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Entre deux maux, nous ne savons pas si nous avons choisi le moindre!

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Le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement tranché. Il a donné gain de cause au Gouvernement haïtien qui insistait pour l’obtention d’une nouvelle intervention militaire en Haïti. Il a donné raison aussi au Gouvernement américain qui, depuis un bon bout de temps, avait entamé un plaidoyer intense pour trouver des pays volontaires devant diriger cette mission, mais aussi mobiliser tous les membres du Conseil à adopter  la Résolution qu’il a lui-même préparée.

Ce sera peut-être la mission onusienne la plus controversée qui va entrer en Haïti. Nous en sommes à onze en l’espace de trente ans. Cela explique la mauvaise santé du système démocratique en Haïti. Le choix haïtien de systématiquement engendrer la turbulence comme stratégie politique pour arriver à sa fin. Le confort des hommes politiques dans l’instabilité et la violence. Depuis bientôt trois ans au pouvoir, Ariel Henry pourra se glorifier qu’il va aboutir, aidé par cette nouvelle mission, à l’organisation des futures joutes électorales.

Il n’y a aucun doute que l’Exécutif a atteint son objectif. Cette mission onusienne est la deuxième plus grande réalisation de cette équipe au pouvoir depuis 27 mois, à côté de la prolifération des gangs qui tue tout espoir dans le pays. Cette réalité qui pousse plusieurs milliers de gens à abandonner leurs toits. Qui expulse beaucoup de jeunes de leurs salles de classe. Qui met en péril la vie de plusieurs millions de gens frappés par l’insécurité alimentaire.  Qui occasionne  la perte de contrôle par la PNH de plusieurs sous-commissariats. Qui favorise des enlèvements collectifs et individuels à récurrence. Qui conduit à des massacres de civils innocents, à des zones rendues complètement inaccessibles, à une augmentation du coût de la vie au cours de ces trois années.

Cette mission de trop devrait révolter la conscience populaire. S’il est vrai qu’elle est nécessaire dans le contexte actuel, elle ne doit pas toujours être une option pour nous sortir du chaos. Le plus important, c’est de nous entraîner à ne plus créer les conditions pour une récidive. À nous mettre en face du mal nécessaire. Certaines  choses doivent changer.

Durant ces trente dernières années, il faudrait chercher à la loupe un moment où l’État se s’est montré uni et cohérent. Où la continuité de l’État était visiblement assurée. C’est dommage que, si nous devons en indiquer un, ce soit un moment de présence de militaires étrangers sur le sol national. Cette présence apportera bien évidemment une accalmie. Auront lieu aussi, probablement, des ententes tacites pour une situation apaisée. Sera-t-elle, comme à l’ordinaire, une activité de plus de saupoudrage ? La mise au placard temporaire des gangs au profit de l’organisation des élections ? À qui va vraiment profiter cet appui à la PNH évoqué dans la Résolution 2699 adoptée au Conseil de Sécurité de l’ONU, le 2 octobre dernier ?

De toute évidence, les préoccupations de la population sont loin d’être évacuées. Les séquelles des anciennes missions sont encore là. C’est comme si une série cauchemardesque venait de lancer son nouvel épisode. Sommes-nous en train de faire le bon choix entre le pire et le mauvais ? Seul l’avenir a la réponse exacte. Soyons patients.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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