Plusieurs dizaines de personnes vivant avec le VIH (PV VIH) dans le pays ont organisé un sit-in, le lundi 19 mai 2025, devant la Villa d’Accueil, à Musseau, pour attirer l’attention des autorités sur le fait que les médicaments sont essentiels pour la survie des personnes séropositives en Haïti, mais aussi pour éviter de nouvelles contaminations.
Haïti est sur le point de faire face à une crise sanitaire si les autorités se contentent de faire la sourde oreille face aux revendications des manifestants séropositifs. « Il faut faire appel au ministre de la Santé publique. Nous sommes en train de mourir », scandaient les manifestants lors de la manifestation qui a été organisée par l’organisation Housing Works.
La situation des personnes séropositives a empiré en Haïti en raison de la dégradation du climat sécuritaire, mais aussi en raison de la décision l’administration du président américain Donald Trump qui a décidé de réduire de plus de 90% les contrats d’aide étrangère de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) et de 60 milliards de dollars l’aide mondiale globale.
Malia Jean, responsable de l’Association des femmes infectées et affectées par le VIH ( AFIAVIH) qui intervenait à la radio magik 9, a fait savoir que, depuis la fin des aides de l’USAID, les personnes vivant avec le VIH et qui dépendaient des programmes financés par l’agence américaine, sont abandonnées et n’ont pas accès aux traitements indispensables à leur condition.
Patrick Jean Noël, représentant de la Fédération des associations de lutte contre le VIH en Haïti, a déclaré au micro de la presse qu’au moins cinq cliniques, dont une desservant 2 500 patients, ont été contraintes de fermer après les coupes budgétaires de l’USAID. « Nous ne pouvons pas rester silencieux », a-t-il déclaré. « Il faut que davantage de gens sortent », exige M. Noël.
Aussi faut-il souligner que l’arrêt de l’aide américaine a causé la suspension immédiate de divers services vitaux, notamment la distribution d’antirétroviraux (ARV) et de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Ces traitements sont essentiels non seulement pour l’amélioration des patients séropositifs.
Mme Jean invite les autorités à assumer leurs responsabilités afin que la dépendance d’Haïti à l’aide étrangère pour des programmes de santé publique cesse. « Sans une réponse rapide, le pays risque de faire face à nouveau à une remontée des cas des personnes séropositives », a-t-elle déclaré, soulignant que cette situation mettra en péril des années d’efforts menés en Haïti dans la lutte contre le VIH.
Crise sanitaire, le CPT en parle
Le Conseiller-Président, Louis Gérald Gilles, a rencontré ce jeudi 22 mai 2025, plusieurs associations de plaidoyer pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), selon ce qu’a fait savoir le Conseil Présidentiel de Transition ( CPT) à travers une note parue sur sa page Facebook. À en croire les membres du CPT, cette rencontre visait à discuter des préoccupations croissantes concernant une éventuelle rupture de stock des antirétroviraux (ARV) et de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), outils essentiels à la prévention et au traitement du VIH.
Ces échanges ont permis de mettre en lumière les défis logistiques et financiers liés à l’approvisionnement de ces traitements, ainsi que les conséquences potentielles sur la santé publique si aucune solution rapide n’est trouvée. En ce sens, le Conseiller-Président Gilles a réaffirmé l’importance de garantir un accès ininterrompu aux ARV et à la PrEP, et s’est engagé à relayer les doléances des acteurs communautaires auprès des instances concernées pour des solutions à court et à long terme, rapporte le CPT, en précisant par ailleurs que le Dr Gilles a annoncé une prochaine rencontre avec les instances concernées en vue de mettre un fonds disponible pour l’approvisionnement de ces médicaments.
Jackson Junior RINVIL
rjacksonjunior@yahoo.fr