Au futur Gouvernement de tout refaire !
3 min readLe Gouvernement et ses alliés traînent ce qui a trait à la totale application de l’Accord du 21 décembre 2022. Mis à part la formation du Haut Conseil de Transition (HCT) suivie de l’investiture de ses membres, aucune avancée concrète n’a été réalisée. À moins d’un an du 7 février 2024, délai envisagé par le pouvoir pour assurer la transition démocratique, tous les signaux montrent un pays en détresse.
En effet, les institutions infirmes qui fonctionnaient encore sont en train de s’effondrer. La Police nationale est un exemple vivant des effets de l’insouciance des dirigeants de l’État. Et, maintenant, une grève des médecins résidents de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) est en passe d’asphyxier ce centre hospitalier de référence du pays, la destination des petites bourses en dépit de son état. Plus de deux mois après l’arrêt de travail observé par les médecins résidents, aucune mesure concrète n’a été adoptée pour permettre aux malades de revoir les soignants à leur chevet.
Comme d’habitude, les autorités sanitaires font la sourde oreille aux revendications plus que justes des grévistes. Pour rappel, ils réclament de meilleures conditions de travail et une amélioration dans la pitance qu’ils reçoivent de façon irrégulière comme frais de fonctionnement. C’est un secret de polichinelle que l’Hôpital Général (couramment ainsi appelé) est dépourvu de tout. Son état d’insalubrité est lamentable. Au-dedans comme au dehors, les détritus et des odeurs nauséabondes sont le lot quotidien des usagers. Ne parlons pas des toilettes en piteux état, de la pénurie systématique d’eau, etc. Même pour des gants secs, la famille du patient doit avoir une prescription.
Cette grève entamée depuis le 22 décembre dernier a de graves répercussions sur le fonctionnement de ce centre hospitalier, les malades et la population globalement. Qui sait si, dans les prochains jours, les autres hôpitaux publics ne vont pas suspendre, eux aussi, leurs activités ? Peut-on prévoir l’effet désastreux que provoquera ce laxisme de l’État si d’autres centres hospitaliers rejoignent ces résidents dans leur mouvement ? On connaît l’histoire de ces grèves à répétition.
Pourquoi cette indifférence de l’État par rapport à la cause sociale? Pense-t-il que la réalisation des élections est l’ultime remède au redressement de toutes les institutions affaiblies ou démantelées? Pourquoi les autorités décident-elles qu’il faut tout enterrer avant de commencer le processus de redressement des institutions ? D’abord, on a eu les institutions de contrôle, ensuite le Parlement, la justice, le système éducatif, la Police, et maintenant, le système de santé. Quel est en fait la priorité de ce Gouvernement illégitime qui a le pouvoir depuis maintenant 19 mois ? La réalisation des élections peut-être ? Mais, pourquoi refuse-t-il de mettre toute l’énergie nécessaire pour aplanir la voie qui mène à ce but ?
De toute évidence, tout est devenu prioritaire dans le pays. L’inflation. Le taux de change qui ne cesse de prendre l’ascenseur. L’insécurité généralisée. L’éducation. La lutte contre la corruption, etc. Bref, le prochain Gouvernement aura des responsabilités colossales. Espérons que le Canada accélère son appui à Haïti. Lui qui fait le ménage au sein des élites nationales et qui intervient timidement dans la dimension sécuritaire du pays.
Daniel SÉVÈRE