Gathely Chery, une nouvelle figure de la sphère littéraire haïtienne
5 min readAvec ce natif de la Cité de la Liberté qui vient d’enregistrer son premier recueil de poèmes, le cercle des écrivains haïtiens vient de s’élargir. Car à seulement 24 ans, Gathely Chery est l’auteur d’un ouvrage intitulé « Karès Kreyòl », le premier livre du jeune auteur à son âge florissant, qui prouve que lire et écrire ont toujours été ses délires les plus vibes depuis son enfance. Dans un style raffiné et breveté, l’auteur produit des vers qui font ressortir son originalité comme une nouvelle étoile filante de la littérature contemporaine.
Né le 9 janvier 1997, au Cap-Haïtien, Gathely Chery est l’unique fils de sa mère Maude Jean François et l’aîné de Daréus Chery, son père biologique. Il a effectué ses études primaires au Collège Saint-Joseph (FIC) et démarré ses études secondaires au Collège Martin Luther King qu’il allait laisser pour obtenir son diplôme de baccalauréat au collège Le Phare.
Le Quotidien News : Votre entrée dans la littérature ?
Gathely Chery : Je suis vraiment reconnaissant envers l’écriture, elle m’a sauvé d’une grave dépression. Quand j’étais petit, ma mère me bastonnait souvent, puis un jour je me suis dit qu’il était temps de me révolter. Pour le faire, je pensais à mon père qui était plus sympa avec moi. Je lui ai donc écrit une lettre en créole, dans laquelle je lui expliquais tous les moments où j’étais innocent et que ma mère n’hésitait pas à me tabasser quand même. Malheureusement, mon père n’avait pas reçu la lettre parce que ma mère l’avait vue et l’avait prise. A partir de ce jour, elle ne me fouettait plus. Je me souviens du premier jour où j’ai trouvé un mentor nommé Altiery Marc Maxi lors d’un stage d’été à l’Alliance Française du Cap-Haïtien. A cette époque, j’avais 12 ans et j’étais extrêmement timide. Maxi m’a souvent parlé pour me dire que je ne dois pas avoir peur, car j’ai beaucoup de capacités selon ce qu’il a estimé. Je produisais beaucoup à l’époque, mais je n’étais pas tout à fait dans mon assiette devant un public. Un jour, il était avec moi, et je lisais une partie de mon écriture, il m’a félicité avec des mots simples mais forts : “Bravo, petit”. Quelques camarades souriaient, ils savaient que j’étais stupide. Après ce moment, j’ai continué à produire, mais j’ai toujours refusé de publier. Parfois à cause de la peur, et d’autres fois par manque de soutien, jusqu’à ce qu’un camarade de classe me demande de lui passer mon stylo dans son magazine intitulé “Culture Créole”. Ce fut donc ma première expérience de rédacteur. Au bout d’un moment, je ne me sentais plus dans ce projet, alors je suis revenu à mon livre, à ma feuille blanche. Une fois à l’Université, j’ai rencontré une camarade de classe Katiana François qui m’a encouragé à publier mes écrits sur Les blogs. Il y a eu Hervé Geffard qui a créé mon blog que je nommais “Amabilité Magazine”. Sans oublier quelques amis qui publient mes écrits sur leurs blogs, comme Micky-Love Mocombre, Paul Rouckendy. A part ça, j’ai trouvé l’invitation à rejoindre l’équipe « Quid Haïti ». En gros, toute ma vie gravite autour de l’écriture.
LQN : Qu’attendez-vous de l’écriture ?
G. C : Écrire est une obligation dans la vie de chacun. J’évite d’exagérer, je veux juste expliquer qu’écrire permet de dire qui on est. Je pense que personne ne peut inventer quelque chose au hasard, soit on a ressenti ce sentiment, soit on a imité un autre auteur qui racontait une histoire et essayait de créer la sienne à partir de ce qu’il a retenu d’autres auteurs. De ce point de vue, l’écriture sert à gérer tout le désir : tout désir comme pleurer, faire rire, prononcer une position, produire un travail scientifique. Donc l’écriture fait partie de l’oxygène, un point qu’on ne saisit pas tous pleinement mais dont on profite tous d’une manière ou d’une autre.
LQN : Vous avez des projets ? Parlez-nous-en.
Mes projets restent intacts, car je continue mon parcours d’écriture. Je ne pense à rien d’autre que mon ultime projet : la publication de mon premier livre qui a pour titre « Karès kreyòl ».
LQN : Faites nous part de vos réalisations.
G. C : Je pense que je suis encore jeune pour parler de mes réalisations, ce serait de l’arrogance à mon avis. Mais il m’est primordial de parler de mon premier recueil de poèmes « Karès Kreyòl ». C’est un recueil de poésie que j’écris depuis 2019, je n’ai malheureusement pas pu le publier avant. Ce livre met en vigueur la langue créole, l’union, la femme haïtienne, les faits du quotidien dans un couple. La poésie me donne envie d’oser affronter la vie. Alors venez découvrir ce livre, vous aurez le même sentiment.
LQN : L’écriture, sinon quoi d’autre ?
G. C : Lecture (Loll). Il n’y a pas d’écriture sans lecture. Je suis étudiant en Sciences Politiques au Campus Henry Christophe de l’Université d’État d’Haïti à Limonade. Je fais partie d’une structure sociale appelée « Petit Coin ». En dehors de tout cela, je milite pour un nouveau système politique, une nouvelle classe sociale et surtout pour le procès Petrocaribe. Il faut que justice soit rendue concernant ce dossier.
LQN : Un message pour les jeunes comme vous ?
G. C : Le premier mot à vous laisser est seulement vous conseiller d’accélérer sur vos productions. Ce chemin n’est pas facile, surtout pour nous, les jeunes. Mais il y en a, il y aura toujours des places pour tous ceux qui ont besoin d’immortaliser leurs œuvres. L’écriture offre le bonheur à tout le monde, alors G. C : N’ayez pas peur, et surtout vous devez cultiver la persévérance, la sagesse. Vous devez saisir toutes les opportunités qui vous mettront dans ce beau monde. Le dernier mot s’impose : soyez amis avec le livre, la connaissance. Bienvenue déjà!
Propos recueillis par Hansky Hilaire