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C’était prévisible !

La Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), droit dans ses bottes, fait son petit bonhomme de chemin en Haïti. À l’instar de ce pouvoir intérimaire qui se prolonge sans bilan, la MMAS commence à devenir adulte dans le pays. Elle a un an et elle est déjà oubliée dans l’opinion publique.

Cette mission  controversée et décriée a spectaculairement disparu des radars. On en parle presque plus. Ces militaires arrivés pour renforcer la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la lutte contre le grand banditisme peinent à être efficaces.

Parlant d’efficacité, la mission n’a même pas atteint sa pleine capacité opérationnelle. Les contingents arrivent au compte-goutte. On dirait des jeunes écoliers venus en vacances. Ils s’exhibent comme des adolescents en liesse. En termes de traitement, ils ont tout un monde de différence avec les policiers haïtiens qui croupissent dans la crasse.

Depuis l’arrivée du premier contingent kenyan de 400 hommes, le 25 juin 2024, la situation sécuritaire d’Haïti n’a cessé de se dégrader. Les chefs de gang, au premier regard, sont devenus plus à l’aise. Plus puissants. Ils vont de ville en ville. Ils annoncent sur les réseaux sociaux tous leurs plans. Ils indiquent leurs itinéraires. Ils informent leurs attaques. Ils déplacent leurs engins destructeurs d’une ville à l’autre sur plus d’une quarantaine de kilomètres pour combattre et pourchasser la population civile. Tout ceci, à la barbe de la force légale qui fait profil bas.

De plus en plus de quartiers du centre-ville sont devenus de nouveaux territoires perdus, sans compter certaines autres communes (Kenscoff, Mirebalais, La chapelle, etc.) tombées sous le contrôle des hommes armés. Cette situation paralyse tout. Même le système sanitaire n’est pas épargné. 

La mission n’a pas fait mieux que ce qu’on espérait. C’était prévisible, car ça n’a jamais été autrement ailleurs. Les expériences haïtiennes avec les forces étrangères ces quatre dernières décennies sont toutes pareilles. À aucun moment, ils n’ont pu nous aider à sortir la tête de l’eau.  Nous ne faisons que stagner ou, pire, régresser d’années en années, laissant la porte toujours ouverte à ces missions folkloriques.

Un an après, le nombre des déplacés internes a explosé. Les deux ailes de la crise (insécurité et crise alimentaire) sont renforcées. Les grands axes demeurent inaccessibles, les bâtiments publics sont abandonnés au centre-ville, les ports et l’aéroport sont toujours livrés à eux-mêmes. On ne sent même pas un minimum d’apaisement. La présence de cette force ne fait pas peur. Les gangs ne montrent aucune crainte face à cette mission venue, soi-disant, les combattre.

Toutes ces évidences n’amènent qu’à une chose, peut-être : la solution à la crise est haïtienne. Que seule une prise de conscience et un réveil national peuvent sonner la révolte. On nous a assez bernés. Nous avons propulsé trop de traîtres, d’apatrides, de vendus et d’incompétents à la tête du pays. Un an déjà sans résultat probant, est-ce que nous allons continuer à espérer que la force va, au moins, dissuader les gangs ? Créerons-nous d’autres occasions à l’avenir pour la venue de nouveaux touristes armés ? Nous ne pouvons pas refaire la classe mille fois. Il faut comprendre. Il faut agir.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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