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« Kanbiz », une activité lucrative, mais sur le marché informel !

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Des cambistes Œuvrant dans un coin de rue à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Les opérations de change sont courantes dans la société haïtienne. Bien que faible économiquement, Haïti est un pays qui essaye de survivre. Les cambistes ambulants, « kanbiz » en créole haïtien, en contournant le décret du 30 janvier 1988, exercent la profession d’agent de change, mais dans l’informel.

Qui n’a jamais croisé, en vacant à ses occupations, un commerçant de devises dans les rues de la capitale, dollars américains et gourdes en mains, proposant des opérations de change ? Les cambistes sont légion dans le pays. Il s’agit d’une profession qui est exercée non seulement par des institutions certifiées, mais également par de simples citoyens qui veulent se créer un moyen de survie.

Cette activité est régie par le décret du 30 janvier 1988, lequel confère sous certaines conditions, le droit de la mener. « Les Agents de Change, constitués de la manière prescrite par la Loi, ont seuls le droit d’en exercer la profession et de recueillir, acheter ou vendre, négocier, escompter ou payer des valeurs monétaires, coupons, titres d’actions ou d’opérations, lettres de change ou billets à ordre et autres effets susceptibles d’être cotés, quels que soient leur dénomination et le lieu de leur création, dont le montant ou le prix est payable à l’étranger en monnaies étrangères ou payable en Haïti en monnaie haïtienne sur une disposition de l’étranger ou après négociation à l’étranger », stipule l’article 1er dudit décret.

D’autres instruments légaux ont par la suite renforcé les dispositions concernant le change dans le pays. À cet effet, il convient de rappeler le décret du 6 juillet 1989 sur les maisons de transferts, modifié par le décret du 5 juin 2020, ou encore la loi du 14 mai 2012 sur les banques et autres institutions financières.

Entre avantages et inconvénients

Plus de 60% des activités économiques du pays sont exercés par le secteurinformel. La faiblesse de l’institutionnalisation des activités commerçantes dans le pays constitue, entre autres, l’un de ses plus grands défauts. Contacté par la rédaction du journal Le Quotidien News, Guy Mary HYPPOLITE, économiste en herbe qui se prépare à soutenir ses travaux de mémoire dans une université à Port-au-Prince,  donne son avis sur la question.

« Cette activité comporte quelques avantages, et des inconvénients. Mais beaucoup plus d’inconvénients qu’on ne pense. Comme avantages, elle permet à un agent économique lambda de faire ses transactions économiques avec plus de facilité étant donné les difficultés de l’accès aux banques commerciales. L’inconvénient est que l’activité des « kanbiz » n’est aucunement régulée. C’est un marché informel qui échappe totalement aux radars de la Banque Centrale. Mais quand même,  les cambistes ont un minimum de moralité, ils s’entendent autour d’un prix pour l’acquisition des devises. Par ailleurs, ils contribuent également à une certaine instabilité au niveau du marché monétaire : certes, l’activité échappe  au contrôle des autorités, mais par ailleurs, les « kanbiz » essayent de proposer un taux de change supérieur à celui qui est pratiqué par le secteur  formel de l’économie », explique-t-il.

Une activité lucrative

Lors d’une entrevue accordée au journal, Jacques (prénom d’emprunt pour des raisons de sécurité), qui est un cambiste fonctionnant dans le secteur informel,  a livré quelques informations autour de ses activités et de son parcours. « Je travaillais pour un patron. J’achetais pour lui des dollars des États-Unis auprès de particuliers, et il me rémunérait tous les quinze jours. C’était très lucratif comme activité. Avec mon salaire, j’ai pu économiser  et aujourd’hui, je suis à mon compte. Je mène cette même activité, mais en étant mon propre patron. C’est le fruit de mon travail », a-t-il indiqué.

« La plupart de ceux qui pratiquent ce genre d’activité sont des travailleurs indépendants. Cependant, tous n’ont pas les moyens de se lancer seuls, et c’est pour cela que certains travaillent pour des banques commerciales pourlesquelles ils achètent des devises étrangères dans les rues, en particulier des dollars des États-Unis », a fait remarquer le cambiste.

Pour lui, les affaires semblent être florissantes. « Je convertis, dit-il, en dollars plus de 800 000 gourdes par jour, soit environ 4 200 000 gourdes la semaine. C’est moi qui ai les gourdes, et j’achète des dollars des États-Unis avec. Je suis donc obligé de donner mes références en gourdes haïtiennes. Moi je ne convertis que ces deux devises, à savoir la gourde haïtienne et le dollar des États-Unis. Je ne convertis pas dans les autres devises étrangères ».

Cependant, le cambiste est conscient que ses activités ne contribuent pas à faire avancer l’économie du pays, et espère bientôt se régulariser. « Je suis conscient que mes activités ne profitent pas à l’économie du pays avec la situation actuelle. Le commerce de devises comme je le fais est un marché informel. Mais bon, l’État haïtien ne prend rien en charge. Alors on est là, à faire du mieux qu’on peut pour survivre », a-t-il déclaré. « Je compte régulariser mes activités, et je veux devenir, dans un avenir proche, un entrepreneur capable de proposer aux jeunes du pays un emploi stable, et formel ».

Clovesky André Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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