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Anderson Iliodan, un slameur qui transforme la réalité en poésie !

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Entre écrire et partager ses vers, Anderson Iliodan se trouve dans un labyrinthe fait de phrases qui déchirent. Il transforme la réalité en théâtre, en poésie et les transmet avec un zeste d’humour qui adoucit un peu la cruauté des jours. Anderson est un rêveur, il prend toute sa place dans la mémoire des amoureux de la poésie qui se laissent emporter le temps d’un vers.

Anderson est un jeune chrétien qui a débuté très tôt dans le domaine de l’art. Né à Port-au-Prince, un 5 mars 1997, il a fait ses études à l’école Saint-Joseph où il jouait dans des pièces de théâtre pour enfants. Lors des occasions spéciales, il déclamait pour le bonheur de ses auditeurs aussi jeunes et rêveurs que lui. Il écrivait et montait des scènettes pour les concerts. Il a passé son baccalauréat au lycée Jean-Marie Vincent puis intégré l’école professionnelle Sainte-Trinité. Il est alors diplômé en  génie civil. Ce qu’il ajoute à sa carrière de slameur, poète et écrivain.

En 2011, il fait la rencontre du slam à la télé à l’occasion de l’anniversaire d’un proche. Grand Corps Malade tournait en boucle durant la fête et il conservait les paroles dans sa tête afin d’en faire de même. Il décide de consacrer un peu plus à cette nouvelle forme d’art qui lui paraissait intéressante. Il explique : « C’est ainsi qu’avec Cœur-Rimé, nous avons développé un projet de slam dont le titre était « sak pa tiye m double chans mwen » qui a fait son chemin ».

La même année, il produit son premier titre qui le confirme comme slameur dans ce milieu réputé pour les artistes doués d’une faculté de production immédiate. Ainsi, avec sa capacité d’imaginer et de transformer la réalité en mots d’espoir, il se différencie alors des autres avec son sens de l’humour. Son mentor et modèle Olsen Semervil se dévoue corps et âme afin de l’aider à intégrer ce monde qui transmue une réalité en une création qui fait du bien au sens.

« Auparavant, je n’aimais pas entendre ma voix réciter un texte, elle affichait une certaine faiblesse qui me faisait douter de moi. À force de la travailler par rapport aux autres, j’ai fini par l’apprécier et j’ai surmonté cette peur », se réjouit l’artiste.

 Au prix d’efforts payants, Anderson a été le deuxième finaliste dans un concours de poésie ; il a eu droit à un titre sorti dans les studios accompagné de Laloi Théodore. Il a été dans le top 5 des révélations de Slam de l’an dernier, selon SLAP Slam Production. Il avait aussi eu l’occasion de participer dans le show WhatslamShow réalisé par l’un des plus grands producteurs de slameurs en Haïti Davechampion Production. Entouré d’amis qui croient en sa capacité d’innover, Anderson a réussi à dominer la pression artistique en gérant ses compétences. Il essaie d’être le plus disponible possible et pose des actions concrètes capables de refléter une image positive de sa personne.

« J’avais écrit et présenté une pièce sur la santé mentale dans laquelle je jouais le rôle d’un fou. J’ai présenté sa dure réalité quotidienne en insistant sur les détails que la société ignore. Les fidèles de mon église ont été sous le charme de cette présentation et depuis, je ne cesse de créer à partir du réel »,  explique le jeune slameur au journal.

Cependant, durant une période de sa vie, Anderson tombe dans la dépression et le cache à son entourage. Il redoutait leur impuissance face à ce qu’il traversait. Il écrit alors de longues pages de textes dans lesquels il dit vouloir être heureux. Il veut conquérir le bonheur qui semble n’exister que pour une tierce personne.

« Laisse-moi être heureux » est traduit en créole « banm al ere ». C’était au départ un texte dans lequel je me plaignais de mon sort et brusquement, je l’ai transformé en un texte de motivation pour remonter le moral de ceux qui désespèrent depuis toujours », confie-t-il au journal.

L’artiste se dit satisfait de son parcours qui aurait pu le mener plus loin s’il n y avait pas les turbulences politiques paralysant les activités culturelles. Il veut se faire une personnalité distincte à travers ses textes et apprendre à cultiver la patience afin d’aboutir avec ses projets. Il conseille aux jeunes  de s’adonner à l’écriture qui peut être un antidépresseur.

«  L’écriture, souligne-t-il, vous aide à découvrir qui vous êtes, quel est votre but ultime dans la vie, tout en faisant profiter la société. Enrichissez votre connaissance et soyez des modèles pour les autres dans votre façon de vous présenter ».

Geneviève Fleury

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