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 Conflit militaire en Europe de l’Est : le risque de guerre mondiale existe, selon le Professeur Boyard

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Le 24 février 2022, la Fédération de Russie a officiellement lancé une opération militaire contre l’État ukrainien. Cet évènement vient mettre, une fois de trop, le continent européen dans une conjoncture de guerre, avec de sérieux « risques » d’une nouvelle guerre mondiale. Entre le Droit International et les enjeux géopolitiques, le Professeur James Boyard, enseignant-chercheur à l’Université d’Etat d’Haïti, livre au Journal Le Quotidien News son analyse sur cette situation de conflit à l’Est de l’Europe.

Plus d’une semaine après le début des affrontements armés entre soldats russes et ukrainiens, les hostilités se poursuivent, la perspective d’un cessez-le-feu semble lointaine, tandis que le bilan des destructions et des pertes en vies humaines s’alourdit. Entretemps, les différents acteurs de la société internationale se mobilisent, soit pour soutenir, déplorer, ou condamner les offensives russes. 

De même que les positions divergent dans la communauté internationale, dans le monde académique. Que les chercheurs analysent la situation sous l’angle du droit international ou sous l’angle de la géopolitique, les conclusions diffèrent. Dans une interview accordée à la rédaction du journal Le Quotidien News, le Professeur James Boyard analyse ce conflit européen, et constate qu’à moins d’une résolution pacifique, tout le monde en sortira perdant.

Selon le Professeur Boyard, il existe un très grand risque pour que ce conflit débouche sur une guerre mondiale. « Le risque existe. Si les acteurs, les protagonistes n’agissent pas de manière à avoir une retenue stratégique dans leurs interventions, et je parle de la Russie et des États-Unis et éventuellement des États membres de l’OTAN, ce risque existe », affirme-t-il. Poursuivant, le Professeur explique : « Il suffit qu’un État limitrophe à l’Ukraine, membre de l’OTAN, participe directement dans cette guerre pour entraîner tout l’OTAN derrière lui, y compris les États-Unis ».

Les offensives russes, une violation du Droit International

Maintenir la paix et la sécurité internationale. Tel est le premier but des Nations Unies dont la Fédération de Russie et l’Ukraine sont membres. En tant que membre permanent au Conseil de Sécurité, la Russie est l’un des principaux garants de la paix dans le monde. Dans une analyse purement juridique, le professeur soutient que la Russie est coupable d’avoir porté atteinte à plusieurs principes fondamentaux du Droit International tels que le respect de l’intégrité territoriale d’un État, le respect de la souveraineté d’un État, la non-ingérence dans les affaires internes d’un autre État, et la violation du principe de l’égalité souveraine des États.

L’impasse onusienne     

L’ONU n’arrive pas à assumer son rôle dans la société internationale et elle n’a jamais pu résoudre de manière pacifique et définitive un conflit majeur, rappelle le professeur. Et aujourd’hui, de plus en plus d’États plaident en faveur du renforcement des capacités de l’Organisation afin qu’elle puisse agir lors des conflits de grande envergure.

En effet, ce conflit militaire entre la Fédération de Russie et l’Ukraine vient encore exposer au grand jour les faiblesses du système des Nations Unies. Il n’a suffi que du vote de la Fédération de Russie pour annuler une résolution déplorant ses attaques contre l’Ukraine. Le droit de veto au sein du Conseil de Sécurité constitue donc non seulement un obstacle dans la poursuite des buts de l’Organisation quand un membre permanent est concerné, mais aussi un élément antidémocratique dans une institution qui se veut disposer du principe d’égalité souveraine des États. « La démocratie n’a jamais existé dans le système de prise de décision au sein du Conseil de Sécurité », souligne le professeur.

Le 30 novembre 1950, à l’initiative du Secrétaire d’État étasunien Dean Acheson, l’Assemblée Générale des Nations Unies a vu ses compétences s’élargir en matière de maintien de la paix avec l’adoption de la résolution « Union pour le maintien de la paix ». Cette résolution permet à l’Assemblée Générale de prendre des mesures si le Conseil de Sécurité n’arrive pas à prendre une décision à cause du veto d’un membre permanent alors qu’il parait exister une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte d’agression. 

Cette résolution a été mise en œuvre ce mercredi 2 mars par l’Assemblée Générale, afin de réclamer le retrait des troupes russes d’Ukraine. Adoptée par 141 voix pour, dont Haïti, 5 contre et 35 abstentions, elle n’a cependant eu qu’un effet symbolique par le fait que les compétences de l’Assemblée Générale ne se limitent qu’à une évaluation. 

Offensives russes, défense de la patrie

Si sous l’angle juridique le professeur Boyard y voit la culpabilité de la Russie qui a commis selon lui un acte d’agression, sous l’angle géopolitique, il voit en cet acte russe une protection de son « espace vital ». Selon M. Boyard, le rapprochement de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie constitue pour ces derniers un « dilemme de sécurité ». La Russie a besoin de la garantie que l’Ukraine ne deviendra pas un membre de l’OTAN, rappelle le professeur, et l’Organisation ne peut pas donner cette garantie car l’Ukraine, comme tout État, a le droit de solliciter son adhésion à une organisation internationale. 

L’élargissement des frontières de l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie constitue donc un affront pour cette dernière qui, elle, se retrouve obligée de se défendre. Ainsi, selon le Professeur BOYARD, d’un point de vue géopolitique, la responsabilité de cette montée des tensions reviendrait à l’OTAN. 

La diplomatie ou la guerre

Le professeur James Boyard voit aussi une menace nucléaire. « On ne peut pas parler de troisième guerre mondiale sans parler de guerre nucléaire. Et si on parle de guerre nucléaire, il n’y aura pas d’État victorieux », affirme-t-il. La seule alternative à la guerre, selon lui, reste la voie diplomatique.

Le recours aux voies diplomatiques comme solution à ce conflit requiert d’abord un cessez-le-feu, ce qui ne semble pas être évident. Récemment, le jeudi 3 mars, des délégations russe et ukrainienne ont entrepris de nouveaux pourparlers. Les conditions exigées par les deux parties pour un cessez-le-feu étaient inacceptables aux yeux de chacune d’elles.

Toutefois, elles se sont finalement entendues sur la mise en place d’un couloir d’évacuation des civils des zones de conflits, situation qui au moins, limite les risques de crimes de guerre. 

Les pourparlers n’aboutiront pas à une vraie solution sans une trêve, rappelle le Professeur Boyard. « On ne peut pas dialoguer avec les armes à la main », ajoute-t-il.

Clovesky André-Gerald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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