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Camille Chalmers expose les lourdes conséquences de l’intervention américaine en Haïti

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Dépendance de Port-au-Prince par rapport à Washington, dictat dans la production agricole, migration des travailleurs haïtiens, main basse sur des fonds de l’État, des dizaines de milliers de morts, tels sont les éléments de l’interminable liste des conséquences de l’occupation américaine dressée par  l’économiste Camille Chalmers.

Ce jour qui ramène le 105è anniversaire du premier débarquement des soldats américains sur le territoire national, a été l’occasion pour le directeur exécutif de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) de rouvrir cette page d’histoire qui, selon lui, peut  aider à appréhender notre réalité comme peuple.

L’occupation américaine d’Haïti de 1915 à 1934 a changé la donne  en Haïti. « Elle a détruit des piliers de la société haïtienne et a entrainé une dépendance totale d’Haïti par rapport aux Etats-Unis d’Amérique », a déclaré Camille Chalmers qui estime que ce fut le moment de bifurcation dans la société haïtienne.

En effet, selon le directeur exécutif de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), cette occupation a provoqué la destruction de nombreux espaces de production dans le milieu rural haïtien. « Ils ont détruit les plantations des paysans. Ceux-ci qui s’adonnaient à une agriculture de subsistance avant l’occupation, ont été contraints de produire en fonction des besoins du pays occupant », avancé Camille Chalmers tout en soulignant  qu’Haïti était rapidement devenu un grand producteur de sisal, car les Etats-Unis, à cette époque, recherchaient ses fibres pour fabriquer des cordes pour les marines.

L’occupation a aussi ouvert la voie à une organisation de la migration des travailleurs haïtiens. Le pays sera désormais connu pour son exportation de main-d’œuvre à bon marché travaillant dans des industries capitalistes américaines notamment à Cuba et en République Dominicaine par la suite, a fait savoir l’économiste.

En outre, des pertes en vies humaines ont été enregistrées lors de cette intervention étrangère, selon le porte-parole du parti Rasin Kan Pèp La. Il s’agissait de dizaines de milliers de morts. M. Chalmers a aussi fait d’agressions perpétrées systématiquement à l’époque par les occupants  contre toutes les institutions démocratiques du pays.

 Main basse sur l’argent du pays

Sur le plan financier, le directeur exécutif de la PAPDA a révélé que les américains ont causé énormément de dommages à Haïti en rendant dysfonctionnelle  la Chambre des comptes, durant les années d’occupation. « Prétendant moderniser la comptabilité de la Chambres des Comptes qu’ils ont qualifiée de vétuste, les occupants ont pratiquement éliminé cette institution et se sont emparés des fonds publics. Ils ont exporté  des capitaux, ils ont utilisé l’argent du pays pour financer Wall Street  et bien d’autres choses pendant ces 19 ans d’occupation », a soutenu M, Chalmers.

 L’occupation se poursuit

Si malgré l’absence des militaires américains, Camille Chalmers parle  de « continuité de l’occupation américaine » en Haïti, c’est bien en raison de ses manifestions. « L’occupation se poursuit. Avec ou sans les bottes, elle s’exprime à travers un ensemble de mécanismes installés par les occupants », a-t-il fait remarquer.  Camille Chalmers en veut pour preuve l’implication  des autorités américaines dans le choix de dirigeants haïtiens lors des différentes élections. « Ce n’est pas le peuple haïtien qui choisit  son président, ce sont les américains qui en décident », a avancé l’altermondialiste tout en  soutenant que ces interventions des Etats-Unis visent à placer à la tête d’Haïti, des personnages pouvant garantir leurs intérêts stratégiques, comme c’était le cas pour Jovenel Moïse et Michel Martelly.

M. Chalmers a en profité pour souligner l’importance pour  les haïtiens de bien cerner cette tranche de l’histoire Nationale. On ne peut pas comprendre le 20è siècle haïtien ni le 21 siècle haïtien, sans comprendre ce qui s’est passé en 1915, a affirmé le professeur, faisant ressortir le lien entre l’occupation et les crises qui ont jalonné la vie socio-politique d’Haïti.

Marc Andris Saint-Louis

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