La communauté internationale sur les pas de nos politiciens !
3 min readLes missions, délégations ou envoyés spéciaux venus en Haïti depuis le 7 juillet 2021 jusqu’à date sont innombrables. Tous exécutent le même rituel, en l’occurrence : rencontrer certains acteurs de la vie nationale et s’enquérir de la situation. Malgré cela, la situation demeure inchangée.
La communauté internationale opère comme les parties prenantes haïtiennes. Un jour, elles vous montrent qu’elles sont préoccupées par les problèmes, le lendemain, c’est le silence total. Les rapports sur le terrain s’empilent dans les tiroirs et la population prise dans l’étau continue de réciter des prières.
À quoi devons-nous nous attendre de cette dernière délégation de la CARICOM ? N’est-ce pas une mission de trop venue dresser, elle aussi, sa liste des bobards racontés par nos élites ? Fera-t-elle mieux que les autres ? Toutes ces missions, commissaires et diplomates ne font que s’aligner sur la position de leurs interlocuteurs en Haïti. De ceux qui pensent être les représentants attitrés de la nation. De ceux qui sont au pouvoir de fait et de ceux qui ne font de l’opposition que pour attendre leur heure en vue de se faufiler dans les coulisses du pouvoir.
Les représentants de la CARICOM comme d’habitude repartent avec leurs cartables remplis. Ils se donnent la satisfaction de penser que personne ne pourra dire que les étrangers sont indifférents aux malheurs des Haïtiens. D’ailleurs, ils les ont écoutés et ils ont pris note. Ils vont réfléchir en attendant l’arrivée d’une autre mission avec les mêmes objectifs.
Comment leur demander de nous supporter si nous n’en ressentons pas le besoin ? Comment osons-nous penser que la communauté internationale doit se mettre à notre place pour résoudre la crise ? La résolution de la crise multiforme n’est, vraisemblablement, pas une priorité pour les antagonistes politiques. Que peuvent faire les étrangers, sinon nous imiter et avancer à notre rythme ?
Le Canada sanctionne au compte-gouttes. Il livre les matériels commandés par petits lots. Son appui à la Police Nationale suit la même cadence. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies aussi se fait attendre. Personne n’est pressé. Seulement la masse, peut-être, en vue de faire établir les passeports demandés dans les conditions qu’on connaît (bastonnades, évanouissements, tarifs excédant le prix normal). Tout peut attendre en Haïti, sauf les privilèges juteux des hauts fonctionnaires de l’État.
Pendant ce temps, le sang n’arrête pas de couler dans les différents quartiers de Port-au-Prince. Les civils armés ne ménagent pas leurs efforts pour kidnapper sans distinction les citoyens. Ils n’accordent aucun répit dans la guerre qu’ils déclarent aux policiers. Seules les couches défavorisées voient et sentent qu’il y a urgence dans la demeure.
Pour l’Exécutif, le compte est bon. Pour les radicaux de l’opposition, on peut s’en sortir seul. Tant que nous n’arriverons pas à comprendre que nous sommes en train de nous autodétruire. Tant que nous n’arriverons pas à prendre conscience de notre état et de notre niveau dans la profondeur de l’abîme infernal, nous n’arrêterons pas de compter les délégations étrangères venant faire du folklore dans le pays dans le plus pur style de nos habitudes.
Daniel SÉVÈRE