De la nécessité d’un leadership éclairé!
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La population était dans les rues cette semaine. Elle protestait contre la cherté de la vie, l’insécurité et la rareté du carburant. À Port-au-Prince et dans de nombreuses villes de province, les manifestants ont paralysé presque toutes les activités. Au moins quatre personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées. Les protestataires se sont donné rendez-vous à nouveau pour le 7 septembre 2022.
Tout cela arrive treize(13) mois après que des pourparlers ont été engagés entre le Gouvernement et les autres protagonistes de la classe politique. Depuis qu’ils ne parlent que de dialogue. Depuis qu’ils s’estiment en droit de négocier la gouvernance de ce pays. Depuis qu’ils se croient les seuls à être investis de qualités pour discuter de l’avenir de la nation. De ce que veut le peuple. De ce qui est bon pour lui. Pour les politiciens,le seul enjeu qui les intéresse,c’est le pouvoir ou rien du tout.
Le pays s’enfonce dans un bourbier. Un autre discours s’impose. Celui du progrès et de l’innovation. C’est autour de ce dialogue que nous devons aller. Nous avons besoin de leaders capables de proposer des plans clairs de développement. Des leaders porteurs de discours qui rassemblent. Des gens qui réfléchissent sur comment refaire le système éducatif. Comment moderniser l’État. Comment apporter de l’énergie et la technologie dans chaque ménage. Comment reconstituer le système sanitaire du pays. Des leaders qui présentent un plan de redressement du système écologique du territoire. Qui proposent un projet de restructuration de l’économie nationale, etc. On en a marre de ces discours fondés sur la haine. Du « rache manyòk », du « Fòl ale », du « Sak rivel nou pa responsab », du « nap boule, nap kraze »…
Le leadership dont a besoin le pays doit être porteur d’une vision. Un leader se doit d’être responsable. Il faut qu’il nous épargne les discours manipulateurs. Les appels à la violence. La popularité d’un leader ne se mesure pas à sa capacité à pousser des gens à couper les routes ou à crier « ABA ». Elle doit se fonder sur sa capacité à innover.
Deux cent dix-huit ans après l’indépendance nationale, il faut apprendre à bien séparer la politique de l’éducation. La nouvelle classe politique souhaitée doit comprendre qu’elle ne doit pas hypothéquer les jours de classe des élèves pour faire de la politique. Qu’il ne faut non plus encourager la pénurie des produits nécessaires à la survie de la population pour alimenter la haine et le soulèvement.
On a assez expérimenté ces tactiques dépassées. Ce sont des coups bas. Des discours antagoniques. Sortez des salles luxueuses des hôtels, venez dialoguer dans les sections communales avec la population. Offrez-lui des discours constructifs. Des projets viables. Le pays est au fond de l’abîme. C’est la preuve la plus tangible que les messages fondés sur la violence n’ont pas produit d’effet positif. Ces discours haineux n’ont pas aidé. À quoi servent les discours incendiaires alors que nous vivons au bord de la famine ? Comment prétendre tout chambouler pendant qu’on a passé plus de deux cents ans sans rien construire réellement ? Quand allons-nous nous attaquer aux problèmes réels?
Ce n’est pas en érigeant des barricades enflammées sur des tronçons de route qu’on s’occupera sérieusement de la dégradation de l’environnement.La misère et la faim ne vont pas finir par cesser un jour si nous empêchons nos enfants d’aller à l’école ou des jeunes d’investir dans le pays. Si nous obstruons systématiquement la voie publique, empêchant la communication entre les différentes régions. Si nous continuons de supporter le gangstérisme. Notre situation ne va pas s’améliorer si nous tombons dans le fanatisme. Si nous remplaçons le mauvais par le pire.
Proposez-nous des plans. Faites la promotion de votre vision mais épargnez-nous vos discours violents, hideux, antagoniques qui ne font que nous enfoncer dans l’abîme.
Daniel SÉVÈRE
