Kimy belle gazelle, en couverture de Être Femme Haïtienne
4 min readDotée d’une créativité sans pareille, Kimy belle gazelle fait des heureux avec son art. Elle est capable de mettre des motifs sur quasiment tout ce qui passe sous ses mains: sur des prêt-à-porter, des verres, des tables et même des céramiques. Grâce à cette capacité, elle souhaite redorer l’image du vodou haïtien, traité en parent pauvre par les Haïtiens eux-mêmes. Découvrons Kimberly Jeannot, cette entrepreneure affûtée qui prône l’autonomie de la femme.
Teint argenté, regard pétillant, cheveux locksés aux pointes ensoleillées, Kimberly Jeannot a vraiment l’allure d’une belle gazelle. Pourtant, la jeune femme de vingt-six ans veut qu’on regarde de préférence au-delà de ce qui tape à l’œil : pour voir ses vraies valeurs, ses compétences, sa créativité. « Je ne veux pas qu’on me voit pour ma beauté, mais pour ma capacité », déclare l’artiste, dotée d’un talent extraordinaire.
Aînée du côté maternel de sa famille, Kimy a grandi dans une famille cultivant le pentecôtisme, où elle a reçu une éducation chrétienne. Mais en grandissant, la native de la capitale a emprunté un autre chemin, une autre voie où elle affirme avoir trouvé la quiétude d’esprit. « Le vodou a beaucoup d’importance dans ma vie, nous dit-elle. Il me fait ressentir une autre vibration. Menm lè m ap tande mizik vodou m santi m nan on lòt mood », ajoute-t-elle, sourire aux lèvres.
Gestionnaire de formation, Kimberly est en outre une jeune femme qui a le sens de l’entrepreneuriat, en prenant toujours des initiatives pour remplir sa bourse. « C’est quelque chose qui est en moi, j’ai grandi avec. Toute petite à l’école, j’essayais toujours de vendre quelque chose, aussi petite soit-elle », confie l’entrepreneure, ambitieuse et indépendante. Avant d’émigrer en République Dominicaine pour des raisons de sécurité, elle avait déjà créé plusieurs entreprises dans la capitale haïtienne. « Je vendais une boisson alcoolisée, faite à base de cosses naturelles », informe la CEO de The Marathon Drink. D’autre part, elle chatouillait sa créativité en dessinant des modèles qu’elle et son équipe confectionnaient dans son atelier de lingerie fine. Mais le climat d’insécurité en Haïti l’a poussée vers l’autre côté de la frontière, où elle continue de parfaire sa création.
« Je suis quelqu’un d’autonome, de créatif, qui cherche toujours à investir…Je ne pouvais pas rester les bras ballants en République Dominicaine, dans un pays qui n’offre pas beaucoup d’opportunités aux femmes. Je devais créer quelque chose pour m’en sortir », raconte Kimy, passionnée d’art. Enfant, elle avait appris à faire de l’artisanat lors des camps d’été auxquels elle participait. Au fil du temps, elle a perfectionné davantage cette capacité grâce à laquelle elle s’impose aujourd’hui chez les voisins dominicains. « Dans un premier temps, je me suis mise à chercher où trouver les matériels nécessaires pour mon atelier. Après quoi, j’ai commencé à créer, à proposer aux gens des produits artisanaux », poursuit l’artiste, qui se sert de son art pour redorer l’image du vodou.
« D’habitude, les croyants catholiques et vodouisants ont toujours leur image symbolique dans leur chambre. Des objets importants dans leur rituel mais qui sont trop souvent exposés à l’eau ou au feu, qui sont trop exposés aux risques de destruction. Suite à ce constat, je me suis dit que je pouvais me servir de mon art afin de mieux protéger ses images. Une idée qui a été bien accueillie par la communauté, d’où le succès de Kimy belle gazelle », conte Kimberly Jeannot, fière de ses réalisations.
Toutefois, pour se lancer, elle a dû affronter de nombreuses difficultés dont certaines sont liées à son genre. « Dans notre société, il est difficile pour une femme de se lancer dans l’entrepreneuriat malgré ses capacités, déplore la jeune entrepreneure. Cela nous demande d’être encore plus forte mentalement », ajoute Kimy, dénonçant les propositions indécentes faites aux femmes qui veulent entreprendre. De plus, les femmes ne supportent pas les femmes en Haïti, constate-t-elle. « Il est plus facile pour un homme de vous tendre la main dans ce secteur qu’une autre femme », regrette la tête pensante de Kimy belle gazelle.
En revanche, Kimberly souhaite instaurer en Haïti une école pour former des jeunes dans son domaine et les doter d’un nouveau métier. « Il n’y pas beaucoup de jeunes qui font ce que je fais. Donc il est important pour moi de former d’autres jeunes dans ce domaine, afin qu’ils puissent trouver une porte de sortie comme moi », annonce la barbie billionnaire, qui espère le retour au calme en Haïti pour revenir s’installer dans son pays.
Statler LUCZAMA
J’ai connu Kimmy depuis plus 10 ans, Je suis toujours étonné par ses accomplissements. Elle a un sens de créativité hors du commun et une attitude positive constante a faire les choses différemment. Félicitations Kimmy, un jours tu réussiras.