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La crise environnementale en Haïti, urgente, mais reléguée à l’arrière-plan !

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La dégradation de l’environnement en Haïti est incontrôlable. Depuis plusieurs semaines, des incendies sont signalées dans plusieurs forêts en Haïti, dont les forêts des Pins et Pic Macaya alors que la capitale haïtienne surtout fait face à une insécurité insurmontable qui retient presque toute l’attention.  

La crise environnementale qui frappe le territoire national est grave. La précarité des aires forestières du pays interpelle plusieurs organisations qui militent pour la protection de l’environnement. Ainsi, un appel d’urgence aux autorités a été lancé car il est impératif d’agir au plus vite. L’organisation PROMODEV (Promotion pour le Développement), lors d’une conférence virtuelle autour de la question de l’environnement le 6 mars dernier,  en a profité pour souligner l’absence de politique environnementale, la négligence, le laxisme et la faiblesse des institutions en matière d’environnement et proposer des pistes de solution pour remédier à la situation.

Le Secrétaire général de l’organisation, l’ingénieur-agronome Talot Bertrand, au cours de cette conférence a présenté le phénomène de déforestation qui sévit en Haïti à l’aide d’une carte et a expliqué la portée anthropique de ce phénomène. Les responsables de la déforestation ne sont autres que les êtres humains.

Dans son intervention, M. Bertrand a tenu à préciser la définition de ce qu’on appelle « aires protégées ». Ce terme fait référence à un espace géographique clairement défini comme la source Zabeth ou encore la Citadelle Laferrière et tout autre endroit qui héberge des patrimoines historiques, culturels et écologiques. « Les aires protégées sont des espaces gérés par tout moyen efficace et juridique afin d’assurer sur le long terme la conservation de la nature, ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles », a-t-il précisé. « Malheureusement en Haïti, ce n’est pas quelque chose que l’on prend trop à cœur. La population ne participe pas toujours à la conservation des aires protégées, alors que tout le monde doit y contribuer, que ce soit l’État ou tous les autres secteurs », a fait savoir M. Bertrand.

En ce qui concerne le diagnostic sur l’état des aires protégées, l’ingénieur-agronome a souligné que l’État haïtien reconnaît officiellement 26 aires protégées, toutefois, il rappelle que cela n’implique pas que ce soient les seuls espaces à protéger parce qu’il y en a d’autres privés.  Parmi ces 26 espaces déclarés par l’État, moins de 30% d’entre eux sont fonctionnels, a souligné M. Bertrand . « À titre d’exemple, poursuit-il, il y a la forêt des Pins, le parc Macaya, le parc national naturel Lagon des Huîtres à Belle-Anse, qui sont sous la tutelle du Ministère de l’environnement ».

L’indifférence qui existe autour des aires protégées en Haïti est inquiétante. La conséquence est que plusieurs patrimoines historiques, culturels et des sites écologiques se détériorent au fil des années. Les catastrophes naturelles, la négligence et le manque d’implication des citoyens dans les questions environnementales, l’inexistence de politique publique au niveau des autorités étatiques, l’absence d’institutions spécialisées et récemment les conséquences de la violence armée constituent, entre autres, les principales causes de la dégradation de l’environnement et des écosystèmes.

Les conséquences du comportement irresponsable de tout un chacun sont nombreuses sur l’environnement et les aires protégées. Durant ces derniers jours, plusieurs espaces forestiers ont été la proie de grands incendies. C’est le cas de Dondon, du Parc Macaya et de la forêt des Pins. Selon Talot Bertrand, ces incendies peuvent s’expliquer par des causes naturelles à cause de la sécheresse.  Dans d’autres cas, ajoute-t-il,  des paysans  à la recherche de terrain humide pour cultiver coupent des arbres qu’ils brûlent ensuite, il est probable que le feu se propage ainsi.

Toutefois, même si la situation est délicate, tout n’est pas perdu. L’organisation engagée dans le développement à travers différents axes d’intervention, a  proposé de prioriser la technique, la compétence et la moralité sur la fonction politique nocive pour le pays en vue de sauver l’Agence des Aires Protégées (ANAP)  et le Ministère de l’Environnement (MdE), de valoriser les plans de gestion pour les aires protégées, de promouvoir le journalisme environnemental vers la communication scientifique et la création d’une commission en vue de sauver les plantules dans les centres de germoplasme.

À côté de la crise socio-politique et sécuritaire qui ne cesse d’attiser les débats, l’autre crise qui est tout aussi importante est celle environnementale. Si les « aires protégées » sont menacées de disparition, que restera-t-il des habitants? Il faut que chacun se souvienne qu’une relation d’interdépendance se construit entre l’environnement et la population qui y vit.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com                      

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