La jeunesse haïtienne face à ses responsabilités
3 min readLa jeunesse actuelle, prise entre les distractions de toutes sortes et un consumérisme démesuré elle oublie de réclamer ce qui lui est dû à savoir des mécanismes de création d’emplois et l’accès au crédit. Loin de mon intention de juger cette frange majoritaire de la population à laquelle j’appartiens mais je veux surtout attirer l’attention de la jeunesse sur un ensemble de questions combien importantes et de lui rappeler ses responsabilités face à elle-même et face à la Nation tout entière.
La révolution numérique a beaucoup contribué dans l’amélioration des conditions de vie de l’humanité. Grâce à elle on a l’impression qu’on a franchi un cap important dans l’histoire de l’humanité, des illusions jadis sont devenues des réalités et les choses paraissaient hors de notre portée sont devenus banales.
Cette révolution mélangée au grand courant de consommation de masse de la seconde moitié du XXe siècle a servi de pont pour les sbires capitalistes de s’implanter définitivement dans les quotidiens de pratiquement toutes les populations du monde. Les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Instagram , entre autres, se sont imprégnés dans nos mode de vie à un point qu’il est très difficile de concevoir notre vie sans eux. Nombreuses sont les nations qui ont utilisé les bienfaits de cette révolution pour se développer, nombreuses sont des générations de jeunes partout à travers monde qui ont su se créer un nom et fortune grâce à une utilisation efficiente de ces outils.
Cependant la jeunesse Haïtienne reste toujours en marge de ces progrès et fait une utilisation souvent mauvaise de ces atouts. Abandonnant l’espace politique pour des renégats, des corrompus sans vision et des malfrats de toutes sortes, elle refuse de prendre son destin en main et de lutter pour ce qui lui revient de droit.
Plus de la moitié des Haïtiens est âgés de moins de 30 ans (Banque mondiale 2019). Ce qui fait de nous l’une des populations les plus jeunes de la région caribéenne. Cela veut dire que nous possédons une force de travail extraordinaire. Cependant L’État Haïtien n’a jamais mis en place un véritable plan afin d’exploiter de manière significative cette force de travail. Les jeunes sont laissés pour contre et pour subsister dépendant pour la majorité d’entre eux d’un parent de la diaspora.
Le taux de chômage avoisine les 14% et le secteur informel absorbe plus de 80% de l’emploi total (Banque mondiale 2020) et l’ironie du sort c’est qu’il n’y a aucune politique publique pour favoriser l’investissement des grands capitaux et aussi aucune politique de création d’emplois.
Au niveau de l’accès au crédit, Haïti reste le pays de la caraïbe où obtenir un prêt bancaire pour financer une activité entrepreneuriale est le plus difficile. Seulement une infirme de la population a l’accès au crédit dans les banques commerciales car les conditions imposées par celles-ci représentent des barrières pour les jeunes entrepreneurs et par ailleurs l’Etat n’a aucune politique visant à la démocratisation du crédit. N’est-ce pas par là qu’il faut comprendre que les discours incitant les jeunes à l’entrepreneuriat sont des discours truffés de bluff et de mensonges. Comment entreprendre dans un environnement si hostile à l’entrepreneuriat ?
Le moment est peut-être venu pour la jeunesse de prendre ses responsabilités. Un sursaut patriotique est plus que nécessaire pour nous sortir de l’abîme que nous sommes et seulement les jeunes qui ont l’énergie nécessaire pour mener cette révolution. Au lieu de gaspiller cette énergie dans des choses superficielles, il serait plus intéressant de les utiliser pour mener les combats nécessaires pour se sauver elle-même et du même coup sauver les générations futures.
Frantz Azemar