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Éventuelle intervention militaire étrangère : des Haïtiens se prononcent

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La crise haïtienne qui connaît quotidiennement de nouveaux paliers semble retenir l’attention de la communauté internationale au plus haut point. Par contre, l’éventualité d’une intervention étrangère dans le pays risquerait fort de ne rien apporter de positif au pays selon plus d’un, car le pays ne serait pas à sa première expérience infructueuse en la matière.

Les propositions de sortie de crise ne cessent de se multiplier dans le pays depuis maintenant plusieurs années. De même, la communauté internationale jouant un rôle prépondérant dans la vie politique haïtienne se dit concernée et désireuse d’agir. Cependant, les éventualités d’une nouvelle intervention militaire dans le pays ne semblent pas ravir la grande majorité des citoyens qui rappelent les mauvaises expériences passées du pays où une mission onusienne est encore présente.

« La réalité nous montre qu’après chaque intervention militaire, la situation s’empire au lieu de s’améliorer, Haïti n’est pas une exception », soutient Stéphanie Sophie Louis, jeune étudiante et femme d’affaires, qui rappelle que les conflits tendent toujours à se multiplier après une intervention militaire étrangère. « Ces missions sont là pour des problèmes tout autres, sauf pour apporter la paix », affirme-t-elle.

Par ailleurs, pour Shedson Phileas qui vient de boucler ses études en Relations internationales, les intérêts d’une intervention militaire sont autres qu’une simple question d’aide. « Ils ont toujours prétendu vouloir résoudre le problème haïtien en intervenant directement ou indirectement, question d’affirmer leur hégémonie ou leur rôle impérialiste », dit-il. Selon lui, les sanctions à l’encontre de certains acteurs haïtiens ne sont pas encore convaincantes, pas assez efficaces, ni appliquées. « Les importateurs haïtiens d’armes et de munitions ne sont pas encore visés ni les vendeurs américains d’armes et de munitions. D’ailleurs, ces sanctions ne sont pas appliquées aux États-Unis sous prétexte d’empêchement lié à des situations d’immigration », explique-t-il.

Pour lui, l’intervention étrangère peut être remplacée par l’équipement des forces de police haïtiennes. «  Le Gouvernement n’achète pas les armes nécessaires, et ces pays ne donnent pas les armes nécessaires. Car, ce sont seulement des armes défensives. Or, seules des armes offensives pourraient maîtriser les bandits. Et pourtant, s’ils vont intervenir militairement en Haïti, ils seront munis d’armes offensives et défensives ». 

Pour James Francisque, souverainiste, la communauté internationale en Haïti a «  inscrit le pays dans un projet impérialiste » et l’intervention militaire envisagée n’aurait pour but que de venir réajuster cette politique afin de « redonner vie à un système qui ne marche plus ».  « Les États-Unis d’Amériques et leurs alliés, mis avec la République Dominicaine, ont imposé une réalité d’impérialisme, et c’est là la clé de la configuration du pays sur le plan politique, économique et culturel ».

Pour celui qui est également économiste, essayiste et chef de file d’une mouvance « créoliste », la solution aux problèmes du pays doit nécessairement passer par une «  autre offre politique née de l’action libre de citoyens haïtiens réellement engagés pour la souveraineté et au bénéfice du pays » afin d’adresser – dit-il – le problème de «  l’anthropologie politique du pays depuis 1806, la crise de la transition démocratique », dans une  « dynamique de liberté ».  « L’intervention militaire, peu importe d’où elle vienne, ne saurait être à même d’apporter de véritables solutions, sinon que pour régénérer ce système d’exploitation », affirme James Francisque.

Stéphanie Sophie Louis, elle aussi, croit que les solutions aux problèmes du pays ne peuvent être importées, et elle dénonce l’influence néfaste de la communauté internationale en Haïti.  « J’ai toujours suggéré qu’on punisse les responsables concernés parce que le problème d’Haïti est entretenu par une oligarchie sous contrôle de l’extérieur », soutient-elle. Cependant, la jeune entrepreneure se dit confiante quant aux capacités du pays de se relever. « Je crois en Haïti, je crois en notre destinée. Je sais que si nous sommes motivés, on peut surmonter n’importe quelle situation ».

Clovesky André-Gérald Pierre

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