« Je veux être libre. Je veux être une femme artiste », déclare avec force Rhode J. Horace
4 min read« Au fond, si le théâtre est le miroir de la société, il n’est rien du tout : un miroir, c’est purement passif », a déclaré le célèbre écrivain québécois, Claude Levesque (de regrettée mémoire), au sujet du sixième art. Abondant dans le même sens, la comédienne Rhode Jemima Horace pense que le théâtre doit gueuler pour dénoncer les brigandages de la société.
« Je choisis le théâtre parce que j’ai beaucoup à dire, et que j’ai toujours des messages à partager. Parce que l’art offre cette liberté qu’on ne trouve pas dans les autres métiers », affirme la comédienne et ancienne enseignante d’art théâtral, Rhode Jemima Horace, parlant de sa passion pour cet art qu’elle a embrassé depuis sa douce enfance. Née dans la capitale de Port-au-Prince, Rhode a fréquenté l’École Nationale des Arts pour étudier le théâtre. Toutefois, En raison des tumultes incessants qui sévissaient, elle a dû abandonner le cursus qu’elle avait choisi.
À Martissant, devenu aujourd’hui l’alcazar des bandits, Rhode dit avoir vécu une belle enfance. Une enfance fortement marquée par la présence de sa mère, couturière, qui faisait d’elle la covergirl du coin. « Ma mère prenait grand soin de nous. Nous étions toujours bien sapées, ma sœur et moi. On ne manquait de rien », confie la conseillère en insertion sociale et professionnelle, hormis la présence de son père à la maison.
À en croire son témoignage, son père était rarement présent, il passait beaucoup plus de temps hors de leur vue. « C’est comme s’il n’avait jamais été là, précise Jemima, qui interroge le courage de sa mère (une héroïne à ses yeux) qui a su élever dignement quatre enfants toute seule. Cependant, les rares fois où il était à la maison, il nous comblait tellement qu’on avait le sentiment qu’il avait toujours été là », raconte la passionnée de l’éducation, qui, toutefois, aurait souhaité profiter davantage de l’amour paternel chaleureux.
C’est justement dans ce contexte que s’est forgée la forte personnalité de Rhode Jemima Horace qui, depuis 2018, évolue en France, où elle a obtenu sa licence en information et communication (parcours, organisation et stratégie numérique). Elle fait son Master I en communication publique et espère poursuivre bientôt son Master II en communication publique et politique à l’Université Côte d’Azur.
Une autre passion dévorante que chérit Rhode, outre l’art de la scène, c’est bien l’éducation. Car, cela lui permet de s’engager auprès des plus faibles afin de les aider à trouver leur voie, à en croire sa description sur son profil Linkedin. Ayant un profond intérêt pour l’insertion sociale et professionnelle, elle fait tout un plaidoyer pour défendre les marginalisés, les minorités qu’on a tendance à exclure dans les grandes sphères sociales. D’où l’importance de l’art, comme forme d’expression de la liberté, dans son discours dénonçant le déséquilibre de la société. « J’ai besoin qu’on entende et qu’on me comprenne. En effet, à travers le théâtre je peux m’exprimer librement, d’autant plus que j’ai beaucoup à dire », déclare la comédienne, qui proteste avec véhémence contre la décision de la Cour suprême américaine de révoquer le droit des femmes à l’avortement, le 24 juin dernier. « Notre corps nous appartient, c’est à nous que revient le droit de décider si l’on veut avorter ou pas. Cette décision n’appartient pas aux juges », dénonce l’enseignante Rhode J. Horace, depuis la France.
De plus, celle qui prend ouvertement position pour la communauté LGBTQ, condamne la recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles en Haïti. « Il faut dénoncer ce qui se passe dans le monde et surtout en Haïti… Il faut dire non au féminicide, il faut dire qu’un homme n’a pas le droit de nous trancher la gorge, de nous enlever un œil ou de nous poignarder », fustige l’experte en communication, qui pense que le théâtre, comme expression artistique, doit gueuler pour dénoncer les brigandages de la société.
En outre, l’art est pour elle ce subterfuge qui lui permet de se libérer des interdits, des impositions ou barrières sociétales. À travers son théâtre, elle revendique cette liberté en tant que femme artiste. « Je veux être libre. Je veux être une femme artiste »,ne cesse d’affirmer Rhode Jemima Horace, prêtant ainsi sa voix à toutes ces femmes oubliées.
Statler Luczama
Luczstadler96@gmail.com