Carnage à Pont-Sondé : Plus de 70 personnes tuées dont des bébés, des enfants et des femmes, selon un bilan provisoire du RNDDH
5 min readPlus de 70 personnes ont été tuées et une dizaine d’autres ont été grièvement blessées à Pont-Sondé, département de l’Artibonite, par des individus armés en provenance de Savien, tous membres de la base gran grif, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2024, a indiqué un bilan provisoire rendu public par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) paru le 4 octobre 2024.
Le bilan des massacres de Pont-Sondé, 5e section communale de Saint-Marc, département de l’Artibonite, est très lourd selon ce qu’a fait savoir le RNDDH soulignant que ce massacre est caractérisé par des assassinats, des blessures par balles, à l’arme blanche ou lors de la fuite des victimes, des incendies de maisons, de véhicules et de guérites et a occasionné le déplacement forcé de la population vivant dans la localité de Pont-Sondé.
Plus de 70 personnes ont été tuées par des civils armés à Pont-Sondé et plusieurs autres sont portées disparues, a révélé l’organisme de Défense des Droits Humains soulignant que ce bilan sera certainement révisé à la hausse parce que des familles entières ont été décimées. « Des personnes qui étaient accompagnées de bébés et d’enfants en bas-âge, ont aussi été tuées. Au moment de la publication de cette Note, les cadavres jonchent le sol, n’ayant pu encore être récupérés par leurs proches. Tel est le cas de Chelot JOSEPH âgé de quarante (40) ans qui vivait à La Poterie. Il a reçu une balle alors qu’il se trouvait chez lui, selon ce qui a été rapporté à son frère Donald JOSEPH. Cependant, non seulement les proches de Chelot JOSEPH ne peuvent retourner à Pont-Sondé en vue de récupérer son cadavre, pire encore, ils ne savent pas ce qu’il est advenu de sa conjointe et de leur enfant», explique le Réseau National de Défense des Droits Humains.
De plus, poursuit ce communiqué du RNDDH, en raison de la configuration de Pont-Sondé et du fait que des tirs sporadiques sont encore entendus dans la localité, la rendant inaccessible, il n’est pas encore possible de présenter un bilan exhaustif de ce massacre.
À en croire le RNDDH, des dizaines de personnes ont été blessées par balles, dont certaines grièvement et de plus de nombreuses autres ont été blessées à l’arme blanche ou encore, pendant leur fuite. Ajouté à cela, « plusieurs maisons, des véhicules ainsi que des guérites ont été incendiés, portant les survivants.es à se réfugier ailleurs ou sur la Place publique Philippe Guerrier à Saint-Marc», affirme le RNDDH précisant par ailleurs que depuis le 3 octobre 2024, des centaines de famille fuyant la fureur des bandits armés de la base gran grif, se sont réfugiées sur la Place publique Philippe Guerrier à Saint-Marc. Pour sauver leur peau, ces victimes ont dû se cacher, marcher pendant plusieurs heures et ont traversé de nombreux cadavres sur leur route.
Que s’est-il passé à Pont-Sondé dans la nuit du 2 au 3 octobre 2024?
Selon les informations recueillies par le RNDDH auprès de sa structure régionale dans le département de l’Artibonite et auprès d’autres membres de la population, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2024, plusieurs individus lourdement armés en provenance de Savien, tous membres de la base gran grif dirigée par Luckson ELAN ont parcouru une première partie du trajet entre Savien et Pont-Sondé en véhicules roulants avant d’emprunter la zone de la Poterie et, à l’aide de canots, ont envahi Pont Sondé. « Cette stratégie leur a permis de prendre par surprise les groupes d’autodéfense dont « La Coalition », portant ces derniers à fuir leur fureur », explique le RNDDH précisant qu’après le massacre, les bandits de la base gran grif sont partis à pied par la Poterie où ils ont aussi tué les personnes rencontrées sur leur chemin.
Toujours selon le RNDDH, citant des membres de la population de l’Artibonite, depuis au moins deux (2) mois, des rumeurs sur la préparation de ce massacre circulaient déjà à Pont-Sondé. « Les bandits armés reprochaient à la population de cette localité de s’être acoquinée avec les membres de « La Coalition » qui tentent de circonscrire les actions délictueuses de la base gran grif et les empêchent de rentabiliser le poste de péage qu’ils avaient récemment installé sur la route nationale», a révélé le RNDDH précisant, en citant ses sources, que ce massacre n’aurait pu être perpétré sans l’aide de Ti Pay, un individu originaire de Pont-Sondé, membre de la base gran grif très connu à Pont-Sondé.
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Dans son communiqué, le RNDDH a attiré l’attention des autorités étatiques, particulièrement de la Primature et du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique sur le fait qu’elles ne peuvent se contenter d’opposer aux massacres et attaques armées perpétrés par les bandits, des notes et des injonctions dérisoires qui n’ont aucun effet et ne peuvent aucunement ramener l’ordre et la sécurité dans le pays. À cet égard, l’organisme de Défense des Droits Humains demande entre autres aux autorités haïtiennes de : « Rechercher activement les bandits armés membres de la base gran grif dirigés par Luckson ELAN, dont Ti Pay ainsi connu, membre influent de ladite base et sans l’aide de qui le massacre de Pont-Sondé n’aurait pu se dérouler comme expliqué ».
Le RNDDH demande aussi de « mettre l’action publique en mouvement à l’encontre de tous ces individus armés pour qu’ils soient jugés et condamnés avec la dernière rigueur ; mettre en place des programmes visant à assister psychologiquement et financièrement toute la population de Pont-Sondé, particulièrement celle qui se retrouve aujourd’hui sur la Place publique Philippe Guerrier, qui est très secouée par l’attaque subie et qui n’avait pu rien emporté en fuyant la fureur de bandits armés de la base gran grif».
Jackson Junior Rinvil
rjacksonjunior@yahoo.fr