26 juillet 2025

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Déchéance de la société, décadence des institutions, la CEH appelle à s’engager pour la reconstruction morale

« Nous assistons à une déchéance de la société et a une décadence des institutions qui en sont les piliers ; un État défaillant qui n’assure plus ni la sécurité, ni la justice, ni le minimum vital pour son peuple ; un territoire morcelé, abandonné à la loi des armes et à la terreur des bandes armées  », constate la Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) dans une note parue le 23 juillet 2025. Elle demande pourquoi les autorités ne peuvent déployer leur plus grand effort pour sauver ce qui reste du territoire.

La descente aux enfers d’Haïti se poursuit, et ce, à un rythme effréné depuis plus d’une décennie. La violence aveugle qui fait rage ces dernières années dans le pays pousse des familles à fuir leurs maisons. Pour la CEH, cette population qui est constamment en mode fugitive est « une population humiliée, appauvrie, blessée dans sa chair et son âme ».

En Haïti, la libre circulation de la personne humaine et des biens se complique de jour en jour. En outre, il y a une banalisation de la vie. Face à cela, aucune mesure n’est prise par les autorités pour mettre hors d’état de nuire les artisans de la violence dans le pays. « En plus de la banalisation de la vie, la transgression du sacré témoigne d’un effondrement de l’ordre moral et de l’ordre social », affirme la CEH, soulignant que nul n’est exempt des atrocités commises par les bandes armées ; aucun lieu ni symbole n’est épargné.

Des lieux de cultes sont profanés, des sanctuaires sont violés et saccagés, le patrimoine historique et culturel du pays est vandalisé, incendié sans aucun égard à ce qu’il représente un signe de mémoire collective, de foi partagée et d’identité nationale, dépeint la CEH. Elle argue que « ces agressions ne détruisent pas seulement des pierres ou des objets ; elles frappent le cœur vivant de notre peuple, sa conscience morale, sa capacité à espérer ».

D’un autre côté, la CEH demande ce que cache une nouvelle fois ce projet de déshumanisation qui met à genoux un peuple déjà meurtri. « Et surtout, pourquoi les autorités de l’État ne déploient-elles pas leur plus grand effort pour protéger ce qui reste de notre territoire et ce qui devrait être inviolable, à savoir : la vie, la liberté, la culture et la mémoire ?», s’interroge-t-elle.

L’avant-projet de la Nouvelle Constitution  

La conférence épiscopale d’Haïti estime qu’il y a des points à saluer dans l’avant-projet de la Nouvelle Constitution. « L’avant-projet de la Nouvelle Constitution propose plusieurs innovations dignes d’intérêt : une volonté claire de moderniser l’État et de rationaliser la gouvernance politique ; une ouverture prometteuse vers la reconnaissance des droits des Haïtiens vivant à l’étranger, et la participation des femmes et des jeunes ; la reconnaissance renforcée des droits sociaux fondamentaux […].

Toutefois, la CEH a fait savoir « qu’au-delà de ces avancées, le texte présente des lacunes majeures qui risquent de fragiliser l’équilibre démocratique ». Elle cite, entre autres, à titre d’exemple : « Un processus à la fois peu inclusif et élaboré sans Assemblée constituante élue ni véritable débat citoyen ; des droits sociaux proclamés, mais sans mécanisme de recours, risquant ainsi de fragmenter l’unité nationale ».

Face à tout cela, l’institution ecclésiastique rappelle solennellement que la Constitution d’un pays est plus qu’un texte juridique : c’est un pacte social. « La question de la Constitution demande un très large débat portant sur un vrai consensus national, le lien qui tient compte de la réalité historique, culturelle et sociale de notre peuple. Et cela doit se faire dans un moment qui sera opportun », estime la CEH, tout en demandant aux autorités de l’État de s’engager activement dans la reconstruction morale et structurelle de la société haïtienne.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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