Emmanuela Derissaint, une auteure au talent prometteur
3 min readJeune fille portant un regard curieux sur le monde, Emmanuela Derissaint puise dans son écritoire un amalgame de couleurs pour rendre vivantes ses histoires, ou immortaliser le vécu d’un être cher. Lauréate du « Prix Amaranthe » 2021, l’autrice de dix-sept ans apprend à découvrir le monde, si vaste, de la littérature, cet art qui la passionne depuis son plus jeune âge.
L’encre de sa plume exhale encore l’odeur de sa jeunesse qui se hâte de découvrir les reliefs du monde. Âgée de dix-sept ans, Emmanuela Derissaint est une jeune autrice qui se démarque par son talent, sa passion et son amour pour les mots, et notamment son sens de l’imagination. Cette passion ardente pour les mots ne date pas d’aujourd’hui. Car, depuis son enfance, à l’école, en cours de production écrite, elle éprouvait le plaisir de soigner les constructions de ses phrases afin d’en faire un tout ayant un sens, tant à ses yeux pleins d’innocence qu’au regard méticuleux des correcteurs.
Mais c’est en secondaire qu’elle a commencé à prendre conscience de ce qu’est la littérature. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à développer un autre rapport avec la littérature, affirme-t-elle. Nous avions un bibliothécaire qui nous mettait en contact avec certains auteurs dont Gary Victor, Margarette Papillon, Yanick Lahens ». Grâce au soutien de ce professeur de français, elle participe pour la première fois à un concours de textes. Une expérience qui rallumera cette passion en elle.
Quelques années plus tard, alors âgée de quinze ans, Emmanuela participe à nouveau à un concours de textes organisé par C3 Édition, à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme. Elle s’en sort cette fois comme lauréate de cette édition. Sélectionnée parmi les cinq lauréats retenus sur une centaine de participants, elle a connu une expérience inoubliable, marquant à jamais ses débuts dans le monde littéraire. En effet, « c’était une très belle expérience », nous dit-elle, la voix pleine d’humilité, se rappelant avoir écrit ce texte sur un ordinateur portable défaillant.
En 2021, elle publie son premier ouvrage intitulé : « Au sommet de la plaine ». Dans les deux cents pages de ce livre, elle retrace le parcours incertain et périlleux dans lequel se sont lancés deux vendeurs de poésie. Lassés de tourner en rond dans les rues de Port-au-Prince, ces jeunes poètes sont forcés de s’aventurer sur la route parsemée de dangers allant du Brésil à la frontière américaine. Par le malheur du destin, l’un deux y laissera sa vie.
« C’est un texte qui essaie de remettre l’humanité à quelqu’un qui a été déshumanisé », explique-t-elle, se référant aux cicatrices toujours présentes que porte un oncle, qu’elle chérit dans son cœur. « C’est un texte qui me rend fière, déclare la lauréate du ‘’Prix Amaranthe’’ 2021. Non pas parce que j’estime qu’il est bien écrit. D’ailleurs je ne saurais juger mon œuvre. Mais quand je pense aux réactions de mon oncle quand je lui ai appris que ce texte relatant son parcours du Brésil aux États-Unis, a été primé, je ne peux qu’être fière d’avoir servi à quelque chose », raconte la jeune romancière.
Emmanuela, qui célébrera sa majorité mercredi prochain, est en terminale. Elle passe le plus clair de son temps dans la routine exigeante de ses études. « Pour l’instant, je ne travaille sur aucun projet », informe celle qui laisse venir à elle l’inspiration. Consciente de sa jeunesse, elle ne s’empresse pas de porter le chapeau d’écrivaine ni d’artiste, mais se contente d’admirer l’art dans toute sa beauté.
Impuissante face à la dégradation de la situation du pays, Emmanuela Derissaint est affligée par le recours aux solutions éphémères et individualistes. « L’individualité l’emporte sur le groupe. Chacun cherche à sauver sa peau. C’est ce qui m’attriste le plus », regrette l’autrice de « Au sommet de la plaine », sans pour autant se soucier du lendemain.
Statler LUCZAMA
Luczstadler96@gmail.com