ven. Déc 27th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Découvrons les moments forts de la carrière musicale de Mikaben

6 min read

Les Haïtiens de partout pleurent le départ soudain de ce virtuose, Michael Benjamin, décédé à 41 ans. Souriant, fier de son patrimoine musical, Mikaben est parti pour l’orient éternel avec le drapeau qu’il affectionnait tant autour de son cou, le bicolore haïtien. Il s’en est allé comme il a vécu : en légende. Découvrons le parcours de cet artiste décédé sur la scène de Accor Arena le 15 octobre 2022, à  Paris.

Au mois de juin de l’an 1981, à Port-au-Prince, la psychologue Roseline Dupoux met au monde son deuxième enfant, Mickael Benjamin, fils du père Noël haïtien, Lionel Benjamin. Auprès de son père, chanteur de renom, Michael grandit dans une ambiance animée de belles mélodies. Tout jeune, il apprend auprès de lui  les notes de base de la musique en jouant de certains instruments, comme le piano et la guitare, entre autres.

La genèse d’une belle carrière

En effet, Mikaben, de son nom de scène, hérite de son père cette grande passion pour la musique. À dix-huit ans, il se lance dans l’aventure musicale qu’il convoite depuis son enfance, en participant à « Konkou Chante Nwèl », un concours de chants de Noël, comme son nom l’indique en créole, organisé par Télémax. Avec son titre « Nwèl Tristès », il  termine à la quatrième place de cette compétition. Et ce morceau, composé en hommage à son père, a transcendé le temps.

Fier de sa sortie, il y prend goût et propose un an plus tard son premier opus, « Vwayaj », composé de pas moins de neuf titres, dont son morceau à succès, « Ou pati Kite m ». Un titre qu’on découvrira sur le prestigieux album Ayiti Troubadour, parmi les nombreux titres des ténors de l’époque. Suivant les traces de son père, il récidive en 2002 avec un autre titre de Noël, « Si chak jou te ka nwèl ». Un morceau sur lequel le fils de Lionel confirme une fois de plus sa virtuosité, sa polyvalence. C’est ainsi qu’il prend définitivement sa place dans l’industrie musicale haïtienne.

Une fois n’est pas coutume. Le jeune prodige sort en 2004 son deuxième album, qui porte d’ailleurs son nom, « Mika ». Sur cet opus, le chanteur offre à ses fans plus d’une quinzaine de tracks, dont les hits « Yon ti chans » et « Si m te gen zèl ». Ses morceaux sont sur toutes les lèvres. Sa sensibilité acoustique lui permet de se distinguer des artistes de sa génération. Il est l’un des rares à avoir connu une telle longévité en solo.

De Krezi Mizik à KonBeat

Cependant, en 2005, l’homme à tout faire, Michael Benjamin, veut s’aventurer un peu plus dans le compas en constituant le groupe Krezi Mizik, de concert avec son cousin, David Dupoux, l’ancien collaborateur de T-joe Zenith à Konpa Kreyòl. Et pour marquer leur présence, Mika et sa bande sortent en deux versions (studio et live) l’album « Ayiti san manti », un an après la création du groupe, en 2006. Le fameux titre « Lè m wè w », sur lequel il accorde sa voix à celle de Roosevelt, chanteur et batteur du groupe, fait encore des heureux aujourd’hui. Mais, son aventure avec le groupe n’aura duré que quatre ans.

En 2009, Mikaben reprend sa carrière musicale en solo, et recommence à gâter ses fans toujours avec son style variété, tout en continuant parallèlement  à collaborer avec ses pairs de l’HMI. Trois ans plus tard, il tentera une nouvelle aventure avec son ami Olivier Duret, en mettant sur pied le groupe Konbeat, avec lequel il va enregistrer l’un de ses plus beaux morceaux intitulé « Ayiti Se ». Un son qui décrit son amour pour sa terre natale, à la fin duquel il chante ces paroles provenant du fond de son coeur :

« Ayiti cheri w met kwè m

pa gen anyen k ka fè m kite w

m ap toujou la pou cheri

kite mizik sa dòlote w

M pap janm kite w ».

