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Haïti 2017 à nos jours: un pays à feu et à sang

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Difficile d’établir un bilan exhaustif. Mais, à dénombrer les différents massacres organisés au cours des trois années passées, les assassinats et les multiples incendies qu’ a connu ce pays, il n’est pas du tout exagéré de conclure que l’Haïtien vit  chez lui à la façon des juifs errants.

Aujourd’hui , c’est la terreur dans le pays. L’insécurité est à son plus haut niveau. La vie de la population ne vaut plus rien. L’État chargé d’administrer le pays se croise les bras laissant les bandits opérer en toute quiétude. Chaque jour le bilan s’alourdit, la population pleure ses morts et les gens doivent fuir leurs lieux d’habitation comme des chiens égarés. Et ce, à cause de l’irresponsabilité de l’État et  l’impunité qui règne dans le pays. Ici, dans ce pays, doté d’une longue et belle histoire, c’est le civil armé qui fait la loi.

À Savien, à Ganthier, au cœur de la capitale, les civils armés organisés ne chôment pas. Ils interceptent et rançonnent même des ambulances de secours, des véhicules remplis d’élèves, des camions de marchandises et leurs chauffeurs. Durant ces derniers jours, on a dénombré plus d’une dizaine de morts violentes, y compris celle du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince,  le massacre des habitants de  Bel Air et l’incendie des demeures , entre autres. Le groupe 400 marozo est en pleine activité, le groupe de Savien en stand by, le G9 et alliés en situation de guerre. L’État, en bon spectateur, regarde la télé, écoute les  nouvelles ou fait la sieste comme si ces évènement se passaient sur la planète Mars, ou comme s’il regardait un film de science fiction.

Si cette semaine, le sang coulait à flot dans la capitale particulièrement, c’est un secret de polichinelle que cette situation perdure  depuis tout le règne de Jovenel Moïse. Massacre après massacre, l’État ne se manifeste pas, comme si c’était une situation normale. Pire, l’équipe au pouvoir n’a même pas, pour une fois, tenté de laver son visage accusé d’exécuter ces bains de sang.

La Saline, Carrefour-feuille, Tokyo, Pont-Rouge, Bel-Air (près de trois fois), Savien, Bas Delmas, entre autres, tous ont subi la démense des hommes armés et ont perdu de façon cumulée plusieurs centaines d’habitants, lynchés, fusillés et carbonisés. On ne compte plus les maisons et les marchés incendiés. Innombrables sont les abris désertés dans les quartiers populeux à cause de l’insécurité. L’exécutif et la justice semblent ne pas s’inquiéter, la vie continue.

Si les gouvernements qui se sont succédés  ont fermé les yeux sur les  centaines d’anonymes des quartiers populeux massacrés sauvagement, dont les cadavres sont abandonnés aux porcs et à la fureur du soleil, il n’a pas non plus manifesté la moindre solidarité pour les policiers tués en quantité, pour les hommes de loi, pour le Père Simoli, pour le Bâtonnier Dorval, pour le Substitut commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, pour le bébé sacrifié à Ganthier, pour ceux qui ont été fusillés à Delmas 2 et à Cité-Soleil par la fédération des gangs armés jugés proches du pouvoir, pour les deux danseurs carbonisés, pour le chauffeur de la camionnette récemment enlevé, tué et carbonisé. Le sang coule. Haïti présente un visage de détresse.

Uniquement pour la conservation du pouvoir, des manifestants sont abattus par  dizaines. Des mercenaires pourtant écroués par les forces de l’ordre  quittent le sol haïtien comme des citoyens paisibles, en étant aidés par le pouvoir. Pas moins de 10 massacres, plusieurs marchés incendiés, une longue liste de kidnappings et  d’assassinats opérés dans des circonstances suspectes,  voilà l’abominable bilan de cette période qui va de 2017 à nos jours.

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