L’année 2022 prend la porte et laisse le système médical haïtien encore plus affaibli!
7 min readL’année 2022 touche à sa fin. Cette année a été particulièrement difficile pour le système de santé. En effet, au cours de ces derniers mois, l’accès aux soins de santé réguliers et même d’urgence a été des plus compliqués. Entre la pénurie réitérée du carburant et la crise sécuritaire et socio-politique, le système sanitaire national n’en est pas sorti indemne.
En Haïti, chaque jour, la situation devient de plus en plus difficile. Il en est de même sur le plan de la Santé publique. D’ailleurs, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et la Direction d’Épidémiologie, des Laboratoires et de la Recherche (DELR) ont alerté sur la présence de plusieurs épidémies sur le territoire durant cette année, notamment la Covid-19 ou encore le choléra. La population haïtienne a été frappée par ces dernières, de manière directe ou indirecte dans sa vie quotidienne. Malgré les efforts du MSPP, le système médical n’a pas pu répondre à l’ensemble des besoins de la population.
Le système médical haïtien aux abois face aux épidémies
À l’aube de l’année 2022, un vent d’espoir soufflait sur le pays, en dépit des déboires de l’année précédente à l’instar de l’assassinat de l’ancien Président de la République Jovenel Moïse. On essayait de se persuader de la disparition totale de la Covid-19 sur le sol haïtien. La population et les institutions ont un peu baissé la garde face aux mesures de précaution contre la Covid-19, durant l’année. Pourtant, les chiffres du MSPP et de la DELR prouvent que plusieurs cas de Covid-19, quoique minimes, ont été signalés de part et d’autre dans le pays.
Outre la pandémie du Covid-19, le virus provoquant le choléra a fait un grand retour sur le territoire haïtien. En effet, au début du quatrième trimestre de l’année, précisément le 2 octobre, le MSPP et la DELR ont alerté sur la présence du virus en Haïti. Alors que le pays est confronté à une crise environnementale, sanitaire et humanitaire de grande envergure, le choléra refait surface après environ quatre ans de disparition. Selon les instances concernées, les enfants en bas âge, surtout ceux qui souffrent de malnutrition et les personnes habitant dans les quartiers défavorisés où l’eau est insalubre sont les plus vulnérables face à l’épidémie.
La nécessité de traiter cette urgence s’est immédiatement fait sentir, mais les problèmes internes et externes auxquels est confronté le MSPP ont encore prouvé les faiblesses et les limites du système sanitaire haïtien. L’inquiétude était visible sur les visages. D’autant plus que les cas se sont multipliés très rapidement, car le Gouvernement n’était pas préparé à prendre en charge des personnes atteintes de choléra. D’ailleurs, quelques structures hospitalières qui fonctionnaient déjà difficilement ont dû transformer certains services en centres de choléra.
Beaucoup estiment que la gestion du choléra par le Gouvernement laisse à désirer. Les infrastructures médicales sont déficientes. La prise en charge des personnes atteintes est particulièrement compliquée. D’ailleurs, entre les mois d’octobre et de décembre, le MSPP et la DELR ont recensé 18 469 cas suspects, 1380 cas confirmés, 214 cas de décès institutionnels et 110 cas de décès communautaires. Notons, soit deux mois après la résurgence du choléra, que l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) a fait don à Haïti de 1,7 millions de doses de vaccins oraux le 12 décembre 2022. La campagne de vaccination a commencé le 18 décembre, notamment dans les zones les plus affectées.
Sur le plan environnemental, la population manque de tout. L’accès à l’eau potable, aux produits sanitaires et aux services publics sont d’autant plus difficiles dans les quartiers les plus vulnérables.
Au niveau structurel, le système sanitaire ne fait aucun progrès
Comme dans les années précédentes, les problèmes sociaux, économiques et politiques survenus dans le pays ont causé de sérieux problèmes au niveau du fonctionnement des structures hospitalières. Durant cette année, plusieurs hôpitaux ont été contraints à plusieurs reprises de fermer temporairement leurs portes. Certaines fois, cela rentrait dans le cadre de mouvements de protestations contre des injustices au sein du système médical ou encore de mouvements de solidarité à l’égard de personnels médicaux kidnappés et/ou assassinés par des gangs armés. En effet, ces personnels ne sont pas épargnés par le fléau de l’insécurité.