Mikaben et CARIMI, une longue histoire

La collaboration de Mikaben avec les trois mousquetaires de CARIMI, Carlo, Richard et Mickael, ne date pas d’aujourd’hui. C’est en effet une histoire qui a pris naissance peu après la fondation du groupe. En 2003, la bande à Mickael Guirand a sollicité le talent du jeune Mika, notamment pour la composition du morceau « Nasty Biznis », qui porte le nom du deuxième album du groupe. Une parfaite symbiose de Compas et de Dance hall qui a marqué le début d’une fructueuse collaboration entre CARIMI et Mika.

En effet, Mikaben a rejoint Mickael Guirand sur le morceau à succès  intitulé « Fanm sa move »,  que l’on retrouve sur l’album Buzz, soit le quatrième du groupe, sorti en 2009. On le retrouvera quelques années plus tard sur deux autres titres du dernier opus du groupe :« Baby i miss you » et « Nostalgie ».

Et quand il fallait mettre le feu sur les parcours carnavalesques, Mikaben était le lance-roquette du groupe. Avec sa fougue, son imposante présence scénique et l’énergie qu’il émettait, en plus de sa polyvalence, il était plus qu’un couteau suisse. C’était l’arme fatale de CARIMI. Ensemble, ils ont fait danser des milliers de fans durant trois belles années, avec notamment les meringues « Eklate » (2014), « Dife » (2015), « Towo » (2016), juste avant la dissolution du groupe.

Après ce beau et long parcours avec CARIMI, Mikaben a signé chez Warner Music France, avec son hit « Ti pam lan » sur lequel on retrouve la voix de J-Perry, disponible sur son dernier album, MKBN sorti en mai 2018.

Le 15 octobre 2022, pour marquer les retrouvailles de CARIMI, annoncées en grande pompe depuis des mois, Mikaben a retrouvé ses amis sur la scène de l’Accor Arena, à Paris. Il y a délivré une prestation de folie devant environ une douzaine de milliers de fans venant de partout pour cet événement historique dans la musique haïtienne. Il a tout donné jusqu’à y laisser sa vie à la suite d’une crise cardiaque en sortant de la scène. Malgré les interventions rapides des médecins secouristes présents pour l’événement, Mikaben ne s’est jamais relevé.

À jamais dans les coeurs des Haïtiens

Michael Benjamin était un artiste qui ne se lassait jamais de produire de la musique. Il était ce genre de musicien passionné, toujours avec une guitare acoustique à chercher de nouvelles mélodies, ou sur les claviers d’un keyboard à concocter un son pour plaire à ses fans, en témoignent les musiciens avec lesquels il a eu à collaborer. Il avait une inspiration débordante. En effet, sa polyvalence lui a facilité une plus grande marge de création artistique. Sa riche discographie et ses nombreuses collaborations avec des artistes d’horizons divers, montrent indubitablement qu’il n’appartenait pas à un style, à un genre ou à une tendance musicale en particulier. Ce qui le fascinait en fait, c’était la musique. Tout simplement.

Il était en outre un fils aimant qui se plaisait à collaborer avec son père, Lionel Benjamin. Le genre de fils qui prenait le soin de dédicacer des singles à ses parents ; le modèle d’amant qui composait toute une mélodie pour demander en mariage  l’élue de son cœur. Il était aussi ce père de famille, qui se montrait attentionné, affectueux et aimant, qui ne cachait pas son amour pour sa femme, Vanessa Fanfan (qui attend son troisième enfant), avec laquelle il s’est marié en 2020, et pour ses deux enfants, Gabriel et Leia.

À l’heure de la rédaction de cet article, les Haïtiens de partout pleurent le départ soudain de ce virtuose, Michael Benjamin, décédé à 41 ans. Souriant, fier de son patrimoine musical, Mikaben est parti pour l’orient éternel avec le drapeau qu’il affectionnait tant autour de son cou, le bicolore haïtien. Il s’en est allé comme il a vécu : en légende.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

Laisser un commentaire