Conseil Présidentiel de Transition : Un pas important est franchi, un Président et un Premier Ministre nommés
3 min readLes sept membres ayant le droit de vote au niveau du Conseil présidentiel ont pu, ce mardi 30 avril, choisir un président pour mener la transition, et se sont entendus sur le choix d’un Premier Ministre. Ce cap franchi, le Conseil a désormais pour objectif la création d’un nouveau cabinet ministériel, avant de s’occuper des problèmes auxquels fait face le pays.
C’est finalement arrivé ! Après plus de deux ans et neuf mois de vacance présidentielle, le pays a de nouveau un chef d’État, Edgard Leblanc Fils, choisi pour être à la tête du Conseil Présidentiel de Transition. Alors qu’un vote était prévu pour l’occasion, c’est finalement un bloc majoritaire de 4 membres sur 7 qui s’est dégagé au sein du Conseil et qui aurait choisi un coordonnateur, puis vraisemblablement désigné un nouveau Premier Ministre, Fritz Belizaire.
Des rumeurs circulent déjà autour de profondes divisions au sein du Conseil Présidentiel de Transition, censé fédérer les forces vives du pays afin de trouver des solutions à la crise. Frinel Joseph, l’un des membres de l’institution n’ayant pas le droit de vote, semble perdu face à ces démarches. « Ce matin on a placé les urnes, l’isoloir pour rien », a-t-il déclaré en marge de la cérémonie. Cependant, pour celui qui joue un rôle d’observateur au Conseil, tout chemin mène à Rome. « Mais surtout ce qui est important, c’est que la majorité a été bien dégagée », a-t-il ajouté avant de reconnaître qu’au moins, un coordonnateur a été désigné.
Cette fin est loin de satisfaire les parties prenantes de l’accord du 3 avril. Déjà, l’Accord de Montana dénonce ce processus qu’il qualifie de « coup bas » d’une coalition construite autour de 4 secteurs au sein du conseil. « Ces 4 secteurs se sont inscrits dans une démarche de violation de l’accord et continuent de pratiquer une politique sans éthique », peut-on lire dans une Note du Bureau de suivi de l’Accord de Montana.
« Les forces mafieuses des secteurs politique et économique ont décidé de prendre le contrôle du Conseil présidentiel et du gouvernement pour qu’ils puissent continuer à contrôler l’État, tout cela dans le but de corrompre la transition et de partager le gâteau et les privilèges au profit des clans politiques et économiques traditionnels qui ont entraîné le pays dans le chaos actuel », a poursuivi le BSA dans sa Note.
De son côté, le parti Fanmi Lavalas de l’ex-Président Jean Bertrand Aristide, en dehors du groupe des 4, se démarque lui aussi de cette démarche, et appelle au retrait de cette initiative. Déjà, le parti menacerait de quitter la table du Conseil si les autres secteurs ne prennent pas en compte sa demande, rappelant que, pour la nomination d’un Premier Ministre, ce sont tous les secteurs qui auraient dû soumettre leurs propositions avant d’engager les discussions autour d’un choix.
Cependant, comme attendu, les premières réactions sont moins suspicieuses du côté de la communauté internationale. Sur son compte X, le Secrétaire général de l’OEA s’est exprimé en félicitant ce qu’il considère comme une « étape cruciale dans la mise en œuvre de l’accord politique national en Haïti ». « La désignation dans la transparence et le respect des règles d’un Premier Ministre ainsi que la formation rapide d’un nouveau gouvernement sont vitales pour la stabilité du pays », a-t-il ajouté.
Clovesky A.G. PIERRE