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Insécurité : Le BINUH a recensé plus de 2.000 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements

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Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a publié ce 31 octobre son 3e rapport de l’année sur les représailles commises par des groupes armés contre la population. Ce rapport couvre le 3e trimestre de l’année 2023, allant du mois de juillet au mois de septembre, avec plus de 2.161 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements dans tout le pays. Un rapport qui résume la situation alarmante de la population face à la violence des groupes armés.

Sur toute l’étendue du territoire haïtien, les choses vont en empirant. Les bandes armées continuent de faire des victimes et n’épargnent personne. Meurtres et enlèvements sont leurs principaux méfaits. « Le Service des droits de l’Homme (SDH) du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a recensé plus de 2.161 victimes de meurtres, de blessures et d’enlèvements dans tout le pays ; les hommes représentant 76% des victimes, les femmes 22% et les enfants 2% ». À noter que ceci représente une augmentation de 16% par rapport au trimestre précédent (avril-juin). Par ailleurs, la violence a aussi fortement augmenté dans le département de l’Artibonite, qui représente désormais 27% du total des victimes enregistrées, (contre 13% au trimestre précédent).

Durant cette période, des trêves ont été annoncées entre les gangs, mais elles n’étaient qu’apparentes. Les gangs rivaux n’ont pas perdu de temps pour faire des victimes dans les rangs de leurs ennemis, notamment avec cette nouvelle tactique d’entreprises d’importation et d’exportation. « À titre d’exemple, le 26 septembre, le chef du gang Carrefour Drouillard et onze de ses membres ont été tués par leurs alliés parce qu’ils détournaient des camions appartenant à des entreprises qui bénéficiaient, semble-t-il, de la  » protection » du G-9. », précise le rapport.

D’autres pratiques prennent aussi vie dans certaines zones. Selon le rapport, dans les zones sous leur contrôle, les gangs s’érigent de manière croissante en détenteurs de la violence et en médiateurs des relations entre les résidents. Des exécutions ou des captivités de personnes contestant leur autorité ou refusant de se plier à leurs injonctions sont régulièrement signalées. « Au cours des mois d’août et de septembre, dans le quartier de Brooklyn (commune de Cité soleil), au moins 19 personnes, dont six enfants, ont été tuées par des membres de gangs comme punition pour « mauvaise conduite ». Parmi les victimes, il y avait un garçon de 8 ans qui a été tué pour avoir giflé un membre de gang au cours d’un jeu », indique le rapport.

À l’instar des violences sexuelles, les violences faites aux enfants n’ont pas non plus diminué, toujours selon le rapport. Au moins 36 enfants ont été tués ou blessés pendant la période de référence, dont certains avaient à peine 8 ans. La plupart de ces victimes se trouvaient dans leurs maisons ou dans les rues de leur quartier au moment de ces incidents graves. Des bâtiments scolaires et des orphelinats ont également été ciblés.

Le dysfonctionnement du système judiciaire ne rend pas la tâche facile. Les Palais de justice de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets ne sont plus opérationnels depuis les attaques dont ils ont fait l’objet en juin et juillet 2022. Depuis lors, les autorités gouvernementales n’ont pas pris vraiment de décision de relocalisation, ni de renforcement de la sécurité autour des bâtiments, dont certains seraient toujours occupés par des membres de gangs. Face à cette situation, le tribunal et le parquet de Port-au-Prince continuent à occuper temporairement un espace réduit, prêté par l’Office de la Protection du Citoyen (OPC). Cependant, les magistrats ne peuvent s’y rendre que trois jours par semaine, ce qui est loin d’être suffisant au regard du nombre de dossiers à traiter. Les magistrats de la Croix-des-Bouquets, quant à eux, continuent à travailler dans un espace exigu au sein de la mairie de Tabarre.

Pour tenter de remédier à cette situation, le BINUH recommande à la communauté internationale de maintenir Haïti sur l’agenda international et d’accélérer le déploiement de la mission multinationale d’appui à la sécurité dans des conditions conformes aux normes et standards des droits de l’Homme, telle qu’elle a été adoptée par la Résolution 2699 (2023) du Conseil de Sécurité.

Il souligne également que c’est au gouvernement haïtien de lutter contre le trafic et le détournement illicite d’armes à feu et de munitions, avec le soutien des pays de la région, de rétablir les services et les projets sociaux, en particulier pour les jeunes vulnérables vivant dans les zones contrôlées par les gangs et de soutenir le système judiciaire, en particulier en établissant des pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre la corruption et les crimes de masse, y compris ceux qui impliquent des violences sexuelles.

Darline Honoré

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