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La communication et l’Exécutif ne font pas bon ménage !

Le degré de violence enregistré ces derniers temps en Haïti obnubile la profondeur de la crise. Cela nous donne une sorte d’idée unitaire laissant croire que le seul problème du pays est l’insécurité. C’est normal si l’on considère son poids dans la crise. En réalité, ce n’est que la face visible de l’iceberg. L’arbre qui cache la forêt.

Les hommes d’État auraient dû considérer cette réalité comme une merveilleuse aubaine. Le fait de pouvoir se concentrer sur un seul problème parmi une quantité d’autres existants est une opportunité qui ne se présente pas tous les jours. Qui oserait critiquer ce Conseil s’il parvient à mâter cette insécurité chronique ? Malheureusement, l’Exécutif ne profite pas adéquatement de cet avantage. Ils ont préféré de ne rien faire. De ne rien dire. Ils sont sur une autre planète.

La communication et le pouvoir en place ne font pas bon ménage. En effet, en situation de crise, la communication joue un rôle prépondérant. C’est une arme précieuse qui aide les dirigeants à contenir les dérives et à rassurer les dirigés. C’est dommage que le Gouvernement actuel n’en fasse pas cas. Ce choix, malheureusement, coupe l’espoir de la population prise au piège par les groupes criminels. De plus, elle ne connaît ni la position réelle du pouvoir ni ce qui est vrai ou faux de ce qui se dit sur les réseaux. C’est l’amalgame total.

La population, pour la plupart, est obligée de se fier aux plateformes numériques, fer de lance des groupes armés, qui la bombarde de tous types d’informations (fake news, nouvelles à sensation, etc.). Les instances étatiques crédibles ne communiquent presque plus pourtant, elles seraient plus efficaces si elles étaient plus proches de la population. Si elles entretenaient une communication franche avec les dirigés. La gestion de l’image de l’équipe au pouvoir est le cadet des soucis des gouvernants. C’est dommage que dans l’opinion publique, le pouvoir soit aussi discrédité.

Du côté du Gouvernement, la bataille communicationnelle négligée profite pour envahir les réseaux sociaux afin d’exposer leur terreur et d’entériner leur discours de violence. Cette tactique leur permet de maintenir la pression, de faire de la diversion et d’exercer un contrôle total sur la population qui se déplace au moindre message annonçant l’envahissement de sa zone. Tout cela, sous le regard passif des dirigeants.

Ils torturent physiquement et émotionnellement la population civile. Ils maintiennent la cadence alors que l’État, garant de la sécurité, du bien-être populaire et de la bonne marche des institutions, ne tente rien pour faire le contrepoids. Comment est-ce possible qu’un Gouvernement puisse se montrer si fébrile par rapport aux actions des gangs ? Comment les dirigeants ont-ils pu se conforter dans le silence alors que les chiffres des déplacés internes, le nombre des personnes violées ou tuées, des gens risquant la famine, des quartiers contrôlés par les civils armés sont en nette croissance ? Comment expliquer que l’État se complaise dans une telle situation ? Que dissimule-t-elle, cette stratégie de silence et d’abandon populaire ?

Les minimes fois que l’État communique, il ne dit rien de conséquent. La conférence de presse de la police cette semaine en est un exemple. Il y a plus de discours d’investiture que de positions claires sur la crise. L’évidence, c’est que nous passons en si peu de temps des hommes bavards qui mentent à propos de tout à un Gouvernement qui opte pour le mutisme en adoptant une posture de : «  Laissons parler les gens et laissons faire les gangs ».

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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