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Climat : Haïti et les autres petits États insulaire risquent  « un futur catastrophique sans une reponse mondiale », selon le Dr Kénel DeLUSCA

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Les petits États insulaires et côtiers en développement sont les plus exposés face aux conséquences du changement climatique. Entre la montée des eaux de la mer, les faibles capacités de résilience et « l’abdication criminelle des dirigeants mondiaux », des dizaines de pays insulaires risquent de disparaître sous la mer d’ici 2050.  Le Dr Kenel DELUSCA, expert haïtien dans le domaine climatique tire la sonnette d’alarme dans une interview accordée au journal Le Quotidien News.

Ce deuxième volet du rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 28 février dernier, a choqué plus d’un en dévoilant les conséquences presqu’apocalyptiques du changement climatique qui frappent la planète beaucoup plus rapidement que prévu. Entre les constats et les prévisions du GIEC, les Caraïbes ainsi que les autres petits États insulaires se voient menacés jusqu’à leur anéantissement.

« J’ai vu beaucoup de rapports scientifiques durant ma vie, mais rien de comparable à ça. Aujourd’hui, le dernier rapport du GIEC est un recueil de la souffrance humaine et la preuve de l’abdication criminelle des dirigeants mondiaux », s’est indigné le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres. Le rapport du GIEC est poignant, le dérèglement climatique a commencé, et les grands pays industrialisés ainsi que les grandes multinationales font peu d’efforts afin de contrecarrer cette menace dont ils sont les principaux responsables.

Les discours de certains dirigeants mondiaux regorgent d’espoirs lors des grands sommets sur le climat. Cependant, plus les années passent, plus les grands pollueurs continuent à polluer, et plus la planète continue à se réchauffer. Même pour John Kerry, envoyé spécial des États-Unis pour le climat, « Le déni et l’attente ne constituent pas des stratégies, mais une recette pour le désastre ».

Les conséquences du changement climatique ont des impacts sur presque tout ce qui a trait à la vie sur terre. Contacté par la rédaction du journal Le Quotidien News, le Dr Kénel DELUSCA, expert haïtien au GIEC, déclare que « le réchauffement climatique crée des impacts négatifs non seulement sur les différents écosystèmes, mais aussi sur le bien-être même des populations humaines et animales ».

Des victimes innocentes

Avec une population côtière de plus de 28 millions sur environ 40 millions d’habitants au total, les Caraïbes sont l’une des régions les plus menacées par le réchauffement climatique. C’est aussi la région du monde qui émet le moins de gaz à effet de serre, avec moins de 1%. Le phénomène du dérèglement climatique tend de plus en plus à bouleverser tout le mode de vie socio-économique des États de la région caribéenne, selon le Dr DELUSCA.

« L’un des premiers impacts sur les petits États insulaires reste l’élévation du niveau de la mer qui détruit non seulement les infrastructures côtières, mais aussi occasionne d’importants bouleversements au niveau des écosystèmes de la région et de ses biodiversités », confie l’expert au journal Le Quotidien News. L’élévation du niveau de la mer a un très grand impact sur le secteur de la pêche dans les Caraïbes, dit-il. À cause de la température des océans qui augmente, certaines espèces de la faune maritime migrent vers d’autres régions, ce qui a pour conséquences, toujours selon le Dr DELUSCA, de diminuer les ratios des petits pécheurs, ou de les contraindre à aller plus loin, en haute mer. 

Le secteur touristique n’est pas non plus épargné. L’augmentation de la température dans la région, à certaines périodes de l’année, est telle que les touristes n’y viennent plus. En plus, les évènements météorologiques extrêmes, à savoir les tempêtes et ouragans entre autres, deviendront de plus en plus fréquents dans les régions caribéenne et pacifique, à moins d’un changement radical dans l’émission des gaz à effet de serre, estime le Dr DELUSCA. 

Par ailleurs, pour l’activiste environnemental Nel-Ange SAINT CYR, les conséquences sont énormes et déclenchent un effet papillon. Selon elle, le changement climatique et ses conséquences aujourd’hui représentent les résultats de plusieurs décennies de production à outrance, ainsi que de mauvaises pratiques socio-économiques. Les Caraïbes, bien qu’elles ne soient que très peu responsables des dérèglements climatiques, se retrouvent confrontées au phénomène et devront y faire face.

« Si l’on regarde toutes ces conséquences auxquelles nous serons confrontés : inondations, sécheresse, élévation du niveau de la mer, insécurité alimentaire et nutritionnelle, la société haïtienne en particulier devrait être en plein débat sur la question du réchauffement climatique. Nous ne sommes peut-être pas responsables du phénomène, mais le manque d’intérêt que nous portons à la menace nous enlève notre innocence. Nous sommes des victimes de bonne foi », s’indigne l’étudiante activiste. 

Adaptation et résilience

Face au réchauffement climatique, les petits États insulaires en développement tels qu’Haïti, manquent cruellement de moyens qui leur permettraient d’améliorer leur capacité de résilience et d’adaptation, estime l’expert du GIEC. « Un pays comme Haïti se retrouve en mauvaise posture à cause du manque de moyens technique et financiers, mais aussi humains », souligne le Dr DELUSCA. De grands efforts, dit-il, doivent être réalisés par Haïti afin que  sa participation puisse être effective dans l’élaboration des politiques mondiales et régionales sur le changement climatique.

« Si les pays industrialisés ne réduisent pas leurs émissions de gaz à effet de serre afin de maintenir l’augmentation de la température planétaire en dessous de 1,5º, et n’aident pas les petits États insulaires en développement dans leurs besoins d’adaptation, les conséquences seront bien plus catastrophiques que tout ce qu’on a déjà expérimenté », alerte le scientifique Kénel DELUSCA.

Les États insulaires sur pied de guerre

Des centaines de petits États insulaires livrent depuis plusieurs années une bataille diplomatique afin de défendre par devant les Nations Unies leur droit à continuer d’exister. Lors de l’Accord de Paris de 2015, ils ont beaucoup milité afin d’y faire inscrire la limitation de l’augmentation de température à 1,5º qui représente non pas une option, mais une question de survie. 

Lors de la 33 réunion intersessionnelle de la CARICOM les 1er et 2 mars derniers, les chefs de Gouvernement de l’Organisation ont convenu non seulement de rester pleinement engagés dans le programme mondial sur le changement climatique mais aussi de soutenir Antigua-et-Barbuda, État qui préside  l’alliance des petits États insulaires, pour la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur « les conclusions désastreuses » du dernier rapport du GIEC. De même, ils sont convenus de soutenir la proposition du Vanuatu d’obtenir un avis consultatif de la Cour Internationale de Justice sur « les droits des générations futures à être protégées contre le changement climatique ».

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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