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Dialogue : Le faire-semblant du Gouvernement fait perdre du temps, estime Danio SIRIACK

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Dans un entretien accordé à Le Quotidien News, Danio SIRIACK, porte-parole de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) pense que le Sommet politique qui aura lieu à la Jamaïque n’est pas un autre processus de dialogue que les acteurs vont entamer. Pour M. SIRIACK, le Gouvernement fait perdre du temps en se renfermant dans « un dialogue bilatéral de bluff dans le seul but de garder le pouvoir ».

Le Quotidien News (LQN): Les acteurs politiques haïtiens vont entamer un autre processus de dialogue. Celui-ci se fera cette fois en dehors d’Haïti, particulièrement à la Jamaïque. Qu’est-ce que le pays peut attendre de ce Sommet politique ?

Danio SIRIACK (D. S) : Pour l’OPL, il ne s’agit pas d’un autre processus de dialogue que les acteurs vont entamer à la Jamaïque. Le dialogue politique haïtien torpillé à plusieurs reprises par le Premier Ministre de facto Ariel Henry et son équipe des accords bidons des 11 septembre 2021 et 21 décembre 2022 est sur le point de franchir une étape importante. Cette étape est sa forme multilatérale réunissant des groupes formels du secteur politique, ceux de la société civile, du secteur économique  ainsi que le gouvernement de facto qui s’amusait pendant longtemps dans un dialogue bilatéral de bluff dans le seul but de garder le pouvoir.

LQN : Que cherche la communauté internationale à travers cette démarche ?

D. S : Dans ce cas, l’international est vague pour nous. On peut facilement déceler un certain appui des États-Unis, des Nations Unies à cette démarche, entre autres. Mais il est un peu risqué de conclure que la réunion programmée par la CARICOM à la Jamaïque entre différents acteurs haïtiens engage l’international en général. La position de ce qui s’appelle « Core Group » en Haïti n’est pas si claire pour nous laisser comprendre ce que cherche l’international dans le cas d’Haïti. Du reste, l’instinct de domination alimente constamment les approches diplomatiques des pays impérialistes vis-à-vis du pays. Ceci se manifeste par le soutien au pouvoir illégal complaisant jusqu’à présent contre la volonté du peuple haïtien. C’est le moins qu’on puisse dire à ce propos.

LQN : Les acteurs politiques au pouvoir disent toujours qu’il faut mettre sur pied un processus de dialogue pour résoudre la crise actuelle. À preuve, Ariel a déjà trouvé deux accords depuis son arrivée à la tête de la Primature. Cependant, la crise reste toujours la même : la détérioration du climat sécuritaire, l’insécurité alimentaire aiguë, etc.  Donc, dites-nous, quelle est la finalité des processus de dialogue dans le cas d’Haïti ?

D. S : Le dialogue nécessaire à la résolution de la crise haïtienne doit être national. À aucun moment le rusé Ariel et consorts n’a jamais pris l’initiative d’un dialogue national. En plus d’avoir exclu tant d’acteurs et de secteurs, ses démarches n’ont jamais été sérieuses et sincères. Ce n’est pas le dialogue qui ne sert à rien. C’est plutôt le bluff, le faire semblant qui est contre-productif, qui nous fait perdre du temps.

LQN :  Pourquoi un dialogue inter-haïtien en dehors d’Haïti ?

D. S: Ce n’est jamais une fatalité la réunion des protagonistes d’une crise d’un pays dans un autre pays. Cette approche est monnaie courante. On en a eu plusieurs exemples internationaux : négociation entre le gouvernement colombien et les FARC tantôt au Mexique, tantôt à Cuba, dialogue entre Nicolas Maduro avec Juan Guaido au Mexique. L’accord avec les militaires qui avait facilité le retour d’Aristide au pouvoir en 1994 était discuté et paraphé aux États-Unis. Somme toute, la réunion prévue à la Jamaïque aurait pu se tenir en Haïti si et seulement si Monsieur Ariel Henry et ses proches avaient un sens patriotique minimal. Ce sont eux qui ont tout fait pour éviter une véritable réunion politique portant sur la recherche de solutions à la crise haïtienne. Tout ce qui les intéresse, c’est d’avoir des collabos pour se maintenir le pouvoir…

LQN : Les acteurs politiques haïtiens ont-ils la volonté réelle de dialoguer entre eux ?

D. S : À cette question, ma réponse ne peut concerner que l’OPL dont je suis le porte-parole. Et non pas tous les acteurs politiques confondus. L’OPL veut dialoguer avec tout le monde et de fait, dialogue avec tout le monde.

LQN: Le HCT refuse de prendre part à ce Sommet politique. Comment comprenez-vous sa position ?

D. S : La personne qui nous intéresse le plus dans cette structure bancale, c’est Madame Mirlande H. Manigat qui est aujourd’hui dans une situation de naufrage politique. Madame Manigat nage tellement dans l’incohérence et la contradiction. Pendant longtemps, Madame Manigat, constitutionnaliste, a fait  école en Haïti pour expliquer qu’aucun organe, aucune structure, ne peut être formé en dehors de la Constitution. Avec quelle audace veut-elle nous faire avaler son HCT qui émane de  l’accord bidon du 21 décembre ? Nous terminerons cette réponse par ce constat : ce sont des étrangers et Ariel Henry  qui ont façonné le « trône HCT » pour placer Madame Mirlande H. Manigat. Ce sont ces mêmes étrangers qui l’ont invitée à  la Jamaïque. Qu’elle se débrouille avec eux.

Propos recueillis par :

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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