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Cherté de la vie, crise de carburant, insécurité : la population haïtienne en a marre

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Ayant fortement reflué depuis la mort il y a plus de treize mois du Président Jovenel Moïse, les mouvements de protestation semblent vouloir renaître dans le pays. Après les épisodes de manifestations en février dernier pour exiger une augmentation des salaires minima, c’est à présent la vie chère et la rareté des produits pétroliers et l’insécurité qui ont mobilisé des milliers de personnes du 22 au 26 août 2022.

Les mouvements de foule semblaient réellement perdre en fréquence et en intensité depuis que la plupart des anciens opposants à l’ex-Président Jovenel Moïse avaient rejoint l’Accord du 11 septembre, dit pour une « gouvernance efficace et apaisée ». Cependant, au cours de cette semaine allant du lundi 22 au vendredi 26 août 2022, les rues de plusieurs villes du pays ont été le théâtre de nombreuses manifestations contre la dépréciation accélérée de la gourde face aux devises étrangères, et la rareté continuelle des produits pétroliers aggravant la cherté de la vie dans le pays.

L’insécurité et la vie chère sont les principales raisons de ces mouvements de foule ces derniers jours en Haïti. Alors que le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti tenait une conférence de presse pour annoncer les mesures prises afin de ralentir la dépréciation de la gourde haïtienne face au dollar américain le lundi 22 août, différents mouvements de protestation ont débuté à travers tout le pays. « Aujourd’hui, nous sommes dans la rue pour envoyer un signal aux autorités. Demain, nous serons encore dans les rues. Tous les magasins doivent garder leurs portes fermées. Nous exigeons le départ d’Ariel Henry. Après déjà plus d’un an au pouvoir, il ne peut rien faire pour nous. Il avait dit qu’il pouvait réaliser des élections, il n’y a toujours pas eu d’élections. Et s’il n’y a pas d’élections, le pays n’ira nulle part », des propos d’un citoyen recueillis par la Radio France Internationale (RFI) lors des manifestations.

Sur fonds de discours enflammés, de colère et d’indignation, des manifestations ont eu lieu le lundi 22 août à Petit-Goâve, à Port-au-Prince, aux Cayes dans le Sud, ainsi qu’au Cap-Haïtien dans le Nord du pays, entre autres. Au cours des manifestations ayant eu lieu dans la commune de Delmas, un citoyen atteint de projectiles a perdu la vie. Selon l’ancien parlementaire Serge Jean-Louis, ce serait l’œuvre d’individus armés, hostiles à la manifestation, ayant fait feu en direction de la foule qui réclamait le départ du Dr Ariel Henry, actuel locataire de la Primature.

Le mardi 23, les mouvements de rues se sont intensifiés dans la plupart des grandes villes du pays, et plusieurs individus ont perdu la vie dans la ville de Jacmel, pour cette deuxième journée de manifestations. Parmi les victimes, Darley Content, Jeff Timothée, Jude Désir, Ardan Sauveur et Dénis Lainé, mortellement blessés par balles. Un individu a également été blessé lors des affrontements ayant eu lieu dans la ville de Petit-Goâve, entre les manifestants et les forces de la Police haïtienne. Et dans la commune de Carrefour à la sortie sud de la capitale, un autre individu, Woodler Mésidor, a été mortellement atteint lors des mouvements de protestations.

Ces différentes scènes de violence semblent consterner l’ancien opposant au pouvoir de Jovenel Moïse, Me André Michel, porte-parole du Secteur Démocratique et Populaire (SDP). Participant à l’émission « Haïti Sa k ap kwit », Me Michel a reconnu qu’en  l’état actuel des choses, il est normal pour la population de se soulever. « La population fait face à une situation extrêmement difficile, dit-il, avec une pénurie de carburant et une flambée des prix des produits de première nécessité. Cette colère de la population est justifiée. C’est normal qu’elle gagne les rues ». Pour lui, c’est la responsabilité du Gouvernement dont il est un allié, de garantir de meilleures conditions de vie à la population.

Par ailleurs, les manifestants entendent poursuivre les mouvements de revendication et donnent rendez-vous le 7 septembre 2022 jusqu’à l’obtention de résultats satisfaisants, et continuent de réclamer la démission du Chef du Gouvernement actuel.

Clovesky André-Gérald PIERRE                                   

cloveskypierre1@gmail.com

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