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Bel Air : un cimetière habité par des humains

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En l’espace de deux ans, le quartier populeux de Bel Air a été l’objet de trois attaques sanglantes des gangs armés. Depuis le premier avril 2021, la population de cette banlieue voisine du palais national est en train de vivre des journées noires. Les témoignages enregistrés font état de plusieurs morts calcinés et des maisons incendiées.

On dirait que les quartiers populeux de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince sont rayés des priorités de l’exécutif. En effet, selon le réseau national de défense des droits humains (RNDDH), depuis l’année 2017, ces quartiers en question sont victimes de onze (11) massacres d’État, dont trois au Bel Air. Bien que ces attaques aient duré plusieurs jours, la police ne s’est pas rendue sur les lieux au moins pour éviter le pire.

Au dernier trimestre de 2019, le quartier de Bel Air, réputé proche de l’opposition, a vécu sa première invasion par des bandits armés. Des morts, des maisons incendiées, des habitants étaient obligés d’abandonner leurs toits. Aucun avis de recherche, ni des dispositions policières pour éviter que les bandits récidivent. Deux jours après l’assassinat de Me. Monferrier Dorval, le 28 aout 2020, des hommes armés ont, à nouveau, envahi ce quartier en toute quiétude. Si certains habitants ont pu sauver leurs peaux en fuyant la zone, bon nombre d’entre eux y vivent encore dans des conditions difficiles. Le 1er avril 2021, une nouvelle fois, les seigneurs de la mort ont frappé, laissant derrière eux ruines de maisons incendiées et corps calcinés.

Plusieurs jours après ce drame, des tirs nourris sont entendus au niveau de ce quartier. Les rescapés peinent à retracer les faits. Certains d’entre eux ont confié à notre rédaction qu’ils ont vu carboniser sans secours des membres de leur famille. D’autres affirment avoir assisté inoffensifs des voisins gémir sous les feux ardents des criminels en démonstration. Au moins deux personnes en âges avancés n’ont pas survécu à la fureur du feu, nous confie un jeune homme traumatisé. Certaines gens sont battus et ont vu empiler leurs affaires dans lesquels les opérants ont mis le feu.

Devant cette situation, le responsable du RNDDH, Pierre Espérance, n’a pas caché son indignation, mettant au pilori le pouvoir, la police et la justice qui ont laissé impunément opérer les gangs du pouvoir. « Nous vivons dans les quartiers populaires des massacres d’État. Malgré que l’ex policier Jimmy Cherisier avait revendiqué les précédents massacres, aucun mandat n’a été décerné, aucune tentative d’arrestation n’a été faite, encore moins la police n’est jamais venue sur les lieux. Le pouvoir, dommage, banalise la vie des citoyens », critique-t-il s’insurgeant de la dextérité avec laquelle le haut état major de la PNH a décidé de pourchasser les membres du SPNH-17 suite au mouvement du groupe fantom 509 qui a été émaillé de violence.

Le militant des droits de l’homme dénonce plus loin l’attitude insensible de la population qui prend la posture d’observateur. « Nous dénonçons le silence de la population qui ne se soulève pas suffisamment contre cette pratique de violation systématique des droits humains dans le pays. La population ne fait pas assez de solidarité aux victimes », conclut-il.

Rappelons qu’aucune donnée officielle n’est jusqu’ici disponible sur cette dernière attaque au Bel Air. Contrairement aux autres quartiers populeux pris en otage par les civils armés, seul au Bel Air la population civile est constamment pourchassée et tuée.

Olry Dubois

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