Le pays était déjà en sous-effectif hospitalier. Par ailleurs, à cause de l’insécurité, quelques hôpitaux et centres de santé ont été obligés de plier bagages dans des zones totalement contrôlées par des bandes armées, comme à la Croix-des-Bouquets. D’ailleurs, de nombreux personnels médicaux ont quitté le pays pour s’installer ailleurs. Les crises politiques et l’inflation, qui atteint le point culminant de 47.2%, selon la Banque de la République d’Haïti (BRH), constituent, entre autres, les facteurs qui ralentissent considérablement le progrès sur le long terme du système de santé haïtien.
Outre les problèmes cités plus haut, cette année, le véritable défi à relever était la pénurie de carburant. Maintes fois, la crise due à la pénurie des produits pétroliers sur le marché a gravement affecté les hôpitaux. L’électricité n’étant pas disponible en permanence, les hôpitaux sont obligés de fonctionner à l’aide de groupes électrogènes. Ainsi, sans électricité et sans carburant pour alimenter les groupes électrogènes, à peu près tous les services sont susceptibles d’être paralysés. Certaines institutions hospitalières ont été obligées de fermer ou de fonctionner seulement 2 ou 3 jours dans la semaine, ou encore de réduire considérablement les heures de services journaliers et de donner la priorité aux cas d’extrême urgence, en attendant la résolution de la crise.
Cependant, les maladies et les accidents ne donnent pas d’avertissement. Les cas d’urgence surviennent quotidiennement, surtout avec la montée de l’insécurité. Pourtant, la pénurie de carburant peut durer des mois. Ce sont donc des milliers de vies humaines qui sont en jeu. Toutefois, il est quasiment impossible pour les services d’urgences, de maternité, de chirurgie ou encore de pédiatrie de fonctionner dans ces conditions. Malgré les efforts des personnels médicaux pour donner des soins aux nécessiteux en temps de crise pétrolière, dès qu’un maillon lâche, toute la chaîne est impactée.
Quelques rares initiatives gouvernementales à la mi-décembre 2022
Le 15 décembre, à en croire la Primature de la République, le Premier Ministre, Dr Ariel Henry, a inauguré « des infrastructures et équipements du service des urgences, du bloc opératoire et du laboratoire rénovés de l’hôpital universitaire La Paix ». Dans son discours, M. Henry a indiqué que ces équipements et infrastructures « permettront de répondre à un besoin essentiel de notre système de santé dans la région métropolitaine ».
« Les épidémies, les catastrophes naturelles et anthropiques, les conflits, la violence urbaine, les accidents de la voie publique deviennent de plus en plus fréquents et affectent considérablement la capacité des systèmes de santé à réagir », admet le neurochirurgien.
Le 16 décembre, le PM a inauguré l’Unité médicale de l’OFATMA, à la Sonapi. « Le réaménagement de l’Unité médicale de la #Sonapi s’inscrit dans le cadre des dispositifs de protection sociale du gouvernement afin de mieux répondre aux besoins des ouvriers et de leurs dépendants », a fait savoir Ariel Henry.
En effet, ces quelques rares initiatives gouvernementales ne semblent représenter qu’une goutte d’eau dans un océan quand on sait que ce sont toutes les villes du pays qui sont en manque d’infrastructures et d’équipements.
Des leçons à tirer
Comme dans les années précédentes, il reste encore d’énormes efforts à fournir du côté des institutions publiques pour régulariser et améliorer le système de santé. Aucune société ne peut rester en vie, ni garder une bonne hygiène de vie et encore moins avoir une bonne espérance de vie si son système médical est faible. Il est donc impératif que le Gouvernement tire des leçons des erreurs passées pour mieux se projeter dans les années à venir. Il doit se souvenir que la santé est le bien le plus précieux.
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis
pleyla78@gmail.com
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