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Dix mois après le séisme dans le Grand Sud, des organisations locales continuent de s’activer

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Malgré la frontière créée par l’insécurité qui coupe les départements du Grand Sud du reste du pays, en dépit de la situation économique et de multiples autres problèmes, des organisations de base ont tenté d’apporter une aide variée aux populations victimes du séisme du 14 août 2021 dès les premiers jours qui ont suivi la catastrophe. Dix mois plus tard, certaines organisations sont encore présentes sur les lieux, coordonnant des projets sociaux et humanitaires ambitieux au bénéfice des populations locales.

Pour la plupart, représentées par de jeunes universitaires, des délégations de diverses dénominations étaient accouru à la rescousse en août dernier, pour offrir leur assistance aux populations dans la détresse. Dans ce contexte où la traversée vers le sud du pays était très difficile, une situation qui d’ailleurs n’a pas évolué depuis, ces dernières ont contribué à apporter une réponse à la catastrophe humanitaire occasionnée par le séisme. Entre autres, CITE, Isra-AID, Les Amis d’Haïti, SDG’s for Haïti, ainsi que plusieurs associations d’étudiants de la capitale sont arrivés sur les lieux dès les premières semaines. Dans ces régions durement touchées, pas moins d’une centaine de projets ont été implémentés par ces organisations de base, pour permettre aux locaux de se relever économiquement, socialement mais aussi psychologiquement.

Environ dix mois après le séisme, ces organismes continuent d’œuvrer dans les zones impactées. Pour Bendy Hilaire, le coordonnateur de Les Amis d’Haïti (LAD’HA), il est important de continuer à y soutenir des projets de résilience sociale. « Face aux catastrophes naturelles, il est toujours important de considérer une réponse à trois niveaux : d’abord le court terme, c’est-à-dire durant la période qui nécessite des interventions urgentes. Puis le moyen terme (la période post-urgence), et enfin le long terme ou la planification  du retour des gens à la vie normale », explique le jeune leader communautaire.

Cette organisation locale s’était engagée depuis le début du mois de septembre 2021 à travers divers projets implantés principalement à l’Asile, Miragoâne et d’autres communes du département de Nippes. Après y avoir exécuté des campagnes de sensibilisation, de formation en psycho-social, d’accompagnement de formateurs, de distribution de kits sanitaires et de protection, ces jeunes activistes ont fait de ce département leur priorité en s’y installant de façon quasi-permanente pour « accompagner la population avec des formations diverses et ainsi promouvoir le développement durable dans les communautés les plus reculées », indique Jhamily Hill, assistant-responsable de la logistique pour le Grand Sud au sein de LAD’HA.

Ainsi, depuis le tremblement de terre, diverses structures locales, soutenues financièrement pour la plupart par des Organisations Non Gouvernementales, apportent un soutien constant à la population de ces trois départements de la grande presqu’île du Sud. Collaborant avec d’autres partenaires, le Centre d’Innovation Technologique et d’Entrepreneuriat  (CITE), une structure dédiée à la promotion de l’entreprise et du développement social et personnel, a en ce sens réalisé entre février et mai 2022 un projet baptisé « Construire une communauté forte et durable pour les filles à l’Asile ».  Pour le président du CITE Kindy Vereus Montreuil, il s’agit de « munir les jeunes filles de cette communauté de connaissances et d’outils technologiques qui leur permettront de faire face plus efficacement aux catastrophes. »

Dans le département du Sud, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, un consortium de ces structures a également réalisé deux journées de nettoyage des plages de Gelée aux Cayes. Pour la jeune docteure Danuca Dameus, fondatrice de l’association Sustainable Developpement Goals (SDG) ‘s for Haïti, « ces catastrophes peuvent être transformées en opportunités pour promouvoir le développement durable par la formation, l’information et aussi l’action civique ». Elle reconnaît que SDG a effectivement augmenté ses engagements dans la région depuis le séisme du 14 août.

Toutefois, déclare Bendy Hilaire, nous sommes encore dans la période post-urgence. Il est donc nécessaire de continuer à soutenir le Grand Sud à travers des projets de reconstruction, de résilience et de renforcement des capacités des communautés à répondre à des situations de crise ou de catastrophe naturelle ».  Dix mois plus tard, il est certain que beaucoup par ici ont encore besoin d’aide et d’assistance et il faut penser à comment répondre durablement aux besoins de la population, reconnait-il.

Ces activistes locaux du développement et l’humanitaire bravent maints obstacles pour se rendre dans des zones reculées du Grand Sud, malgré le blocus de la principale voie terrestre passant par Martissant. En parallèle au travail des ONG internationales, ces organisations locales ont pour leur part le mérite d’être plus proches desdits bénéficiaires, confie Edmoncardy Desimo, vice-coordonnateur de LAD’HA. Néanmoins, nous n’avons pas les mêmes capacités ni les mêmes financements, nous travaillons donc en collaboration avec tous ceux et celles qui respectent les valeurs que nous défendons, ajoute-t-il enfin.  

Rappelons que, d’après le Premier Ministre Ariel Henry, « la somme de 600 millions de dollars a été collectée, sous forme de promesses de dons, faite par des partenaires internationaux » pour soutenir le relèvement et la reconstruction de la péninsule du Sud suite au séisme du 14 août.  Dix (10) mois après le sinistre, le relèvement, la reconstruction et l’intervention de l’État peinent encore à être une réalité.

Daniel Toussaint

danieldavistouss@gmail.com

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