle cheffe en Haïti, la violence des gangs poursuit son rythme
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Le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres, a annoncé dans un communiqué publié le 1er mars 2023, la nomination de María Isabel Salvador au poste de Représentante spéciale pour Haïti et Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti ( BINUH). Les gangs armés, de leur côté, poursuivent leur offensive dans la région métropolitaine de Port-au-Prince où les habitants de Delmas 24, de Solino et d’autres zones avoisinantes fuient leurs maisons.
Mme Salvador de l’Équateur succédera à Helen Meagher La Lime, des États-Unis, à qui le Secrétaire Général est reconnaissant pour son service dévoué et son engagement inébranlable pour le travail des Nations Unies en Haïti, indique le communiqué informant que Mme Salvador apporte à ce poste plus de 25 ans d’expérience en matière de gestion, de conseil, de politique et de diplomatie.
Selon le communiqué, María Isabel Salvador a été la Présidente du Conseil d’administration des Galàpagos (2013-2015), Représentante permanente de l’Équateur auprès de l’Organisation des États américains (2010-2013) […] et Ministre du tourisme (2005-2007) de l’Équateur.
Mme Salvador est détentrice d’une maîtrise en Administration des affaires de l’Universidad Andrés Bello du Chili, et de l’Universidad Europea de Madrid en Espagne, et d’une licence en langue et civilisation française de l’Université de Genève en Suisse, précise le communiqué affirmant que la diplomate, à part sa langue maternelle, à savoir l’espagnol, parle couramment l’anglais et le français.
Nomination de Mme María Isabel Salvador : Dans quel contexte ?
À mesure que les jours se sont écoulés sous le mandat de Mme La Lime, plusieurs évènements tragiques pour certains se sont produits en Haïti. Le système judiciaire haïtien a été mis à genou en dépit des efforts qui se révèlent insuffisants surtout face à la fureur des bandits armés ou sur le dictat de l’Exécutif.
La fin de mandat de Mme La Lime et la nomination de Mme Salvador surviennent dans un contexte où la violence des gangs s’intensifie de jour en jour. Les cas d’enlèvements sont en passe de devenir des faits divers dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. L’impuissance de la Police Nationale d’Haïti (PNH) face aux gangs armés laisse présager peu d’espoir pour rétablir un climat sécuritaire stable. Les bandes criminelles ne cessent d’incendier les commissariats. Le dernier en date est le sous-commissariat de Fort-Jacques. Il a été incendié dans la nuit du 28 février au 1er mars 2023.
Des citoyens de plusieurs quartiers de la région métropolitaine peinent à avoir un domicile fixe. Ils sont constamment en fuite dans leur propre pays pour échapper à la terreur des bandits armés. Nombreuses sont les familles vivant à Solino, Delmas 24 et Nazon qui ont été contraintes d’abandonner leurs maisons pour se réfugier ailleurs.
71 morts tragiques du 1er au 28 février 2023, selon l’ORDEDH
Des morts par balle, on en enregistre presque quotidiennement dans le pays. Dans un communiqué, l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH) a fait savoir que 71 personnes ont été tuées tragiquement dans la période allant du 1er au 28 février 2023. « […] La population reste et demeure la principale victime du phénomène de gangstérisation qui persiste sous diverses formes en Haïti : Restrictions de circulation, vols, viols, meurtres », souligne l’organisme de défense des droits humains précisant que les bandits circulent dans des voitures aux vitres teintées, avec des armes de guerre pour terroriser la population sous le regard des autorités étatiques.
Avec un tel contexte, Mme Salvador, la nouvelle Cheffe du BINUH en Haïti aura du pain sur la planche pour faire atterrir la mission qui consiste, entre autres, à « conseiller le gouvernement d’Haïti pour promouvoir et renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance », « aider le Gouvernement d’Haïti, dans un rôle consultatif, dans ses efforts dans les secteurs suivants : dialogue et réformes, élections, professionnalisation de la police, réduction de la violence communautaire et de la violence des gangs, réforme judiciaire, conditions pénitentiaires et protection des droits humains et impunité.
Jackson Junior RINVIL
