Josué Azor, le magicien de la photographie haïtienne

Avec son style, son angle et ses prises uniques, le photographe Josué Azor partage sa vision du monde à travers une photographie qui se veut originale. Derrière sa caméra, le spécialiste de l’image cherche le beau, le vrai, ce qu’il y a de plus sensationnel en fait. L’artiste Josué parle dans cette page de son premier amour, la photographie.

C’est avec son sourire amical que le photographe Josué Azor répond au téléphone ce mardi, prêt à parler de son expérience passionnante avec la photographie. Tandis qu’on l’attendait dans les domaines professionnels les plus encensés par la société, il a fait un saut à la surprise générale dans la photographie, laissant derrière lui ce cursus en Sciences administratives qu’il avait entamé à l’UEH dans un premier temps, puis à l’UniQ. « J’ai dû mettre de côté mon cursus universitaire, car j’étais trop occupé par la photographie. D’autant plus que je n’étais pas motivé par ces études », explique Josué qui a suivi pour son initiation dans ce milieu qui le fascine, des séminaires avec le photographe  connu David Pamoison.

Depuis, l’ancien élève du Collège Bird ne se sépare plus de son appareil de photo grâce auquel il immortalise des images réussies, des instants intensément sensationnels.

Élevé sous le    poids des diktats religieux, le concepteur de « Les noctambules », une série de photos, utilise son art pour remettre en question les idées, les valeurs qu’on lui a longtemps imposées. Sous cet angle philosophique, il aborde le monde des interdits, les tabous, il révèle sous la lumière du jour les secrets de la vie nocturne de Port-au-Prince. C’est ce qui le distingue du lot en effet. « On nous a toujours interdit de marcher tard la nuit pour de multiples raisons. On ne sait jamais ce qui se passe en réalité le soir. Donc je devais porter un intérêt particulier à la vie nocturne de la capitale », indique le photographe.

Hashtag Gason solid sur les réseaux sociaux, Josué Azor expose son regard artistique  sur la nudité du corps masculin qu’il aime à capturer. Empreint d’un puissant symbolisme, son travail est surtout marqué par sa manière libre d’aborder le réel avec beaucoup de sensibilité et d’esthétique notamment. Sans vouloir influencer le regard de l’autre, il se permet de susciter des interrogations, d’animer avec ses images les débats sur des sujets de société controversés, comme l’homosexualité par exemple, si l’on s’en tient à ses mots.

Appartenant au queer, Josué Azor s’intéresse aux festivités de la communauté LGBTQ, immortalisant la folle ambiance de ceux-là qui profitent de la vie, dans l’ombre d’une société homophobe et intolérante. « Quelque part, on peut en déduire que ces photos relèvent d’une forme de militantisme. Mais je les vois davantage comme un travail de mémoire qui restera dans l’histoire du pays », déclare Josué Azor qui eut à exposer ses photos un peu partout à travers le monde.

À l’heure de cette rédaction, Josué Azor travaille sur son projet phare, un photo-documentaire, à propos duquel il évite de donner trop de détails. Par ailleurs, il continue ses balades nocturnes dans Port-au-Prince et enchaîne les prises de vue dans l’univers du vaudou haïtien. « En fait, mon but est de projeter une autre image du pays. Je crois qu’il est temps de vendre le pays autrement », pense le photographe artistique, en ayant toutefois la prudence de ne pas trop se leurrer. Il espère en ce sens que ses concitoyens cultivent davantage les valeurs de tolérance et de respect pour la liberté individuelle.

Le photographe à succès du collectif K2D qui vient de lancer l’exposition IJANS pour attirer l’attention sur le déclin de l’environnement, Josué Azor, passionné du par le design de l’intérieur, conseille aux jeunes d’avoir leur rêve comme boussole, et de toujours avoir la détermination et le courage d’avancer vers leurs objectifs. « Qu’ils fassent ce pour quoi ils sont passionnés », conclut le magicien de la photographie.

Statler Luczama

Luczstadler96@gmail.com