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La présidence, sous l’emprise du premier ministre Ariel Henry

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La mort de l’ancien président haïtien « de facto » Jovenel Moïse a laissé l’un des plus grands vides institutionnels  qu’Haïti n’ait jamais connus. La présidence, en tant que l’une des structures de l’Etat est bel et bien affectée par ce vide. A cet effet, elle est prise d’assaut par l’aberration et  le tâtonnement. Les récentes décisions prises par le premier ministre Ariel Henry par rapport à cette institution républicaine en témoigne.

Le 24 novembre 2021, par  un arrêté publié au journal officiel du pays, le Moniteur, le premier ministre Ariel Henry a imposé sa volonté au plus haut niveau politique de l’Etat haïtien désormais contrôlé par la primature. Le chef de la primature a, de manière autonome et unilatérale changé de cabinet. Ainsi, ses principaux opposants qui se font passer pour les revendicateurs de la justice pour l’ancien président Jovenel Moïse assassiné, surtout un certain Claude Moïse (ancien ministre des affaires étrangères), se sont vus substitués. 

Si cette manœuvre de faire un remaniement ministériel du premier ministre a suscité une vague d’interrogations tant au niveau politique qu’au niveau de la société civile, son intervention au niveau de la présidence pour changer de secrétaire générale a été pour le plus controversé. Ainsi face à cette problématique, une interrogation assez pertinente laisse la société haïtienne dans la parfaite désagrégation en termes d’opinion : quelle est la limite du pouvoir d’Ariel Henry ?

La politique du De facto

Le désaccord se faisait déjà sentir après la prétendue fin de mandat de l’ancien président Jovenel Moïse. Devait-il remettre la clef du palais le 7 février 2021 ou continuer jusqu’au 7 février de l’année suivante ? Malgré ce désaccord qui était d’ordre constitutionnel, le président « de facto » a pris des décisions de grande ampleur, dont le choix d’Ariel Henry comme premier ministre.

Le désaccord continuait à faire son chemin juste après la tragique mort de ce président autant décrié que mal aimé. Pourquoi ? Il s’agissait cette fois d’une question de prise en charge de la primature. Qui d’entre Claude Moïse (premier ministre en fonction à l’époque) et  Ariel Henry (ministre désigné par Jovenel Moïse) avait la prérogative d’être à la tête de la primature ? C’était une question qui a suscité un bras de fer on ne peut plus pressant entre les deux prétendants de la primature. 

Dans ce combat titanesque, Claude Moïse a jugé bon d’user de sa sagesse pour faire marche arrière et remettre la clef de cette institution hautement politique à son principal rival. Mais la problématique comme elle est encore aujourd’hui, demeurait intacte: le pouvoir politique en Haïti, dans son niveau exécutif, se trouvait face au gouffre de l’anti-constitutionnalité et de la politique du de facto.

La crise institutionnelle

S’il aurait une expression qui caractériserait au mieux la situation politique haïtienne aujourd’hui, elle ne serait rien d’autre que « crise institutionnelle ». En effet passant par un parlement dysfonctionnel pour arriver à une présidence aussi vide qu’obsolète, tous les indicateurs corroborent ce constat.  Entre temps le pays se trouve dans un niveau de  précarité extrême où les grandes décisions politiques, devant être prises à travers les plus grandes institutions politiques, devraient être des remèdes efficaces.

Mais l’incertitude se projette sur le pouvoir des acteurs au niveau institutionnel et cela constitue un grand problème. Dans un moment où les actions politiques sont importantes, il s’avère être problématique de se demander quels acteurs sont à même de les exécuter. Quelle est l’autorité politique et institutionnelle d’un acteur placée à prendre des décisions et à faire des actions qui y sont relatives ? Des membres de l’opposition ? Du gouvernement ? Du parlement proche de la caducité ? Il s’agit en tout cas de savoir qui est qui et qui peut faire quoi.

Ariel Henry, le chef suprême ?

Il est d’une évidence claire : le premier ministre Ariel Henry, au niveau du pouvoir politique en Haïti, se trouve au sommet de la pyramide. A ce titre il peut prendre des décisions qui peuvent susciter soit l’opposition, soit l’admiration. Mais jusqu’où son pouvoir est-il limité ? Peut-il prendre des décisions en rapport à certaines institutions telles que la présidence ?

Un long bras de fer se dessinait entre le chef de la primature et le secrétaire de la présidence, en l’occurrence Lyonnel Valbrun. Le premier ministre Ariel Henry voulait, parce que ce dernier ne répondait pas à sa volonté, le révoquer et le remplacer. Cette décision bien entendue, a radicalement provoqué l’opposition du secrétaire qui la qualifiait d’illégale

Mais Ariel Henry ne se contentait pas de vouloir qui, selon les dires des motivateurs personnels, est aussi le pouvoir. En effet, le docteur neurochirurgien a bel et bien révoqué au poste de secrétaire de la présidence M.  Valbrun pour le remplacer par un certain Josué Pierre-Louis, grand connaisseur de l’administration politico-publique, comme s’il s’agissait de remplacer un membre de son cabinet ministériel. Et évidemment cette mesure prise par le premier ministre suscite des débats sur son rôle, son statut et sa limite.

La question concernant le pouvoir d’Ariel Henry dans un pays où le vide institutionnel règne ne perd pas de son pertinence. Le docteur septuagénaire est-il aujourd’hui le maitre du jeu au niveau politique en Haïti ?

Jonas Reginaldy Y. DESROCHES

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