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La routine !

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Le bilan définitif des dégâts causés par les dernières scènes de violence en Haïti n’est pas encore établi. Plusieurs institutions scolaires ont été saccagées et pillées. Des locaux et entrepôts d’organisations non gouvernementales (ONG) vandalisés. Des institutions publiques et privées, des biens appartenant à des congrégations religieuses, des résidences privées, entre autres, ont été attaquées par des groupes en fureur. Les dégâts sont énormes.

Jusqu’au 21 septembre 2022, les Cayes et Jérémie étaient encore en proie à des actes de pillage. Énorme coup de massue pour des éléments de la classe moyenne qui essayaient de se  frayer un chemin dans le secteur des affaires. Grande déception pour les parents qui vont devoir, malgré tout, envoyer leurs enfants à l’école, le 3 octobre 2022.

Les revendications populaires sont justes. Il y a  suffisamment de raisons pour que la population s’énerve, s’irrite et se révolte. Dommage qu’elle ne soit pas encore prête. Qu’elle ne prenne pas encore la mesure de sa situation. Qu’elle  soit plongée de plus en plus dans  une forme d’aliénation. Ce qui a permis une fois de plus aux extrémistes politiques qui se disputent le pouvoir de faire pourrir le mouvement en essayant leur côté de le récupérer à leur profit.

En fin de compte, le Premier Ministre est toujours en poste. Le prix du carburant n’a pas été révisé à la baisse comme les protestataires l’exigeaient. Le pays commence à respirer de nouveau. Les activités reprennent timidement. Les barricades sont de moins en moins présentes. Le répit est fragile. Mais, il semble s’imposer de lui-même. C’est le retour au calme sans résultat probant. La tempête est passée. On y est habitué. Le même exercice depuis plus de trente ans. Des manipulations. Des diversions. Une trêve soudaine. Tout cela, c’est du déjà-vu.

On est dans une sorte de routine lassante. Dans d’éternelles actions émotionnelles exploitées par des activistes politiques qui passent régulièrement de l’opposition au pouvoir et, vice-versa. La conclusion à tout ça, c’est qu’on n’a pas de plan. Qu’on est en panne de leadership. Comme tous les dirigeants haïtiens après Duvalier, Ariel Henry a banalisé ce qui s’est produit dans le pays. Il cherche des boucs émissaires. Il accule ses opposants politiques. Il s’aligne sur la position de la communauté internationale qui passe son temps à tergiverser. Il fait des promesses.

Entre-temps, 5.6 millions d’Haïtiens sont dans l’insécurité alimentaire avec le risque que ce chiffre explose dans les jours qui viennent. Les actes de pillage ont affecté un nombre incalculable de gens évoluant dans le commerce informel. On parle peu d’eux mais, ils sont sévèrement touchés. Leur commerce situé à proximité des rues et dans certains marchés publics ont été pillés et saccagés. Leurs matériels ont été utilisés à barricader les rues. Certains sont complètements détruits. Pire, la plupart d’entre eux ont des dettes colossales envers des entreprises de micro-crédit et des banques. Qui interviendra pour eux ? Vont-ils être comptés dans les programmes sociaux annoncés par le Premier Ministre ? Toutes ces violences pour ces résultats ? Que nous réserve donc le Chef de la nation qui pense être le réformateur du siècle ?

Les politiciens ne réinventent pas la roue. Ils pratiquent une politique efficace. Une politique qui ne provoque pas d’opposition réelle. Une politique qui a toujours donné le résultat escompté en leur faveur. Il suffit d’exploiter un mécontentement populaire, de provoquer des troubles pour mieux se positionner dans la course au partage du gâteau. Combien de temps cette stratégie va devoir durer encore ? Jusqu’à quand la population prendra-t-elle conscience qu’elle doit se fixer des objectifs clairs de bien-être ? Ce n’est qu’arrivée à ce stade qu’elle sera capable de mettre à l’écart ces politiciens rapaces et qu’elle s’arrêtera de s’en prendre à ses propres intérêts. Pour que cela puisse être possible, les élites doivent sortir de leur confort et donner les directives. La classe moyenne doit sortir de sa léthargie, de sa lâcheté, de ses illusions et de son conformisme.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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