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Bonne fête des mères !

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Ce dimanche 29 mai 2022, Haïti va célébrer la traditionnelle fête des mères dans un contexte de grande désolation. La conjoncture malheureusement n’est pas tout à fait propice à rendre hommage à  ces courageuses et vaillantes mamans qui ne ménagent jamais leurs efforts pour rendre heureux leurs enfants.  Cependant, vu la bravoure et les sacrifices de ces héroïnes, il n’y a aucune excuse  pour ne pas  faire l’éloge de ces femmes qui s’illustrent chaque jour malgré les embûches multiformes qui les assaillent.

En Haïti, les tabous, les préjugés et le sexisme des hommes font mères une catégorie sociale extrêmement vulnérable. Elles sont souvent victimes de brutalités et de violences de toutes sortes. Dans beaucoup de cas, elles élèvent seules leurs enfants jouant du coup, les rôles de père et de mère.

Les sacrifices d’une mère pour ses enfants sont incomparables. Elle les supporte nuit et jour. Elle encaisse les mauvais coups, les injures et les humiliations. En Haïti, elles sont majoritaires dans le commerce informel. Leur pourcentage est écrasant sur les marchés publics. Elles sont également celles qui sont régulièrement dans les rues pour vendre toutes sortes de marchandises. Elles contractent des prêts (en créole : ponya) excessivement risqués pour se  monter une petite affaire en vue d’affronter la dureté de la vie. Elles s’adonnent à tout type de commerce en vue de subvenir aux besoins de la famille. Ce sont des acteurs clés dans l’économie nationale.

Pensons aux « Madan Sara » qui voyagent dans des conditions exécrables. Elles s’exposent à la rigueur du soleil comme à la froideur de la pluie. Une visite aux marchés Salomon, Croix-des-Bossales, Cinquième avenue en dit long sur la misère de ces courageuses femmes. Certaines d’entre elles ont marché sur plusieurs dizaines de kilomètres transportant à dos d’âne ou sur leur tête quantité de marchandises. Elles répètent chaque jour cet exercice le cœur joyeux sachant qu’elles se sacrifient pour leur progéniture.

Cette année, c’est un devoir pour nous de penser à ces mamans qui ont bravé la mort à Martissant, à La Saline, à la Plaine du Cul-de-Sac, à la Croix-des-Bouquets, entre autres. Ce 29 mai, c’est l’occasion, malgré les circonstances, de se montrer reconnaissant de leurs inlassables sacrifices qui n’ont pas de prix. C’est un moment de leur témoigner notre gratitude. La fête des mères doit être joyeusement célébrée, même avec des ressources limitées, pour leur exprimer notre reconnaissance.

La fête des mères, c’est la célébration de l’amour. En Haïti, il y a quelques temps, les enfants portaient sur leur poitrine de petits bouquets (Fleurs des mères) en l’occasion. Les orphelins de mères portaient le violet, le blanc ou le noir (signe de deuil). Les autres enfants portaient le rouge ou le rose. Dans les établissements préscolaires, les jardinières préparaient des présents pour les mamans. De nos jours, cette tradition n’existe plus ; pourtant, l es mamans continuent de consentir d’énormes sacrifices.

Dans ce contexte nous avons aussi une pensée spéciale pour toutes celles qui ont été assassinées par les civils armés qui opèrent en toute quiétude dans le pays. Nous pensons également à celles qui sont contraintes d’abandonner leurs activités. À celles qui sont violentées, qui ont été kidnappées ou qui ont eu un enfant ou un proche enlevé et séquestré. Nous nous solidarisons avec les mères qui ont vu leurs enfants assassinés. Et aussi avec celles que les multiples incendies des marchés publics ont décapitalisées. Nos mots de réconfort s’adressent aussi à celles qui ont dû abandonner leur maison et qui dorment en plein air au marché de Fontamara, au Centre sportif de Carrefour, qui sont hébergées par un proche ou qui ont trouvé refuge dans d’autres espaces inappropriés de Port-au-Prince. Ce, dans des conditions inhumaines.

Les femmes haïtiennes sont des êtres d’une résilience remarquable. C’est dommage qu’on leur rende hommage cette année dans des circonstances pareilles. Les femmes ont toujours marqué l’histoire nationale. Elles étaient soigneuses, militaires et épouses lors de la bataille pour l’indépendance. Aujourd’hui encore, elles continuent de lutter pour leur affranchissement et celui de leurs descendants. Malheureusement, elles sont marginalisées et dévalorisées. Le peu qu’on puisse dire, c’est BONNE FÊTE À CHACUNE DES MAMANS HAITIENNES !

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984

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