Chelson Ermoza ne vit que de l’art
3 min readChelson Ermoza est un comédien haïtien qui ne vit que de l’art de la scène. Comme acteur ou conteur, il se plaît à s’oublier devant la foule des spectateurs qui le couvrent d’applaudissements.
Le 2 novembre 1982, Chelson est né à Port-au-Prince, dans la 4ème avenue Bolosse sous l’ère duvaliérienne. Quelques années après sa naissance, ses parents se séparèrent et Chelson dut partir à Cité Soleil où il vécut une bonne partie de son enfance sous la garde d’une tante. En 1999, il revint sous le toit de sa mère à la 4ème avenue pour y passer un an, avant de déménager à Carrefour-feuille où il vit jusqu’à présent.
Après ses études classiques au Collège Mixte Saint Germain, Chelson intégra le Petit Conservatoire de Daniel Marcelin pour découvrir l’art de la scène. Fasciné par cette expérience théâtrale, il boucle actuellement un cursus en histoire de l’art à l’Université d’État d’Haïti.
Le théâtre, un mode de vie pour Chelson Ermoza
Du haut de ses dix-neuf ans de carrière, Chelson Ermoza fait du théâtre un mode de vie. D’ailleurs, il ne vit que de la scène, si l’on en croit ses propos. Chelson, comme metteur en scène a donné vie à plusieurs pièces concoctées par de célèbres dramaturges, dont « Le flambeau » de Faubert Bolivar ou « Face à la mère » de Jean René Lemoine, entre autres.
Chelson est également conteur. Un conteur qui bénéficie d’une grande aura bien sûr ! Il est le coordonnateur du plus grand festival de contes en Haïti, « Kont Anba tonèl » entrepris par la structure artistique « FouDizè théâtre », qui accueille des conteurs venant de partout. Il est membre fondateur de Bip Haïti qui organise tous les ans le festival « En lisant », et également membre de « Théâtre Toupatou » qui organise chaque année le festival « Handicap et culture ».
« Le théâtre est comme un miroir pour la société. Il offre la possibilité aux spectateurs de se découvrir », informe le metteur en scène, Chelson Ermoza qui croit que cet art a son importance dans toute société. Il soutient à cet effet qu’une société qui fait peu de cas du théâtre, est une société qui est vouée à la déchéance. Car, le théâtre permet à la celle-ci de mieux comprendre sa réalité.
Partisan d’une nouvelle politique culturelle
« Nous n’avons pas de politique culturelle en Haïti. Le ministère de la culture n’existe pas », constate avec regret l’étudiant finissant en histoire de l’art. Comme artiste, il déplore le fait que la politique culturelle ne s’articule qu’autour des festivités carnavalesques et des fêtes champêtres. « Nous n’avons même pas une vraie salle de théâtre, une vraie salle de spectacle en Haïti », se plaint-il. Ce qui montre clairement une volonté de détruire ce qui reste du théâtre en Haïti. A défaut de ces infrastructures, selon l’homme de la scène, les comédiens sont contraints d’investir les rues pour accoucher de tout ce qu’ils ont de plus époustouflant.
Qui plus est, le théâtre n’est pas perçu comme une profession dans le pays. Il est vu comme une sorte de divertissement qui se joue pour le plaisir des yeux sans pouvoir générer un quelconque revenu. « Au contraire, le comédien devrait pouvoir vivre de son talent, de sa profession. Pour ce faire, il lui faut des infrastructures comme des salles de théâtre capables de recevoir de grands spectacles. Par conséquent, il faut favoriser l’investissement dans le secteur », réclame le professionnel de l’art.
Chelson Ermoza se dit fier de sa carrière dans le domaine des arts de la scène malgré les déboires rencontrés après plus de dix-neuf ans de carrière. Poète, comédien, conteur, metteur en scène, et bientôt écrivain, Chelson se bat pour que le théâtre joue à nouveau sa participation dans la culture haïtienne, en bonne et due forme.
Statler LUCZAMA