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Déclaration controversée d’Antonio Guterres sur les revendications populaires en Haïti

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Tandis que la crise s’intensifie en Haïti, nombre d’acteurs, locaux et internationaux, se positionnent sur l’échiquier politique haïtien. De son côté, le Secrétaire Général de l’ONU appelle à renforcer les capacités de la Police Nationale d’Haïti car, selon lui, les protestations contre le pouvoir en place ne sont guère des mouvements politiques, mais l’œuvre de gangs armés auxquels il faut mettre fin.

Depuis l’annonce de la levée des subventions sur le carburant par l’actuel locataire de la Primature le 11 septembre 2022, le pays est de nouveau dans une ère de « peyi lòk » qui connaît maintenant sa deuxième semaine. Toutes les grandes activités socio-économiques du pays sont à l’arrêt, et des barricades sont érigées dans divers artères des principales villes du pays, et les manifestations se multiplient. Pour le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, l’important n’est pas de subventionner les carburants, mais les familles, et il faut renforcer la police, afin de rétablir l’ordre.

« […] Je crois qu’on devrait subventionner les familles et pas les carburants. Ce n’est pas exactement la même chose, parce que cela permet aux familles d’obtenir les ressources dont elles ont besoin et cela ne se traduit pas par un bénéfice pour les combustibles fossiles. Mais dans le cas d’Haïti, on a eu plusieurs réunions du Conseil de sécurité et je suis convaincu qu’il faut absolument réintroduire une sécurité sérieusement, et la proposition que j’ai mise sur la table, c’est qu’il faut vraiment un programme international d’appui à la formation et à l’équipement de la police », a déclaré le Secrétaire Général de l’ONU lors d’une interview accordée à Christophe Boisbouvier, journaliste de Radio France Internationale (RFI).

Un programme international d’appui à la formation et à l’équipement de la police

Pour Antonio Guterres, il faut la constitution et la mise en œuvre d’une grande force afin de de couper court à l’action des gangs. « La proposition que j’ai mise sur la table, c’est qu’il faut vraiment un programme international d’appui à la formation et à l’équipement de la police, mais qu’il faudra avoir dans cette perspective une force robuste, capable de mettre fin à l’action des gangs. Je crois qu’il faut avoir en Haïti, dans cette transition de formation et d’équipement d’une police qui, pour le moment, est inefficace, une force qui puisse vraiment mettre de l’ordre dans une ville et un pays complètement contrôlé par des gangs. Ce ne sont pas des mouvements politiques, ce sont des gangs malheureusement infiltrés aussi par des gens liés au pouvoir économique et au pouvoir politique », a affirmé M. Guterres.

De son côté, le Dr Ariel Henry avait tenu le même discours lors de son adresse à la nation le 18 septembre 2022, en s’attaquant aux motifs et à la crédibilité des manifestants. « Tout le monde a compris que ce n’est pas pour le gaz que des dépôts d’organisations internationales ont été pillés, et qui contenaient des stocks de nourriture pour les cantines scolaires et pour aider les populations pendant la saison des cyclones. Tout le monde pouvait voir que c’était des individus lourdement armés qui étaient à la tête de diverses manifestations », avait-il affirmé. « C’est une preuve supplémentaire que ce n’est pas le gaz et la vie chère les enjeux, c’était autre chose, et nous en reparlerons une autre fois », ajoutait-il.

Des affirmations contestées

Les propos du Chef du Gouvernement de fait ainsi que ceux du Secrétaire Général de l’ONU ont été vivement critiqués par nombre d’acteurs nationaux. Pour le cinéaste Richard Senecal, décrédibiliser les mouvements populaires en les faisant passer pour des actions de gangs n’est pas un procédé nouveau, il a déjà été utilisé par l’ex-Président Moïse. « Ce n’est pas la première fois qu’on aura utilisé les gangs pour décrédibiliser un mouvement populaire. Cette méthode inventée par Jovenel Moïse réussit à faire sortir de leurs trous les réactionnaires peureux qui n’attendent qu’une occasion pour cracher sur les revendications », a-t-il indiqué via son compte Twitter.

Cependant, pour l’ex-Sénateur et candidat à la présidence Steven Irvenson Benoit, les mouvements dans les rues sont légitimes, et sont dirigés contre le régime actuel et ses actes de corruption. « Le petit peuple qui a faim est aussi dans les rues pour dire non au régime corrompu PHTK 3 ! », a-t-il affirmé, tout en précisant que les manifestants ne cherchent pas à voler, mais qu’ils réclament la sécurité, l’électricité, l’eau potable, l’école, du travail, et surtout l’annulation de la levée des subventions sur le carburant qui fait augmenter les prix à la pompe.

Clovesky André-Gérald PIERRE

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