Assassinat de Me Monferrier Dorval :pluie de réactions
4 min readRépendue comme une trainée de poudre, la nouvelle de l’assassinat hier de Me Monferrier Dorval en sa résidence, sise à Pèlerin 5 dans la commune de Pétion-Ville provoque de vives réactions. Que ce soit du côté des autorités, que ce soit du côté des avocats ou des Nations Unies, des personnalités n’ont pas tardé à réagir après ce décès tragique du bâtonnier des avocats de Port-au-Prince.
En effet, le premier Ministre Joseph Jouthe a tout de suite manifesté son indignation après cet assassinat crapuleux. Le locataire de la primature annonce des dispositions en vue de faire la lumière sur cette affaire et punir les auteurs. « Les pouvoirs publics seront mobilisés pour déterminer l’origine et les mobiles de ces actes révoltants, afin de poursuivre et traduire les coupables en justice ainsi que les auteurs intellectuels par devant la justice» ,a indiqué Joseph Jouthe dans un communiqué publié ce samedi 29 août.
« Nous condamnons fermement l’assassinat de Me Dorval, Batonnier de l’Ordre des avocats de PAP» a réagi, de son côté, le Bureau des Nations Unies en Haïti (BINUH) sur son compte twitter. « Nous demandons que justice lui soit rendue », exige le bureau de la représentante du secrétaire général de l’ONU en Haïti.
Pour sa part, la Conférence Internationale des Barreaux (CIB) se dit horrifiée en apprenant cette terrible nouvelle. Profondément révoltée, la CIB exprime sa compassion à la famille du bâtonnier Monferrier Dorval, aux avocats de Port-au-Prince et d’Haïti. « La CIB sera toujours aux côtés de nos confrères Haïtiens dans l’action entreprise pour que soient respectées la justice et la dignité humaine », lit-on dans une note publiée par la conférence ce matin.
Quant au directeur de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), Me Renan Hédouville, il estime que l’assassinat de Me Monferrier Dorval constitue un coup dur pour Haïti. « C’est un coup dur pour le barreau, pour les universités notamment l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) où il travaille à titre de professeur. Il encadrait des jeunes étudiants, c’est un coup dur le monde judiciaire dans son ensemble, un coup dur pour le pays », a déclaré le protecteur du citoyen.
« J’ai perdu mon bâtonnier, j’ai perdu mon collègue à l’université, j’ai perdu un confrère-avocat, j’ai perdu un frère, un ami de combat » se désole Renan Hédouville présentant Me Dorval comme un éminent juriste, un homme de dialogue, un homme de conviction, un homme qui croyait à la vérité scientifique. « C’était un homme qui s’était toujours fait le devoir d’appuyer ses points de vue sur des arguments juridique », a-t-il témoigné.
Le numéro 1 de l’OPC, digère mal, cette disparition. « Comment un assassin, des bandits ont-ils pu mettre fin à la vie d’une très grande personnalité de la trempe de Me Monferrier Dorval ?, s’interroge Me Hédouville qui dit avoir appris la nouvelle aux environ de 11 :30 du soir avec un profond sentiment d’indignation. « Les mots me manquent pour exprimer pour exprimer ma frustration », a-t-il confié.
Me Monferrier Dorval ne sera pas le dernier
À en croire les déclarations de Me Renan Hédouville, se basant sur la situation en matière de insécurité en Haïti, il y aura d’autres victimes à déplorer. En effet, Me Renan Hédouville qui ne veut pourtant pas se transformer en prophète de malheurs a indiqué que « Me Dorval ne sera pas le dernier ». Selon le directeur de l’Office de la Protection Civile, la police est dépassée par le phénomène du banditisme dans le pays. « Nous sommes en présence d’un phénomène de criminalité de différentes dimensions mais qui est un peu dépassé par les autorités policières, n’en déplaise aux autorités », analyse le défenseur des droits humains.
Le directeur de l’OPC regrette que les résultats des efforts déployés par l’institution policière dans le cadre de l’opération baptisée « Terminator » se fassent encore attendre. « En dépit des efforts consentis par les autorités policières, on n’a pas l’impression qu’une réponse valable a été donnée à ce qui est en train de se passer »
« Très souvent, des individus arrêtés, jugés sont sortis de prison suite à une faveur. Il arrive aussi qu’ils soient libérés par un juge, un commissaire, un substitut, à la grande stupéfaction de plus d’un ». « Nous sommes également en présence d’un système judiciaire qui est très faible », a soutenu l’homme de loi.
Le protecteur du Citoyen propose une remise en question du système pénal haïtien en général. « Il faut une meilleure concertation entre tous les acteurs de la chaine pénale, entre toutes les autorités politiques en vue de trouver des solutions efficaces à cette situation » a-t-il recommandé.
Il faut rappeler que Me Monferrier Dorval a été élu Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince le 6 février 2020, en remplacement de Me Stanley Gaston dont le mandat était arrivé à terme. Il enseignait à l’université notamment l’Université d’Etat d’Haïti.
Marc Andris Saint-Louis