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La méfiance et la peur s’installent dans la société haïtienne: Qu’en est-t-il de la fraternité?

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Depuis quelque temps, la population haïtienne est enfermée dans la peur. Dans la rue, les gens se fuient les uns les autres. Les notions de confiance, d’entraide et de solidarité, qui sont les piliers de la société haïtienne, disparaissent. Une atmosphère de méfiance et de peur remplace la convivialité.

Le peuple haïtien connaît des jours moroses. De nombreux événements entravent la vie de la nation. La détérioration de la situation sécuritaire du pays pousse les habitants du pays à changer leurs habitudes et à s’adonner à une culture de la prudence. D’ailleurs, selon certaines observations, avec l’émergence des groupes armés, la notion de confiance a perdu tout son sens à travers le vécu quotidien en Haïti.

En effet, dans la rue, les habitudes de salutation, d’échanges de paroles avec des inconnus sont de plus en plus rares. Les discussions dans les « tap tap » ou sur le trottoir ne sont plus à l’ordre du jour à cause de la situation sécuritaire du pays. Les gens ont peur de s’approcher les uns des autres, de peur d’entrer en contact avec quelqu’un de connivence avec des individus armés. Même avec des proches, les rapports deviennent plus froids. La méfiance et la peur sont désormais, le lot quotidien de la nation. David Louis-Jeune, étudiant de psychologie en deuxième année à l’Université Notre Dame d’Haïti, partage son avis sur la question.

Selon David Louis-Jeune, la psychose de peur qui s’empare de la population actuellement est due aux différents traumatismes qu’elle a subis ces 30 à 40 dernières années. Par ailleurs, cela a empiré avec la dégradation de la situation sécuritaire du pays. La peur s’installe petit à petit au sein de la communauté haïtienne car les relations bâties depuis plusieurs années, entre le peuple et le Gouvernement ne reposent aucunement sur la confiance. Cela influe inévitablement sur le comportement des citoyens vis-à-vis du Gouvernement et vis-à-vis d’autres citoyens.

« Le peuple haïtien est conscient de ce qui lui arrive. À l’heure actuelle, tout le monde comprend que n’importe qui peut être victime, n’importe où et à n’importe quel moment. Le pire, c’est que n’importe qui peut faire partie d’un gang. Ce qui provoque évidemment un sentiment de peur et de méfiance. Or, la peur est une réaction du cerveau pour pousser les gens à réagir face à une situation dangereuse en vue d’assurer leurs survies. Il faut souligner que la peur a un rapport direct avec l’instinct de survie. Cette dernière peut faire fuir l’individu qui cherche à sauver sa vie ou qui lui faire développer d’autres comportements dans l’objectif de se protéger du danger qui pèse sur lui », affirme M. Louis-Jeune.

« Aujourd’hui, à tous les niveaux, les rapports humains sont de plus en plus difficiles en Haïti. Les Haïtiens ne savent plus en qui croire et entre les mains de qui livrer leur vie. D’ailleurs, si l’État refuse de prendre ses responsabilités, si la justice et les forces policières abandonnent presque la population à son sort, c’est normal que la population se méfie de tout le monde et affiche des comportements désagréables et nonchalants face aux inconnus. Cette peur devient presque ancrée dans chaque citoyen. Cette réaction n’est pas condamnable et les réactions face à la peur ne sont pas forcément négatives », estime M. Louis-Jeune.

Le jeune étudiant en psychologie souligne que la peur est avant tout une émotion. Il s’agit d’une stimulation sensorielle qui envoie un message directement au thalamus et la réaction de chaque individu dépend de l’interprétation que fait le cerveau de la situation. « La peur donne un signal à l’organisme pour le prévenir du danger. Donc, face à une même situation, chaque individu peut agir différemment. Par exemple, les réactions d’autodéfense des habitants de certaines zones envahies par des individus armés peuvent être des réactions à la peur et peuvent être considérées comme des actes de survie. En effet, il s’agit de sauver sa vie et celle de ses proches », conclut M. Louis-Jeune.

Face à cette situation de terreur et de méfiance, il est primordial que la nation se souvienne de la devise du pays. La nation haïtienne est construite sur des bases que rien ne devrait ébranler. Liberté, Égalité, et bien-entendu Fraternité sont les pierres angulaires sur lesquelles Haïti a été fondé comme nation. En ce moment, plus que jamais, les citoyens doivent se souvenir de ces trois mots et surtout de la fraternité pour sauver Haïti.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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