ven. Déc 27th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Dieunalio Chery, surnommé le Robert Capa Haïtien

4 min read

En 2002, Dieunalio Chery a décidé de tout miser sur sa caméra, son appareil photo grâce auquel il remportera des années plus tard de nombreux prix internationaux dont l’un des plus prestigieux du monde de la photographie, Le prix Robert Capa. La raison pour laquelle on le surnomme dans le milieu, le Robert Capa Haïtien.

Dieunalio chery est un photojournaliste de renom en Haïti. Reconnu pour la qualité de ses prises, il espère raconter l’histoire des dernières décennies dont il a été témoin oculaire durant plus de quinze ans. Après de longues années passées à immortaliser les derniers événements forts de l’histoire du pays, son professionnalisme n’a point d’égale sur le terrain.

Le natif de Pestel du département de la Grand-anse, a découvert tôt la photographie alors qu’il était au bas âge. « J’ai un oncle qui est également photographe, je m’amusais à le regarder travailler dans son studio », raconte Dieunalio joint par téléphone par le journal Le Quotidien News. Il se voyait déjà photographe dans ses rêveries, ses imaginations. « Je m’amusais à dessiner sur papier une caméra, dit-il, pour jouer au photographe avec les autres mômes de la classe », à l’école évangélique de Picot de Camp Perrin, où il a fait ses études primaires.

« J’ai commencé tout jeune avec la photographie, j’étais encore au lycée Horacius Laventure où j’ai bouclé mes études secondaires », explique le photojournaliste, Dieunalio Chery parlant de ses débuts. À cette époque, il travaillait avec le Groupe de journalistes en action. Mais, avant de maîtriser ses prises, il exerçait sur une caméra que lui procurait un ami à raison de 100gdes par film. Et le passionné qu’il était s’est offert des documents sur la photographie pour s’autoformer en bon autodidacte.

En 2005, il a rompu avec le groupe des journalistes en action pour entamer une carrière indépendante qui n’a pas fait long feu. Il s’est trouvé deux ans plus tard à Alerte Haïti, une agence en ligne. Son aventure avec cette agence n’a duré que trois ans puisque, faute de moyens après le séisme de 2010, il a dû plier bagages. « Entretemps, je travaillais comme photographe libre, je vendais mes photos à des agences internationales et certains médias locaux » se rappelle Dieunalio qui, quelques mois plus tard, sera embauché par l’’’Associated Press’’. Non comme photojournaliste, mais comme chauffeur. « Toutefois, je me faisais toujours accompagner de mon appareil », ajoute le photographe.

Après quelques bonnes prises pour l’Associated Press, sur recommandation, Dieunalio a obtenu un full scolarship en Photojournalisme en argentine, en 2011. De là étant, il a raflé son premier prix, le Golden Scarf. « De retour au pays, l’agence a décidé de m’employer officiellement comme photojournaliste » déclare le Golden Scarf. Je suis allé à Mexico pour une expérience de travail, où j’ai reçu des formations sur comment je dois me tenir sur le terrain en situation de crise », avance Dieunalio. Il a en outre bénéficié d’une bourse en 2015 au programme des droits humains de la Fondation Magnum à New York.

« Le travail que je fais est très risqué. A chaque fois que je vais sur le terrain, je suis conscient qu’il y a de forte chance que j’y reste. On n’est jamais trop prudent, d’autant plus que le terrain devient de plus en plus dangereux », avoue le reporter de l’Associated Press. Il a failli laisser sa peau le 23 septembre 2019 lors d’une séance tournée en émeute au sein du Parlement Haïtien. « Une date qui restera à jamais gravée dans ma mémoire », déclare Doeunalio Chery, le journaliste qui a été victime d’une balle au menton, tirée par le Sénateur du Nord, Ralph Jean Marie Fethière.

Le 23 septembre 2019, Dieunalio Chery a frôlé de peu la mort, et est devenu ce jour-là un héros du monde de la photographie. Incroyable mais vrai, comme aurait dit l’autre, il a eu le temps de capturer l’image du projectile sortant de l’arme à feu du parlementaire. Le même projectile qui a failli lui ôter la vie. Grâce à sa magie, la magie de la passion pour son métier, si l’on peut l’appeler ainsi, il deviendra grâce à cette immortelle prise, le premier Haïtien à obtenir le Robert Capa Gold Medal Awards.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

Laisser un commentaire