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Interdiction de 12 pays, dont Haïti, l’entrée aux États-Unis : c’est discriminatoire et cruelle, selon Amnesty International

En ciblant des personnes en raison de leur race, de leur religion ou de leur nationalité, originaires de pays dont les populations sont majoritairement noires, métisses et musulmanes, cette interdiction totale constitue une discrimination raciale selon le droit international relatif aux droits humains, déclare la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, à travers un communiqué paru le 5 juin 2025. 

La nouvelle interdiction d’entrée sur le territoire américain décrétée par Donald Trump attire la foudre de certains organismes internationaux de défense des droits humains. Selon la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, cette décision favorise la haine et la désinformation, en renforçant l’idée erronée que certaines populations sont davantage susceptibles de présenter des risques pour la sécurité ou de se livrer à des actes de violence.

À en croire Mme Callamard, cette interdiction arbitraire viole par ailleurs le droit de ces personnes de demander l’asile face à des persécutions et l’obligation des États-Unis de les protéger en vertu du droit international et national relatif aux réfugiés. Alors que, avance-t-elle, le droit de solliciter l’asile est déjà inexistant aux frontières des États-Unis, cette décision va causer encore plus de souffrances pour celles et ceux qui fuient des régions déchirées par la guerre, des violations massives des droits humains et d’autres situations dangereuses et viennent chercher la sécurité aux États-Unis.

Le cas des personnes migrantes et en quête d’asile : Agnès Callamard en parle !

Selon Mme Callamard, cette interdiction d’entrée sur le territoire américain n’a rien de différent de celles que le président Donald Trump avait mises en place lors de son premier mandat. Cette décision, dit-elle, « repose sur le racisme et la xénophobie et n’a rien à voir avec la sécurité nationale ou la protection de quiconque ». Car, elle a rappelé, « en prenant pour cibles et en plaçant en détention des personnes immigrées qui n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression, en séparant des familles et en procédant à des expulsions en masse, entre autres actions, le gouvernement de Donald Trump a déjà mis en danger des dizaines de millions de personnes aux États-Unis ».

Cette interdiction d’entrée sur le territoire américain « est un nouvel exemple du piétinement persistant des droits des personnes migrantes et en quête d’asile par ce gouvernement », selon Amnesty International. Car, selon l’organisme de défense des droits humains, « les peuples s’épanouissent lorsque les gouvernements donnent la priorité à la sécurité de toutes les personnes, sans tenir compte de leur nationalité, de leur religion ou de leur race ».

Retour sur la décision prise par Donald Trump

C’est à travers un document publié le 4 juin 2025 par la Maison-Blanche que le Président américain Donald Trump a décidé d’interdire aux ressortissants de 12 pays l’entrée aux États-Unis pour « protéger » le pays de « terroristes étrangers ».

Cette mesure, qui entrera en vigueur le 9 juin 2025, concerne les ressortissants des douze (12) pays. Il s’agit des pays comme « l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen ».

Pour justifier sa décision prise contre Haïti, le Président américain Donald Trump a fait savoir et ce en s’appuyant sur « le rapport sur les dépassements de séjour », qu’« Haïti avait un taux de dépassement de séjour pour les visas B-1/B-2 de 31,38 % et un taux de dépassement de séjour pour les visas F, M et J de 25,05 %». De plus, ajoute-t-il, des centaines de milliers d’étrangers haïtiens illégaux ont afflué aux États-Unis pendant l’administration Biden. Par conséquent, « cet afflux nuit aux communautés américaines en créant des risques aigus d’augmentation des dépassements de séjour, d’établissement de réseaux criminels et d’autres menaces à la sécurité nationale », peut-on lire dans ce document publié.

Comme chacun sait, explique le document, Haïti ne dispose pas d’une autorité centrale disposant d’une disponibilité et d’une diffusion suffisantes des informations policières nécessaires pour garantir que ses ressortissants ne compromettent pas la sécurité nationale des États-Unis. En ce sens, « l’entrée aux États-Unis des ressortissants d’Haïti en tant qu’immigrants et non-immigrants est par la présente totalement suspendue », précise le document.

Par ailleurs, il est aussi important de faire remarquer qu’il y a des exceptions dans la mesure prise par Donald Trump empêchant les ressortissants des douze pays de fouler le sol américain. « La suspension et la limitation de l’entrée en vertu des articles 2 et 3 de la présente proclamation ne s’appliquent pas :

(i) tout résident permanent légal des États-Unis ;

(ii) tout double national d’un pays désigné en vertu des articles 2 et 3 de la présente proclamation lorsque la personne voyage avec un passeport délivré par un pays non ainsi désigné ;

(iii) tout ressortissant étranger voyageant avec un visa de non-immigrant valide dans les classifications suivantes : A-1, A-2, C-2, C-3, G-1, G-2, G-3, G-4, OTAN-1, OTAN-2, OTAN-3, OTAN-4, OTAN-5 ou OTAN-6;

(iv) tout athlète ou membre d’une équipe sportive, y compris les entraîneurs, les personnes jouant un rôle de soutien nécessaire et les proches parents, voyageant pour la Coupe du monde, les Jeux olympiques ou tout autre événement sportif majeur tel que déterminé par le secrétaire d’État ;

(v) visas d’immigrant de famille immédiate (IR-1/CR-1, IR-2/CR-2, IR-5) avec des preuves claires et convaincantes de l’identité et du lien familial (par exemple, ADN) ;

(vi) adoptions (IR-3, IR-4, IH-3, IH-4) ;

(vii) Visas d’immigrant spéciaux afghans ;

(viii) Visas d’immigrant spéciaux pour les employés du gouvernement des États-Unis ; et

(ix) visas d’immigrant pour les minorités ethniques et religieuses confrontées à des persécutions en Iran ».

La réaction du gouvernement haïtien

Dans un communiqué de presse paru le 5 juin 2025, le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC)  dit prendre acte du décret du Gouvernement des États-Unis d’Amérique, en date du 4 juin 2025, portant restriction à l’entrée sur son territoire des ressortissants étrangers de 12 pays dont la République d’Haïti.

Consciente des conséquences de cette décision sur les familles haïtiennes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, la chancellerie affirme, à cet égard, qu’elle « s’engage à travailler à la recherche de solutions rapides ». « Au regard de la « Déclaration de Los Angeles pour une migration régulière, sûre et ordonnée » adoptée lors du 9ᵉ Sommet des Amériques tenu aux États-Unis d’Amérique en juin 2022, le MAEC entend poursuivre le dialogue et la coopération avec le gouvernement américain en matière de sécurité et de politique migratoire », a conclu le MAEC dans son communiqué.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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