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Après trente ans de carrière, Wooly garde encore sa fraîcheur musicale

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Se passant de présentation, l’homme à la guitare, Wooly Saint Louis Jean, met en chanson la poésie haïtienne en proposant ainsi un alléchant dessert musical pour le bonheur des amants de la bonne musique. Avec plus d’une cinquantaine de musiques dans sa discographie, le musicien et professeur joue à merveille sa partition dans le secteur musical haïtien.

Bercé par une mère qui aime à libérer son corps au rythme dansant des rites populaires comme le Yanvalou et le congo, Wooly Saint Louis Jean est déjà au contact de la musique  alors qu’il est encore au stade embryonnaire. Avec ses oreilles sensibles au bel accord, il prend plaisir à admirer son oncle, frère de son père, qui joue de cet instrument à corde phare du troubadour, le banjo. C’est ainsi qu’il s’épanouit dans un environnement où le bon son donne le ton.

À la grand-rue, le jeune mordu de la musique d’alors a la chance de côtoyer de grands noms de la musique haïtienne. On pense en effet à Ricardo Franck, plus connu sous le nom de Ti plume et le fameux Rodrigue Milien, entre autres, qui au passage ont marqué de leur empreinte la musique haïtienne. « C’est en côtoyant ces musiciens que j’ai appris à jouer de la guitare. J’ai eu la chance de les fréquenter, et en fait ce sont eux qui ont guidé mes doigts pour mes premiers accords », se souvient Wooly Saint Louis, avec un sourire au téléphone, laissant imaginer sa grande fierté d’avoir connu ces artistes. Dans une ambiance de sérénade, le jeune ado de seize ans de l’époque se plaît à se délecter de la bonne musique en filant en douce à l’insu de sa mère, pour rejoindre les gars du coin qui du matin au soir font chanter leurs instruments, si l’on s’en tient à ses mots. « Ce fut une époque extraordinaire ! », s’exclame la voix de Pòtay Saint Joseph, qui rêvait toujours d’animer une scène à l’instar de Rodrigue, en chantant avec sa guitare.

Plus tard, dans les années quatre-vingt six, il lancera sa carrière aux côtés de grandes figures parmi tant d’autres qui marqueront à jamais le secteur artistique haïtien, comme feu Boulo Valcourt, Syto Cavé, Manno Charlemagne, Guy Régis Junior…Avec ce dernier, poète, romancier et metteur en scène très  connu dans le milieu, sa carrière connaîtra un bel essor marqué par de belles tournées aux États-Unis, dans les Antilles, et de l’autre côté du globe, grâce à leur projet commun Pwezi Peyi (Poésie pays).

Wooly dit apprécier la musicalité de la poésie, en effet. Un accord fascinant avec sa guitare qui accouche en 2005 de son premier album, « Quand la parole se fait chanson ». « J’ai été fasciné par l’expression artistique de la poésie haïtienne en musique lors d’une représentation théâtrale à laquelle j’ai assisté. C’est ce qui a inspiré mon travail sur cet album composé d’une quinzaine de chansons », explique le chanteur qui reviendra en version plus orchestrée en 2011 avec « Eta n sinik », composé de treize morceaux, grâce auquel on va découvrir sa passion pour le jazz et le blues. Et enfin, « Pwomès », son dernier opus sorti en 2018, sera l’expression musicale d’un mélange de la poésie chantée et quelques morceaux de jazz. Sur ce projet de quinze track, on verra l’empreinte de Jean Bélony Murat dit Bélo, envers qui il ne tarit pas d’éloges, de Rénette Désir, de son ami Valcourt, de Réginald Policard, entre autres. Par ailleurs, il participera à de nombreux projets musicaux comme par exemple ce dernier avec André Frouad, et quelques morceaux dans le contexte de la Covid19.

Avec une aussi riche discographie, Wooly Saint Louis fait montre d’une certaine sensibilité en ce qui concerne l’authenticité et l’originalité de sa musique. « On va continuer à travailler en valorisant bien sûr le travail des autres, continuer à écouter de bonne production afin d’être apte à offrir à mon tour des produits de haute qualité, tout en restant authentique et original », déclare le musicien qui, du haut de ses trente ans de carrière, constate avec regret le peu d’effort consenti par le secteur auquel il appartient pour promouvoir davantage la musique haïtienne.

Autre chose qui le fascine, c’est l’enseignement. Camarade de Roger Petit-Frère à l’École Normale Supérieure où il a étudié les sciences sociales au début des années quatre-vingt dix, Wooly Saint Louis avoue avoir été influencé par l’éloquent professeur Fritz Boursiquot. « J’étais passionné par la manière dont il dispensait son cours et je crois que c’est ce qui m’a poussé à l’étudier à l’ENS », confie le professeur et chanteur, qui nage dans le bonheur quand il prépare son cours en écoutant de la bonne musique.

La voix de Pwomès, Wooly Saint Louis espère rendre hommage au grand écrivain haïtien Jacques Stéphen Alexis, avec un opus de six chansons concoctées selon le goût du célèbre auteur qu’il a eu la chance de fréquenter par le passé. Ce projet, qui aura évidemment la bénédiction de son manager Jacques Alexis, qui s’avère être le fils de Jacques Stéphen, marquera le centenaire de la naissance de l’écrivain. On l’attend impatiemment.

Statler Luczama

Luczstadler96@gmail.com

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