13 juillet 2025

Le Quotidien News

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Appel à l’unité aux élites pour sauver la nation haïtienne

Tous les indicateurs économiques sont au rouge en Haïti. Fritz Alphonse Jean, coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a ainsi lancé un appel aux élites haïtiennes pour sauver le pays. « Sinon, une autre élite viendra le faire à notre place, c’est la menace qui plane au-dessus de nos têtes aujourd’hui », a-t-il indiqué lors d’une interview accordée à l’émission Le point sur la Radio Télé Métropole le 11 juillet.

L’heure est à l’unité si l’on veut trouver un dénouement à la crise actuelle. C’est pourquoi Fritz Alphonse Jean appelle aux élites économiques, politiques et intellectuelles à faire front commun, à rassembler les forces vives de la nation pour un sauvetage national.

À en croire M. Jean, l’État s’est effondré. Cet effondrement, dit-il, ne date pas d’aujourd’hui. « Il s’agit d’une construction. Nous, les responsables de l’État, notre tâche, c’est de voir comment nous pouvons faire face aux défis de cet effondrement et de voir quelle mesure nous devons prendre pour redresser la situation », a-t-il déclaré en voulant rassurer la population. « Il y a une bataille quotidienne que nous sommes en train de mener contre toutes les personnes qui nous ont mis dans cette situation de chaos dans laquelle on se retrouve aujourd’hui », a fait savoir M. Jean répondant à la question sur les mesures qui doivent être prises pour mettre hors d’état nuire les artisans de la violence en Haïti.

Le cas des policiers kényans

Depuis l’arrivée du premier contingent kenyan de 400 hommes en Haïti, la situation sécuritaire du pays n’a cessé de se détériorer. Alors qu’elle a déjà un an dans le pays, la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) n’a toujours pas atteint sa pleine capacité opérationnelle. Par conséquent, les policiers kényans sont limités dans leur action. Les individus armés continuent d’assiéger des quartiers dans le Plateau Central. À Port-au-Prince, ils s’érigent comme les seuls maîtres à bord.

À cet égard, il y a clairement un déficit de résultats qui se fait sentir sur le terrain. Pour l’économiste Jean, il y a une explication à cela. «  Les Kényans sont au nombre de 1100 à 1200, avec 700 à 800 hommes de troupe. Mais ils font face à des difficultés logistiques. Ils ont du matériel qui n’est pas totalement adapté à la réalité du terrain », explique-t-il tout en admettant qu’il y ait un déficit de résultats sur le terrain.

« Certes, il y a un déficit de résultats. Ce déficit de résultats existe parce qu’il y avait une sous-estimation de la nature de la violence sur le terrain. Mais en termes d’engagement des forces de l’ordre, il faut honorer la bravoure des hommes et des femmes qui luttent depuis un an contre les bandits criminels », a-t-il souligné en affirmant qu’il n’y avait jamais eu un engagement sérieux de l’État pour éradiquer le phénomène de l’insécurité.

À en croire M. Jean, les forces de l’ordre se livrent à un combat sans merci face aux gangs armés depuis un an. Or, selon l’opinion publique, les résultats de ces affrontements tardent encore à venir, car les bandits armés continuent de prendre d’assaut des quartiers. À cela, le coordonnateur a jugé nécessaire d’apporter une clarification. « Non. Les bandes criminelles progressent chaque jour. Elles effectuent des incursions dans certains quartiers avant de se retirer. Ce n’est pas la même chose », a-t-il déclaré, en alléguant par ailleurs qu’il entend les cris de détresse de la population.

Fritz Alphonse Jean a rejeté d’un revers de main le discours faisant croire qu’il ne ressemble plus à la personne qu’il était avant son accession à la magistrature suprême de l’État. « Je suis toujours porteur du même discours, et ce, depuis 2016. Les mesures prises par ma personne vont dans le sens de mes discours sur la réalité du pays depuis plusieurs années », explique-t-il.

S’agissant de la Note officielle envoyée au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé le 9 juillet 2025 pour lui demander des clarifications sur quatre dossiers qui concernent l’intérêt de l’État haïtien, M. Jean s’explique : « Dans la Note, nous avons demandé au Premier ministre de venir nous donner des explications sur ce qui est mentionné, en particulier les dossiers qui ont rapport aux intérêts de l’État ».

Les dollars

Quand il y a des dollars qui arrivent en Haïti, on retrouve ces dollars en République dominicaine et à la Jamaïque dans le cadre du blanchiment d’argent, selon M. Jean. « Nous devons travailler pour assainir le système, c’est-à-dire faire en sorte qu’il y ait de la transparence dans la transaction dans le système », déclare-t-il.

Pour ce qui est du prix du carburant sur le marché local, Fritz Alphonse Jean s’est dit favorable au respect de la fluctuation du marché. Par ailleurs, en ce qui concerne le voyage du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé à Washington le 10 juillet 2025, le coordonnateur du CPT dit s’être informé, mais qu’il ne connaît pas tous les détails : « Le Premier ministre était à mon bureau hier jeudi. Il m’a informé de son voyage, mais n’a pas présenté d’agenda clair sur les différentes rencontres et les sujets de discussion ».

M. Jean s’est exprimé de plus sans aucune réserve sur les difficultés internes au sein de la présidence collégiale instaurée depuis avril 2024. Fritz Jean a avoué que la formule de la présidence à neuf membres « est très difficile ». « Ce sont neuf personnes qui viennent de divers horizons. Neuf personnes qui n’ont pas la même histoire et qui ont des intérêts différents, des objectifs particuliers. Pour arriver jusque-là, cela demande beaucoup d’efforts », a reconnu M. Jean, rappelant que la tâche de coordonner revient à Laurent St Cyr à partir du 7 août prochain.

Héritage

« Nous avons hérité d’un État qui a été pris en otage.  Au cours des 15 et 20 dernières années, l’État a été utilisé pour accorder des privilèges à des particuliers », affirme l’économiste, précisant qu’à partir de ce moment, l’État s’est retrouvé dans l’impossibilité de faire face aux besoins de la population. « C’est de cet héritage qu’on a hérité », a-t-il rappelé.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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